STRATÉGIE : Élever un enfant, l'atout poker majeur
Devenir père, élever un enfant seul ou simplement répondre à ses attentes d’enfant semble incompatible avec le fait de jouer au poker tant ces deux casquettes demandent implication et investissement à la fois personnel et temporel. Pourtant, ne vous y trompez pas. Si vous y prêtez attention, vous vous rendrez compte que votre enfant est porteur de leçons à partager et qu’il pourrait même constituer un trésor en termes de ressources à acquérir et développer. Ne trainez pas des pieds. Elever un enfant peut devenir un atout majeur pour améliorer votre poker. Si, si !
Vous venez de lui demander de se mettre en pyjama et il se met à courir tout nu autour de la table basse du salon ? Bien sûr, vous êtes exaspéré parce qu’il a passé sa journée à vous tirer par la manche et, dans l’espoir de pouvoir grinder quelques heures seulement, vous avez fini par vous laisser convaincre que monter des châteaux en légos entre Buzz l’éclair et Spiderman était le plus sûr moyen d’y parvenir.
21h00. Lui, il est en super forme pour l’histoire du soir alors que vous n’avez en tête que votre entrée late reg qui vous met sérieusement en danger sur le tournoi qui pourrait vous faire décoller pour Végas… Mais l’histoire sera le passage obligé si vous ne voulez pas que votre chérubin fasse chuter davantage votre retour sur investissement. Juste 5 minutes pour sauver quelques blinds ; c’est parti…
1. Votre enfant porteur de votre équilibre de joueur
Jouer au poker, travailler son poker, parler poker, penser poker, dormir, boire et manger poker, respirer poker… A quel endroit positionner l’enfant là-dedans ?
Il est vraiment mignon, vous l’aimez de tout votre cœur et ne voudriez l’échanger contre rien au monde… quoi que, parfois… contre un bon buy-in… pour le High Roller… Nan, vous n’avez jamais songé à cela, bien évidemment... hein… !
Bon, pour l’heure, vous préparez les WSOP et pour mettre toutes les chances (heu… pardon, les compétences) de votre côté, il vous est impératif de suivre à la lettre le programme intensif que vous vous êtes concocté. Seulement, vous avez oublié un détail qui n’en est pas un : vous avez un bébé, un fils, une fille et si vous tentez de le/la mettre en pot ou sous cloche, je ne suis pas sûre que sa maman appréciera… Voyez avec elle ; vous pouvez toujours tenter ce coup, mais attention, dans le cas où vous ne remporteriez pas de bracelet, vous pourriez bien ne pas marquer de points non plus…
Comment parvenir alors à se préparer assidûment tout en restant le bon père de famille que vous êtes ? Et si accorder du temps à votre enfant et prendre soin de lui constituait cette expérience incroyable qui vous permettra de prendre du recul par rapport à votre jeu ? Véhiculer des valeurs morales, transmettre de l’amour, c’est propager du positif. Ce qui est bon pour votre couple et votre enfant est aussi bon pour votre état d’esprit et ne saurait qu’être bénéfique à votre sérénité, votre lucidité et votre dynamisme.
2. Votre enfant sollicite vos valeurs de joueur
Il est tout petit, mais il sait déjà que plus tard, il fera… « comme Papa ». Et que fait Papa ? Il joue au poker. Ah ! il dit des gros mots aussi quand il perd ? Comment ça ? Il passe plus de temps avec son écran d’ordinateur, sa tablette et son téléphone qu’à passer quelques minutes à jouer, danser, chanter, faire des câlins ? Comment ça ? Il mange des trucs à rendre malade Clancy Wiggum, chef de police paresseux et obèse qui ne se nourrit que de donuts et boit beaucoup de café ? Quoi ? Il ne mange pas de légumes et rempli le congèl de paninis, de pizzas, et kébabs ? … Papa est paresseux en plus…
A n’en pas douter, vous êtes doté d’une multitude de qualités parce que votre enfant vous aime comme vous êtes.
Mais quelque part dans votre tête trotte l’idée qu’il ne sera pas comme vous et ne fera pas comme vous, n’est-ce pas ? Pourtant, vous êtes conscient qu’en restant attablé quinze heures durant, votre enfant pourrait bien avoir, comme vous, à la longue, un petit air de famille avec Droopy.
