La folie des grinders : Portrait d'Anthony 'nartoof' Hnatow

Depuis peu, cette nouvelle génération de "shark online" prend le pouvoir face aux générations live. Un coup d'oeil donc sur ces jeunes prodiges affamés du poker. Qui sont-ils, combien gagent-ils, ont-ils d’autres activités hors poker, Anthony Hnatow se dévoile.
Chaque mois, découvrez le portrait d'un nouveau joueur online qui fait l'actualité du poker. Cette semaine, découvrez le parcours d'Anthony Hnatov, récent finaliste de l'EPT Deauville.


Un portrait proposé par Livepoker.

Génération online

LivePoker : A quel âge as-tu commencé le poker, et quel l’aspect du poker t’as le plus attiré à tes débuts ?

Anthony Hnatow : J’ai commencé le poker à 19 ans, il y a 3 ans maintenant. J’ai appris les règles un soir lors d’un SNG organisé entre copains et j’ai tout de suite accroché. J’ai tout de suite senti qu’il y avait un côté mathématique dans ce jeu et ca m’attirait, en plus j’ai toujours été fan de jeux de cartes, et en tant qu’étudiant, en manque d’argent.

LP : Comment as-tu recherché à progresser à tes débuts ?

AH : J’avais la chance d’avoir un ami qui jouait déjà au poker de manière régulière, je l’ai beaucoup questionné au début sur les bases de ce jeu. Puis j’ai cherché a approfondir le sujet en lisant des livres, fréquentant régulièrement des forums et surtout en regardant des vidéos d’autres sharks. Et puis, la meilleure façon de progresser au poker reste la remise en question perpétuelle de son jeu en discutant régulièrement avec des personnes du même niveau, ce que j’essaye de faire le plus souvent possible.

LP : Peux-tu nous raconter à quelle vitesse as-tu gravis les échelons online, et sur quelles rooms as-tu fais tes débuts ?

AH : J’ai commencé par déposer 20$ sur Everest Poker, sous le pseudo de « nartoof », pour me tester en NL2, seul le cash game m’attirait, j’aimais l’idée de jouer de l’argent directement et cette variante est la plus technique. J’ai mis environ une année à m’installer jusqu’en NL200 en ayant toujours un bankroll management très nit. Les deux années qui ont suivies, a part 6 mois de pause poker, je suis resté entre la NL200 et la NL400 que je considère comme ma zone de confort. Depuis le passage au .fr, je me suis installé sur d’autres rooms dont Eurosport Poker, et mon bilan en CG est d’environ 200K$ pendant ces trois années.

LP : On te sait habile en tournoi MTT, mais joues-tu également en cash game, et si oui, en quelles limites ?  Combien d’heure par semaine ?

AH : Je joue en NL200/NL400, entre 20 et 25h par semaine.

LP : En quoi le passage du .com au .fr a changé ta façon de jouer ?

AH : Le passage du .com au .fr équivaut à un bond de quelques années en arrière dans le niveau des adversaires à la table. Le niveau affiché aux tables étant plus faible, les ajustements à faire ne sont pas forcément difficile. J’essaye quand c’est possible d’ouvrir un maximum de tables, quitte à avoir un jeu plus robotisé, mais sinon mon jeu n’a pas forcément changé.

LP : Etre étudiant engrange forcément de devoir gérer son temps entre poker et études, comment concilies-tu les deux ?

AH : C’est vrai que concilier les deux n’est pas toujours facile. Le plus dur à ce jour est de garder la motivation pour continuer à aller en cours tout en sachant que le diplôme obtenu ne sera pas forcément utile plus tard. Mais par sécurité, il faut concilier les deux et je m’efforce de continuer à aller en cours pour obtenir mon diplôme.

LP : Quelle qualité indispensable à un bon joueur penses-tu avoir ?

AH : Je pense qu’une de mes forces au poker vient du fait que je suis très peu sujet au tilt. Dès le début, j’ai pris conscience de la variance du poker et j’ai toujours respecté cet aspect du jeu. A ce jour, quand le contenu disponible pour comprendre ce jeu est si large, beaucoup de joueurs ont un niveau technique qui réduit considérablement l’edge à la table. Pour un même niveau technique, le gain horaire varie considérablement entre un joueur qui tilt et un joueur qui ne tilt pas.

Et le live dans tout ça ?
LP : Tu as récemment gagné le contrat de sponsoring EurosportPoker et la Pro Factory. Tu as pu participer à ce titre à tes premiers tournois live, et notamment l’EPT Deauville ou tu termines à la 7e place.  Par la suite, tu as terminé 3e sur 183 dans le 1k des EFOP, quelles sont tes premières impressions de live suite à ces résultats ?

AH : C’est une énorme satisfaction puisque je ne m’attendais pas à perfer dès mes premières participations à des gros évènements du circuit live. Le sponsoring était déjà pour moi une grosse opportunité, et je suis à ce jour content d’avoir prouvé que j’étais capable de perfer sur le circuit live. Mais à côté de ca, je reste conscient que cette perf ne vaudra rien si elle n’est pas accompagnée d’autres qui suivent, je reste donc assez réaliste par rapport à tout ca.

LP : As-tu ressenti la réelle importance de l’ « esprit Team » lors de ton passage à Deauville par exemple ?

AH : Bien sûr. J’ai toujours eu la chance de ne jamais être vraiment seul à jouer depuis que j’ai découvert le poker, et dès le début j’ai compris que le fait d’être à plusieurs permet de progresser plus vite. A Deauville, c’était différent puisque c’était avec la Team Eurosport que je faisais le déplacement. Cela dit, les avantages ont été les mêmes puisque quelques discussions techniques m’ont permises de savoir comment aborder ce tournoi, et puis surtout les conseils que j’ai pu recevoir m’ont permis d’accumuler tout au long du tournoi une réelle confiance en mon jeu.

LP : Quels sont les prochains tournois auxquels tu comptes participer ? Et vas-tu rechercher à jouer moins online au profit du live ?

AH : A court terme, le prochain tournoi sera le Main Event de Wagram le 26 février prochain. Sinon, étant donné que je vais encore faire parti de la Pro Factory pour le round 2, le prochain gros tournoi live est l’EPT Berlin début Mars prochain.
A côté de ca, je suis conscient que la technique de mon poker provient du online, et ce serait un grosse erreur de délaisser le online au profit du live. Je vais donc continuer à grind online pour optimiser mon jeu et faire fructifier ma bankroll pour pouvoir vivre du poker.

LP : Quels sont tes objectifs poker pour 2011 ?

AH : Je n’aime pas me fixer des objectifs au poker, car au poker ca ne se passe jamais comme on le prévoit à l’avance. Cela dit, en fin d’année 2010 je m’étais dit qu’un bon objectif serait de m’installer sur le circuit live afin de pouvoir faire une grosse perf puis éventuellement décrocher un contrat de sponsoring. Même si ca ne s’est pas fait dans le même ordre, on pourrait dire que j’ai déjà réalisé tous mes objectifs pour 2011…Mais maintenant, l’objectif principal va être de rester le plus longtemps possible dans la pro factory pour pouvoir conserver ma place sur le circuit live.

LP : Quel est ton plus grand rêve ? 
AH : En tant que joueur de poker, il n’y a rien de plus beau que de gagner le Main Event des WSOP à Vegas. Même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, faire un beau parcours dans ce tournoi serait une aventure exceptionnelle.



Propos recueillis par Elaine Bulteau