ElkY : « Comment je me suis fait sortir de l’EPT Barcelone par Boris Becker »
Le champion français raconte comment il s’est fait piéger par l’ancien tennisman.
Dans les colonnes de Paris-Match, Bertrand « ElkY » Grospellier est revenu sur les circonstances de son élimination lors de l'EPT Barcelone en août dernier. Une sortie causée par l’un des people du poker, son coéquipier chez PokerStars et membre de la Team Sports Stars Boris Becker. Récit :
« Le jeu démarre lentement, se souvient ElkY. Les joueurs amateurs s’observent et certains semblent intimidés par la présence de Boris, plus que par la mienne. Pourtant, le pro à la table, c’est moi, ElkY ! Mais la star, c’est lui. »
ElkY observe tout
Le leader du classement LivePoker explique ensuite comment il a appréhendé le jeu de son adversaire : « A la reprise, Boris retire blouson de cuir et lunettes noires, mais il conserve sa casquette et une part de mystère. A 43 ans, il affiche un physique impeccable, condition sine qua non pour rester concentré une dizaine d’heures d’affilée. J’observe de près la manière dont il mise, la façon dont il jette ses jetons, qu’il empile dix par dix sur la feutrine. Il affiche beaucoup de confiance dans son jeu et ne se laisse jamais distraire contrairement à la plupart des people qu’il m’arrive d’affronter. J’analyse ses mains lorsqu’il est contraint de les dévoiler et je me dis qu’il va falloir se méfier. »
« Il m'a entrainé dans ses filets »
Enfin, ElkY raconte la main fatidique : « A notre table, un Russe lance une grosse offensive. Avec une paire de valets en main, je décide de suivre. A ma gauche, Boris suit à son tour… sans relancer. Difficile, dans ces conditions, de se faire une idée précise sur la valeur de son jeu. La révélation du flop me met en confiance. Le 7, le 2 et le 4 sortent. Je dispose d’une paire supérieure à ces trois cartes anodines. Jusqu’à présent, mon voisin avait joué serré et là, Boum-Boum se met à attaquer. Je sens poindre en lui le compétiteur rompu à la pression. Conscient de son ascendant, il fixe le Russe... qui se couche. »
« Pour ma part, je préfère ne pas relancer et me contente de suivre avant le turn. Le 6 apparaît. C’est le moment choisi par Boris pour faire sensation. « All-in » annonce-t-il, devant l’assemblée médusée. Je me retrouve dos au mur sans autre choix que de suivre. Becker m’a entraîné dans ses filets. Il dévoile une paire de 7, devenue brelan grâce au flop. La rivière (un 5) ne donne rien. Je suis éliminé. Je me lève. Il me serre la main. Il ne manifeste rien, mais je ressens son immense fierté. Le meilleur stratège l’a emporté. »
Ou comment le meilleur joueur de tournoi du monde peut se faire piéger par un amateur plus expérimenté qu'on pourrait l'imaginer...