Dans ce cas, pourquoi ne pas porter les valeurs que vous voudriez lui transmettre, comme l’autonomie par exemple ? Vous pourriez lui dire : « On joue chacun de notre côté pendant une heure (non, pas pendant quatre heures ! Ce sera trop long !) et je te prépare ton goûter ». Vous l’aiderez de la sorte à développer son indépendance ainsi que ses aptitudes à explorer et créer. En plus de stimuler votre motivation et la sienne, les valeurs telles que la liberté, l’indépendance, la curiosité, ou encore la réflexion prompte à lui donner des buts propres seront affûtées. Top départ : de votre côté, vous avez une heure pour être efficace !
La bienveillance peut aussi être une valeur bonne à développer à la fois pour votre enfant et pour une progression certaine de votre poker. En lui expliquant que vous venez de perdre – si toutefois cela devait vous arriver – mais que ce n’est pas grave parce que vous ferez mieux sur la prochaine partie, vous véhiculerez chez lui l’idée que l’essentiel quand on joue à un jeu est de participer ; que gagner reste le but secondaire devant le plaisir d’un moment de partage, d’amitié, où honnêteté et loyauté doivent primer. Vous veillerez ainsi à son bien-être l’aiderez à répendre autour de lui ce sentiment étroitement lié à la serviabilité et à la responsabilité, alors que dans le même temps vous fortifierez votre résilience.
La générosité peut encore être comptée parmi les valeurs porteuses à la fois pour votre progéniture et votre jeu favori. Il s’agit cette fois d’expliquer à votre enfant que certains tournois se déroulent à visée caritative ; que des joueurs engagés dans des actions bénévoles, privées ou humanitaires reversent une partie de leurs gains. La discussion sera riche de fils multiples à explorer mais en plus, il vous sera possible d’associer l’action à l’explication : « Si Papa gagne, on reverse cinquante centimes, un euro, deux euros à telle action, association ou événement ». De votre coté, pourquoi ne pas nourrir une réflexion sur vos profits, la variance, le recul à prendre nécessairement ou le temps à accorder absolument pour autre chose comme s’oxygéner, faire du sport ou lire, même s’il s’agit de stratégie ou de psychologie relatives au poker… et découvrir que le gain financier n'est peut-être pas l'objectif à atteindre...
3. Votre enfant, la carte concentration de votre range.
Il y a peu de chances pour que vous échappiez à la tendance générale à moins que vous viviez au fond d’un puits ou d’une grotte dépourvus d’électricité, de wi-fi et autres réseaux téléphoniques ; je suis prête à parier que votre téléphone portable est devenu le prolongement de vos membres supérieurs. Il faut se rendre à l’évidence, l’eau des pates n’a sûrement jamais autant débordé des casseroles, les têtes des poupées n’ont jamais été autant décapitées et les chats, jamais, n’ont été amputés de leurs moustaches autant qu’aujourd’hui alors que nous ne sommes plus attentifs qu’aux pouces bleus des amis virtuels après notre dernier post sur Facebook. On guète une réponse de SnapChat, What’s app, Messenger alors que l’avertisseur sonore est resté muet.
Dans ce monde où tout est virtuel la distraction est reine. Portant au poker, une concentration maximale de chaque instant est requise au risque de se voir sortir en trois coups.
Être responsable d’un enfant demande une concentration pareille à celle que requiert le poker. Détourner les yeux, c’est risquer qu’il ne s’échappe sur la route, plonge le chat dans l’eau du bain ou prenne les croquettes pour des bonbons.
L’attention et la concentration ne sont pas seulement des questions de protection : en lui démontrant que vous êtes attentif à ses gestes et à sa présence, vous vous connectez à lui et lui à vous. Les paramètres annexes sont gommés le temps d’une telle connexion à votre enfant et pourrez retrouver une partie de poker plus serein. La maison sera apaisée et vous aurez l’agréable sensation d’avoir accompli le devoir qu’appelle votre place de père.
Article partiel à retrouver dans son intégralité au sein du magazine.