Julien Martini : il y a des voies inexplorées pour progresser encore !
Interview exclusive du nouveau triple champion du monde, encore sur un nuage après ses deux bracelets consécutifs...
Bonjour Julien, comment on se sent à l’instant de remporter un deuxième bracelet en trois jours ?
Incroyablement bien et même vraiment ému, surtout que le 8-game c’est un tournoi qui comptait pour moi, je me suis vraiment concentré sur les variantes ces dernières années et j’adore les jouer tout comme j’adore l’idée d’être un joueur complet. Des sensations d’autant plus fortes que j’étais déçu de ne pas avoir brillé à Vegas
Quel a été le moment le plus intense lors de ces deux tournois à la parfaite conclusion ?
En réalité ce sont deux moments liés entre eux dans le 8-Game. Le premier c’est quand je perds un pot énorme contre Ole Schemion à 5 left, je sais que Ole c’est vraiment un joueur injouable quand il est confiance et du coup je me dis que ça va être plus compliqué, malgré tout j’arrive à rester dans le game jusqu’au heads-up pour lui faire un hero call avec une paire de valets sur un board compliqué avec notamment un as. Mais en le fixant j’ai décelé de la crainte et j’ai call. Avoir eu raison contre ce joueur, à cet instant dans ce duel, c’était vraiment intense
Tu décroches deux bracelets à Rozvadov après des WSOP Vegas en demi-teinte, inévitable variance ou réelle différence de niveau entre les vrais World Series et les Europe ?
Les deux, il y a une différence de niveau c’est indéniable car dans un 50K à Vegas, il y a le gratin du poker mondial ce qui n’est pas le cas à Rozvadov, mais il y aussi la variance. Je me sentais en totale confiance à Vegas et j’étais sûr que je finirais par gagner un bracelet cette année ou une autre, ce qui est arrivé, et pourtant à Vegas je n’ai pas eu de résultats. Je reviens sur le niveau qui est vraiment plus faible, notamment dans le short deck - une variante très peu jouée en Europe - sauf en finale où ça jouait bien. Dans le 8-game le niveau était plus relevé, car il y avait beaucoup de spécialistes des mixed games habitués à jouer dans les pays baltes ou scandinaves.
Tu n’es pas passé loin d’un 4e bracelet dans le 10K 6-handed ou à minima d’une nouvelle finale, c’est l’euphorie ?
Oui surtout que je débute le day 2 chipleader, avant de connaitre un jour sans et d’être à deux doigts de bust avant l’argent. Et j’ajouterai que je suis bien parti dans le Main Event. Mais c’est le poker, la variance est toujours présente et la confiance un élément essentiel.
Les Français n’arrêtent pas de briller, comment tu expliques cela ?
Les joueurs français ont énormément progressé, ils travaillent beaucoup, et font preuve de réelles compétences en matière de psychologie et plus encore d’empathie. Pour moi, c’est aujourd’hui la meilleure nation dans les fields de type Main Event. Pour les 50K, il n’y a pas encore de Français réellement au niveau des meilleurs, qui sont vraiment très forts, notamment en matière de technique. Mais pour le reste, la France est aujourd’hui au top !
Question subsidiaire sur un autre sujet, que t’inspirent les résultats de Michael Addamo ?
C’est impressionnant, mais ça fait trois ans que je sais qu’il est hors-norme. La première fois que j’ai joué contre lui, je me suis dis que ce type avait une aura unique, un peu comme Ivey en son époque. Une aura et un jeu incroyables ! Il y a trois ou quatre ans, on entendait que le poker était un jeu résolu, que les jeunes joueurs avec le GTO étaient imbattables, et puis arrive cet Australien qui surclasse tout le monde. C’est exceptionnel et surtout très inspirant pour moi car cela signifie qu’il y a des voies inexplorées pour progresser encore !