ITW Ludovic Riehl : « J'ai vraiment envie de gagner un bracelet WSOP »
Interview exclusive du Team Pro Winamax Ludovic Riehl qui revient sur ses récentes bonnes performances et fixe ses nouveaux objectifs.
Auteur de la meilleure saison de sa carrière en live, Ludovic Riehl revient en exclu pour LivePoker sur ses performances sur le circuit de l'EPT, lors des WSOP, sur sa progression au sein du Team Winamax et sur ses ambitions.
Avant 2014, tu n'avais jamais atteint les places payées d'un Main Event de l'EPT. Cette année tu en obtiens trois, c'est forcément une satisfaction ...
Oui, je suis content car je fais une troisième place payée consécutive sur un EPT après Vienne et San Remo. C'est une satisfaction, ça montre une certaine régularité. De plus, à San Remo je suis allé assez loin (ndlr. 17e, 22.575 €) alors que les années précédentes deux fois sur trois j'avais sauté lors des Days 1. Après, c'est dommage parce que Barcelone était un très beau tournoi et je pense que j'aurais pu faire mieux. J'ai commis quelques erreurs, j'ai un peu de regrets mais ça reste tout de même positif et encourageant pour la suite.
C'est d'autant plus encourageant que le Main Event de Barcelone a attiré un field important (1496 joueurs) et que le chemin vers les places payées était long. Est-ce un format de jeu qui te convient ?
Le field était gros à Barcelone, c'est vrai, mais il y avait pas mal de joueurs... pas super bons. C'était un beau tournoi, avec un beau field mais également de nombreux joueurs amateurs. Maintenant, j'aime bien ces fields, quand il y a plus de 1000 joueurs, parce qu'il y a différents stades dans la compétition. Quand on se rapproche de la bulle, beaucoup de joueurs n'ont pas envie de sauter. C'est différent d'un tournoi où tu te retrouves à 40 left avec la bulle à 30 joueurs. Là les mecs vont prendre plus de risques pour jouer la gagne alors que ce n'est pas le cas à 300 joueurs restants si la bulle est à 250 joueurs (239 joueurs ont été payés lors de l'EPT Barcelone).
« C'est mon premier bon Vegas »
D'ailleurs lors des WSOP, tu t'es également illustré sur le Monster Stack (46e, 26.534 $) qui réunissait près de 8000 joueurs ...
C'est la première année où j'ai l'impression de faire un bon Vegas. Je deep-run le Monster Stack. D'ailleurs, c'est marrant car ce tournoi je l'ai commencé en sentant que je pouvais faire quelque chose. Je sais que je gère bien ces gros fields maintenant et je me disais qu'à la fin de Vegas beaucoup de joueurs sont cagoulés et ont fait la fête la veille, même les pros ! Alors quand ils voient qu'il y a 8000 joueurs, ils vont gambler, jouer high variance ... De mon côté, j'ai réussi à rester rigoureux, à bien sélectionner mes spots et à ne pas prendre trop de risques. En fait, je n'ai fait que monter des jetons en profitant des tables faibles et de ma réussite. Au Day 3, j'ai vraiment commencé à kiffer, à 200 joueurs restants, quand je regardais le field je me disais que j'étais un des meilleurs joueurs et donc j'ai commencé à y croire ... C'est mon meilleur souvenir de Vegas même si ça demeure décevant car je ne suis pas loin de faire un gros truc.
Toujours à Vegas, tu remportes le deuxième tournoi de ta carrière live, un 600 $ au Venetian. Accordes-tu de l'importance à cette performance ?
Il n'y avait que 170 joueurs mais je suis content de ce tournoi-là car la veille j'avais sauté au dernier niveau d'un 1500 $ des WSOP, un samedi à 2 heures du matin, où je perds les As contre AK et JJ pour un pot qui faisait trois fois la moyenne à 300 left. Alors je suis rentré, j'étais frustré et là, peut-être que l'année dernière je serais sorti mais dimanche je me suis dit : "Allez, je gagne un tournoi". Finalement lors du 600 $ du Venetian, j'ai monté des jetons assez vite. Je suis content de ma façon de jouer jusqu'à 4-5 joueurs restants.
