Yoni Houri : « Me lever à  7h du matin m’aide à  garder les pieds sur terre »

 
Yoni Houri, ancien regular du cercle Wagram, commence à enchaîner les résultats sur le circuit live. Chef d’entreprise à 30 ans, le joueur Parisien possède une grande confiance en lui mais garde la tête sur les épaules. Entretien.

Bonjour Yoni, peux-tu te présenter et revenir sur ton parcours dans le poker depuis tes débuts ?

J’ai commencé le poker pour m’amuser il y a cinq ans au Cercle Wagram. Je jouais petit au départ, sur les tables à 30 euros. J’ai commencé à m’intéresser aux tournois avec les sats à 30 euros, qui permettaient de passer à 300 € puis aux tournois à 3000 €. En un mois, j’ai gagné trois tickets et je les ai joués. J’ai même fait une table finale avec Elky, il n’était pas très connu à l’époque ! J’ai fini 8ème et pris 10.000 euros. Je me suis donc lancé dans le poker amateur, je faisais un tournoi par mois au buy-in de 500 ou 1000 €, en étant stacké. J’étais un régulier du Cercle Wagram, j’y étais tous les jours. 

A la fermeture de Wagram, je me suis rabattu sur l’ACF mais ça me plaisait pas trop même si j’ai fait quelques résultats. Je me suis payé beaucoup de choses avec mes gains, notamment une partie de mon appartement. L’argent que je gagnais était consacré au plaisir, ce n’était pas une bankroll ! Ça fait réellement un an que je me considère comme un semi-professionnel, même si j’ai une entreprise que j’ai créée en 2007 dans la papeterie. Je suis aussi passé par le online. J’ai 30 ans aujourd’hui. Ça fait un an et demi que je suis à fond sur les tournois; depuis octobre 2010 j’en suis à plus de 100.000 € de gains. 

Parviens-tu à gérer ton statut de chef d’entreprise et ta carrière au poker ?

J’ai trois potes qui ont complètement lâché le boulot pour le poker mais tous se sont plantés. Je pense que le poker c’est bien, mais il faut avoir quelque chose à côté, pour avoir un équilibre. Dans mon cas, le travail m’aide beaucoup au poker. Me lever à 7h le matin m’aide à garder les pieds sur terre. Moi j’en ai besoin, pour ne pas jouer scared money. Je pense que c’est important. Certains se mettent à gagner beaucoup et n’ont aucune valeur de l’argent. Les trois quarts des joueurs ne travaillent pas...

Quel bilan tires-tu de ton année 2011 ?

C’est magnifique, j’ai fait 90% d’ITM. J’ai gagné le 500 € Shootout à l’ACF en juin, j’ai fait plusieurs TF au regretté 1000 € de Wagram...

« Je tombe à chaque fois sur des tables faciles »

Quel est le secret de ta régularité ?

J’ai de la chance, je tombe à chaque fois sur des tables faciles où sur 10 joueurs, sept ne comprennent pas grand-chose dans le sens où ils sont passifs. C'était notamment le cas à Wagram, alors qu’à l’ACF le niveau est au-dessus. Ça devient facile car je suis un joueur assez aggro. J’ai aussi un petit peu de chance. Et j’ai presque envie de te dire mon talent… Quand j’étais à Wagram, j’étais quand même un pilier, j’avais une réputation.

Te définis-tu plus comme un joueur de tournoi ?

Moi je suis un joueur de tournoi à 100%. Le cash, je ne supporte pas et je ne pense pas avoir le niveau, surtout que je ne joue que des grosses tables. 

Quels sont tes derniers résultats online ?

Je joue online quand j’ai le temps car j’ai une activité professionnelle. Je joue 5-6 tournois par mois depuis cinq ans et demi.

Quelles sont tes sources de progression pour ton jeu ?

Je suis un très bon ami de Basil Yaiche (Teampro EurosportPoker), j’ai beaucoup appris avec lui. Je parle aussi beaucoup avec David Jaoui, Idriss Ambraisse, Ilan Boujenah, je progresse avec eux. Je dois encore m’améliorer sur les tournois qui durent plus de trois jours, car au bout de deux trois jours, je commence à être fatigué psychologiquement.

« Les livetards restent les livetards ! »

Que penses-tu du niveau global des Français en tournoi ? As-tu des modèles ?

Le niveau est bien meilleur, mais les livetards restent toujours des livetards ! Le niveau est très bon, notamment chez les jeunes entre 20 et 30 ans. Mes modèles sont Ilan Boujenah en France. Au niveau international, je regarde beaucoup de vidéos avec Phil Ivey…

Tu as remporté ton premier tournoi supérieur à 500 € lors des ACF Summer Series en juin. Cette première victoire change t-elle quelque chose dans ton approche du poker ?

Maintenant, je suis très très motivé pour jouer des tournois à fort buy-in. J’en ai besoin pour ma motivation. Sinon je me relâche dans les tournois aux buys-in moins importants. Je vise plutôt des tables finales que l’entrée dans l’argent, récupérer mon investissement ne m’intéresse pas.

Quelle est la performance dont tu es le plus fier ?

C’est celle de Valence (Unibet Open en 2010, photo) où il y avait 490 joueurs et un buy-in de 1650 €. Je termine 6ème, il y avait une table télévisée, tous les Français étaient derrière moi…

« Intégrer le Top 10 du classement LivePoker »

Tu es 13ème au classement LivePoker. As-tu des objectifs à ce niveau?

Je suis très intéressé par le classement. Ça me motive. Je fais beaucoup de tournois car j’aime la compétition, c’est ce qui m’attire par rapport au cash-game. Je compte bien intégrer le top 10 du classement référence.

As-tu des contacts pour un éventuel sponsoring ?

A l’EPT Deauville, j’avais eu un entretien d’une heure avec des représentants de Sajoo. J’avais fait deux TF dans les Sides à 1000 € en Omaha, et ils cherchaient à monter une deuxième Team en plus de la Team Pro. Trouver un sponsor, c’est un objectif mais je n’en fait pas une priorité absolue, je gagne très bien ma vie.

Le circuit live ne te coûte-il pas trop cher ?

Vu que je suis gagnant depuis le début, j’ai pris pas mal d’argent donc ça va. Et je me fais tout le temps stacker sur les gros tournois, c’est par exemple Basou (Basil Yaiche, ndlr) qui m’a stacké à Deauville. 

Quel est ton programme à venir ?

Mon objectif est de faire un gros truc en tournoi. Je suis en mode « faire des gros tournois », je compte jouer l’EPT Barcelone, le WPT Paris, toujours stacké, et je me suis qualifié pour les WSOP-Europe : je vais faire les deux tournois à 10.000 €, le 5000 € Omaha Triple Chance et je compte bien perfer dans le Main Event ! 


Propos recueillis par Maxime Arnou