Bilan WSOP 2019 : un grand cru pour les Bleus
Les Bleus ont cartonné avec trois bracelets et cinq places de runner-up, signant l'une des meilleures campagnes WSOP de l'histoire du poker tricolore.
Ça ne pouvait plus durer... Après plusieurs années de vaches maigres, les Français sont enfin revenus sur le devant de la scène cet été lors des World Series ok Poker de Las Vegas. Si l'année 2018 avait vu l'amorce d'un renouveau avec le bracelet de Julien Martini après quatre ans sans breloque à Sin City, les WSOP 2019 ont définitivement replacé les Bleus parmi les nations majeures du poker mondial.
Le drapeau bleu-blanc-rouge squatte les podiums
Car oui, à l'heure du bilan après un mois et demi de compétition, la France, avec trois bracelets remportés en 90 tournois, se positionne parmi les quatre meilleurs nations de la 50ème édition des championnats du monde, derrière les intouchables Etats-Unis, juste derrière le Royaume-Uni (4 bracelets) et à égalité avec le Canada. De plus, les Bleus sont passés tout près de faire retentir davantage la Marseillaise dans les travées du Rio, avec cinq places de runner-up supplémentaires, et deux troisièmes places ! Le clan tricolore a notamment fini très fort le festival, portant la collection nationale de bracelets WSOP à 21 breloques depuis le premier gagné par Gilbert Gross en 1988.
Depuis l'incroyable été 2012, qui avait vu les Français ramener pas moins de quatre bracelets au pays, il s'agit clairement de la meilleure année du poker français aux WSOP (si l'on ne tient pas compte des WSOP-Europe), même si le Main Event a été bien moins fructueux que ces dernières années pour les Bleus (on y revient dans cet article). Et comme souvent dans le poker, ce ne sont pas forcément les joueurs attendus qui se sont distingués.
Les grinders online au top
Le meilleur exemple reste Thomas Cazayous, qui fut le premier à se mettre en évidence à la mi juin : grinder online reconnu par ses pairs mais quasi inconnu sur la scène des tournois live, le jeune homme s'est imposé brillamment sur un Event #31 très relevé, un 3 000 $ NLH 6-Handed (ce format dont les Bleus sont spécialistes), devant 753 joueurs, pour un gain de 414 766 $.
Il a ensuite fallu attendre deux semaines pour voir à nouveau un Français passer un bracelet à son poignet, en la personne de Jeremy Saderne (photo), grinder lui aussi mais qui s'était déjà illustré en remportant la finale du WiPT 2017 par exemple. Là aussi, la performance est de taille, puisque Jeremy s'est adjugé le Mini Main Event après voir dominé un field de 5521 joueurs pour un gain de 628 654 $ !
Dix jours plus tard, c'était un tour du pro Winamax Ivan Deyra d'y aller de sa breloque, en gagnant l'Event #79, un 3 000 $ NLH (967 entrées) pour un gain de 380 090 $, alors qu'il avait déjà atteint la finale de l'Event #34. Bref, les joueurs issus du poker online se sont taillés la part du lion cette année.
Les regs live ne sont pas en reste
En effet, nos représentants ayant davantage roulé leur bosse sur la scène live ont eu un peu moins de chance, même s'ils n'ont pas démérité, loin de là : YoH_Viral, qui n'a joué que des tournois live à Vegas cette année, termine ainsi second d'un tournoi Shootout, tandis que Jean-René Fontaine passe lui aussi à un cheveu du bracelet dans le Seniors Championship, durant le premier mois de compétition. Puis ce fut au tour de Vincent Chauve de manquer la win du Monster Stack (2ème pour un énorme gain de 623 211 $) et d'imiter ainsi Hugo Pingray, vainqueur du tournoi en 2014. Enfin, Alain Alinat termine aussi runner-up du Limit 3 000 $, alors que que Paul-François Tedeschi a failli boucler l'été français en apothéose, avec une seconde place sur le dernier HORSE à 3 000 $.
On n'oubliera pas non plus d'autres deeps runs de haut niveau, comme les troisièmes places de Sandrine Phan sur le Ladies Championship et d'Alex Hallay sur l'Event #37, un Deepstack à 800 $, et les quatrièmes places de Mesbah Guerfi, Simon Legat et Pierre Calamusa. Pour en finir, avec les "livetards", Julien Sitbon et Guy Pariente, même s'il n'ont pas signé de grosse performance, terminent eux avec le record de places payées pour des joueurs Français sur les WSOP 2019 (8 ITM). Au total, au moins 399 Tricolores ont fini au moins une fois dans l'argent cette année, selon le bilan complet édité par les reporters Winamax.
Martini et Reard, des WSOP à oublier
Mais tout le monde n'aura pas connu une telle réussite dans ces WSOP, qui ont accouché de leur lot de déceptions : la plus grande reste sans doute l'été du runner-up du PSPC 2019 Julien Martini, qui ne compile que quatre places payées, lui qui a grindé tous les tournois du Rio et visait rien moins que deux bracelets. Tout les rushs ont une fin... Même son de cloche chez Alexandre Reard : le sponso Unibet restait sur deux deep runs dans le Main Event (16e en 2017, 92e en 2018), et on attendait de le voir enfin en finale d'un event WSOP : las, le Francilien n'a pas réussi mieux qu'une 1117e place sur le Millionaire Maker, son seul ITM WSOP de l'été... Quant à Benjamin Pollak, on ne l'a pas beaucoup vu à Vegas (une place payée sur l'Event #2), tout comme ElkY. Au contraire de Guillaume Diaz, qui a tout joué, sans succès.
Un Main Event moins kiffant
Le Main Event (8 569 entrées) restera également comme une relative déception pour le clan bleu, qui nous avait habitué à des finales et de beaux deeps runs sur le Big One ces dernières années. Malgré 31 joueurs ITM en 2019, les Français ne placent aucun joueur dans le Top 50, Romain Lewis ne parvenant pas à faire mieux que 60ème, tandis que Grégoire Auzoux (91e) et Benjamin Souriau (99e) ont tout de même atteint le top 100.
Après un si bel été durant lequel les Bleus nous ont fait vibrer de façon ininterrompue, il sera bien difficile de faire mieux en 2020. Mais impossible n'est pas Français...
Crédit photo : Winamax