Des nouvelles de... Eric Koskas
Ce joueur atypique, absent du circuit depuis maintenant deux ans, nous explique les raisons de son retrait des tapis verts.
« Please, call me Dario ! Maybe you have three outs on river. It’s a good deal for you. Show me your Ace Jack, Dario. If you show me both card, I show you one card. I’m crazy, but I’m not stupid. »
Ce flot de paroles vous rappelle quelque chose ? Si ce n’est pas le cas, vous avez raté un grand moment de poker. Ce trashtalk est l’œuvre d’Eric Koskas face à Dario Minieri lors de la finale de l’EPT San Remo 2008, un tournoi qui a révélé le Français aux yeux du grand public. L’apparition d’un joueur atypique au style de jeu guidé par l’instinct et doté d’une belle lecture, puisque Dario avait effectivement As-Valet sur le coup… « Tout le monde me prenait pour un fou », rigole aujourd’hui Eric.
« J’ai lancé la carrière de Jason Mercier ! »
Une épreuve achevée à la 4ème place pour un gain de 223.600 € sur un énième bluff, après un hero call du jeune Jason Mercier : futur vainqueur du tournoi et future star du jeu, l’Américain ne comptait alors aucune place payée sur le circuit live. « J’ai lancé sa carrière ! plaisante Eric. Aujourd’hui encore, tout le monde me parle de ce tournoi. J’ai encore plein de demandes d’amis sur Facebook, des gens qui m’envoient des petits mots gentils. J’ai fait la bonne finale au bon moment, ça a marqué les esprits. »
Mais depuis ce tournoi, c’est peut dire que l’ancien joueur sponsorisé par Winamax, débarqué sur le circuit en 2005, a disparu des fiches de résultats et autres classements officiels : Eric n’a ensuite réussi qu’une autre petite place payée sur le circuit en 2008 (même s’il a remporté cette année-là un Winner Take All à 5200 $ sur PokerStars.com devant les meilleurs mondiaux), avant de s’évanouir. « J’ai signé un contrat de deux ans et demi avec Winamax pendant l’EPT San Remo, où j’étais resté dans les deux premiers au chipcount durant cinq jours. PokerStars m’avait aussi sollicité à l’époque. Mais j’ai arrêté en décembre 2009, après un an et demi. De plus, j’ai un peu perdu la folie de mon jeu pendant ce contrat…»
Un contrat pro cassé volontairement
Eric est donc sans doute le seul joueur français du circuit à avoir cassé un contrat de joueur pro avec une room, « le Real Madrid des joueurs de poker », selon ses propres termes. Les rumeurs prétendaient alors qu’il était broke après une année blanche en 2009, mais Eric explique qu’il a dit stop pour d’autres raisons : « Je n’ai jamais été broke de ma vie au poker, pour la simple raison que je n’ai jamais eu de bankroll ! J’ai été « broke de la vie » car j’ai eu des soucis financiers dans mes affaires, mais jamais au poker. Mon deuxième enfant est né en 2009. De plus, j’avais un autre métier à coté dans la pharmacie, qui me prenait beaucoup de temps, même si le poker était plutôt un atout. J’étais le rédacteur d’un cahier des charges pour une nouvelle loi concernant la pharmacie en maison de retraite. Et il ne faut pas penser à autre chose quand tu joues… »
Après sa rupture avec Winamax, l’opérateur lui a demandé de ne pas signer pour une autre room durant deux ans. Aujourd’hui, Eric, qui a ensuite joué deux tournois sous les couleurs de PokerLeaders, affirme qu’il n’avait « aucun regret sur le moment ».
« L’environnement du poker me manque »
Alors qu’il a gardé contact avec quelques pros du milieu, comme Anthony Lellouche, « Moumouth » explique qu’il se voit mal revenir sur le circuit. Même s’il a toujours suivi l’actu du poker et l’évolution du jeu en jouant parfois sur PokerStars… « A l’époque, j’étais une des têtes de gondole de ma Team. J’avais notamment le rôle de parrain des différents clubs affiliés, et j’appréciais les opérations de partenariat sans enjeu, où les gens étaient là pour la passion du jeu... Mais je n’ai jamais été en quête de sponsor, et aujourd’hui je ne me vois pas taper à la porte des rooms. En cas de proposition… J’’ai le temps, l’envie et le mental. L’environnement du poker me manque… »
Eric, qui a toujours considéré le poker comme des « vacances », ne veut en effet pas redémarrer sans sponsor, même s’il est prêt à repartir de zéro par goût de la compétition. Quatre ans après ses derniers exploits, Eric Koskas semble en tout cas prêt pour un come back… de folie, bien sûr.
M.A
Photo : winamax.fr