« Je suis plus patient et rigoureux »
Tes résultats cette saison contrastent avec une année 2013 délicate, malgré ta victoire lors du High Roller du WiPT. Qu'as-tu changé pour arriver à ton niveau d'aujourd'hui ?
L'an dernier j'ai fait le bilan de l'année et ce n'était pas bon autant en live que online. J'ai commencé à travailler avec un coach mental en début d'année. Aujourd'hui je fais les choses différemment. Par exemple, je gère mieux le temps en EPT. Je me suis rendu compte que pendant les EPT je perdais beaucoup trop de jetons au début en rentrant dans des coups marginaux.
Je suis également plus attentif aux détails, je note beaucoup plus les mains que je joue. J'avais l'impression de jouer de façon trop stéréotypée et aujourd'hui ça ne suffit plus car le niveau moyen est meilleur. En live, on a plus de temps pour réfléchir et prendre ses décisions alors dès le préflop, j'anticipe tout ce qui peut se passer. J'ai l'impression d'être plus précis dans mes décisions.
Désormais je suis beaucoup plus patient et rigoureux, je choisis mieux mes spots. Aujourd'hui si au début du Day 2 je suis à 20BB, je ne panique pas. Je sais qu'on peut tenir très longtemps avec 18-20BB.
Attribues-tu cette rigueur et cette sérénité à ton travail de coaching mental ?
Le coaching mental m'a aidé à clarifier ce que je voulais faire. En début d'année, l'objectif était d'être prêt pour Vegas et je me suis dit que je ferai un premier bilan après. Du coup, je me suis mis moins de pression qu'auparavant où lors de chaque tournoi je voulais absolument faire une perf'. Je me suis juste dit que j'étais dans une phase de progression et ça m'a aidé à être plus serein et à mieux assumer mes décisions. Après, c'est un ensemble de détails, avant les tournois je me prépare mieux aussi. Par exemple, j'ai beaucoup de mal à me coucher le soir mais je me force à aller au lit avant 4 heures du matin, histoire de ne pas être totalement décalé au début des tournois. Et j'ai aussi plus de réussite que l'année dernière, c'est évident.
Côté online, comme tu l'écrivais dans ton blog en février, l'année 2013 fut compliquée, comment as-tu abordé 2014 ?
Je réalise que c'est difficile de garder une certaine régularité
quand tu pars faire du live pendant deux semaines et ensuite tu reviens
jouer online, etc. En 2013, j'étais à peine gagnant sur Winamax (ndlr : +212 €). Je sentais que je n'étais pas bon et ça me dérangeait car je viens du online. Cette année, sur internet j'ai joué moins de tables, dans l'idée de prendre mon temps et de progresser car je considère que le online est un terrain d'entraînement pour le live. J'ai fait des tournois moins chers où j'ai pu tenter des choses et gagner en confiance. Même si je n'ai pas des résultats incroyables cette année, je pense que ma façon de jouer est meilleure.
Quels sont tes objectifs pour cette fin d'année 2014 ?
Clairement, l'objectif à moyen-long terme ce sont les WSOP. J'ai vraiment envie de gagner un bracelet. A Vegas, tu enchaines les tournois pendant 30 jours, c'est possible de jouer 15-20 tournois donc le but c'est d'en gagner un. Les EPT c'est difficile de se dire : "Il reste deux EPT d'ici la fin de l'année, je vais en gagner un ..." Aujourd'hui, j'ai beaucoup plus confiance dans le fait que je puisse gagner un gros tournoi qu'en fin d'année dernière. Je vois les résultats du travail effectué et maintenant je sais que je peux aller loin et qu'il ne me manque pas grand-chose.
Propos recueillis par Maxime Joly
Photo : Winamax