TECHNIQUE : petit jeu High-Stakes entre amis, par YoH ViraL (1/2)
Dans cet extrait du LivePoker n°130, Johan Guilbert nous explique notamment pourquoi folder sur des relances à la river.
C’est à Namur que l’on retrouve notre coach Yoh ViraL, solidement installé à une table de cash game contre des adversaires décomplexés, pour une démonstration de lectures de ranges. Des lectures pas si aisées demandant une solide réflexion…
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Yo la famille Livepoker ! Beaucoup de joueurs aimeraient être pros, pourtant tout le monde ne peut pas y arriver. Cela demande beaucoup de détermination, de travail et de courage. De nombreux obstacles se dressent sur le chemin des jeunes padawans qui souhaitent devenir maîtres jedi et depuis quelques temps j’ai décidé de les accompagner dans leur quête qui un jour fut la mienne. Après plus d’un an et demi de travail, j’ai enfin sorti POKER PRO, le programme le plus complet pour apprendre à devenir un joueur professionnel de poker. J’y ai mis tout mon cœur, c’est tout simplement le top 1% des conseils qui fonctionnent vraiment et énormément d’outils et de bonus pour devenir indépendant financièrement grâce au poker.
Aujourd’hui vous allez apprendre à faire une lecture précise du jeu adverse jusqu’à citer ses deux cartes cachées et folder un gros jeu quand vous êtes battus.
PREMIERE MAIN
Savoir qu’on est battu et folder de gros jeu malgré de très bonnes côtes
Contexte : cash game High-Stakes au Casino de Namur
Variante : No Limit Hold’em
Blindes : 20/50 €
Mon tapis : 30.000 €
Ma position : Cut-off
Ma Main : A3o
Vilain : Bouton
Stack de Vilain : 7000 €
Table :
YoH ViraL (Cut-off) Paul (Bouton) Poloris (Big Blind)
30.000 € 7000 €
Preflop : YoH ViraL raise 150 €, Paul call 150 €, Poloris call 150 € en BB
Flop :
Poloris check, YoH ViraL check, Paul mise 350 €, Poloris fold, YoH ViraL call
Turn :
YoH ViraL check, Paul check
River :
YoH ViraL mise 1200 €, Paul raise 2400 €, YoH ViraL fold
Dans cette main j’affronte Paul, un businessman. J’ouvre 150 € au cut off avec . Ce n’est pas une ouverture standard, sur une table plus difficile il faut directement se coucher mais il y a un joueur amateur en small blind qui a tendance a beaucoup call du coup je souhaite créer un pot en position contre lui. Pour ouvrir de manière aussi large; il vous faut un deuxième argument favorable. Ici Paul, le joueur au bouton, est plutôt serré, il ne va pas rentrer dans le coup souvent. J’aurai alors la position la plupart du temps pendant toute la main, je dirais environ 75% du temps.
Une fois n’est pas coutume, Paul décide de call son bouton, le joueur amateur en SB fold et "Poloris" complète en BB.
Flop :
Je n’ai pas de carreau mais j’ai la bottom paire, une overcard et un tirage quinte ventrale par le bas. Poloris check et je décide d’en faire autant car ma main ne mérite pas de faire grossir le pot, ne comportant pas de carreau. Paul mise 350 €, Poloris fold, c’est à moi de jouer. Contre la majorité de vos adversaires c’est un call, contre Paul qui a tendance à être plus serré de base pré-flop et qui bluff peu post-flop, on peut être tenté de se coucher dès le flop, et c’est sans doute le meilleur play. J’étais plutôt dans un mood callant et j’ai payé, car il fait de temps en temps une tentative de semi-bluff avec des mains comme KQ, KJ, AQ, AJ, AT avec un carreau et je ne pense pas qu’il mise plusieurs fois. Du coup s’il mise au turn ce sera la partie la plus forte de sa range et je pourrai tranquillement fold sans imaginer m’être fait bluffé.
Turn :
C'est une doublette du 3 qui me donne brelan, kicker max. Autant vous dire qu’on ne fold plus ! Je check et il check/back. J’ai donc bien fait de call au flop, il avait bien un bluff avec un carreau, sa range est très précise maintenant grâce à ce check, car s’il avait eu une overpaire il aurait continué à miser en protection contre d’éventuelles quintes, overcards et carreaux à venir. Il n’y a que s’il a full qu’il va parfois checker car il a « locké » le board et n’a plus peur de rien. Au contraire il pourrait même avoir l’envie de me faire toucher une couleur par exemple en me laissant une carte gratuite. Mais le nombre de combinaisons de full est équivalente à seulement 1/3 de ses combinaisons de KQ KJ AQ AJ AT avec un carreau (et il pourrait même avoir certaines versions sans un seul carreau qui auraient tenté un arrachage au flop en position suite aux deux checks). Il y a donc beaucoup plus de chance qu’on soit confronté à un abandon de sa part plutôt qu’à un full pour le moment.
River :
Cette carte est très bonne pour moi car elle permet à Paul de souvent toucher une paire avec la range qu’on lui a assigné. Il devrait donc me payer, par contre je ne suis pas sûr qu’il tentera de rentabiliser si je check, il pourrait avoir peur de faire grossir le pot avec un simple roi sur un board plutôt riche en combinaisons fortes. Je pense qu’il ne value-bettera pas un roi et qu’il ne bluffera plus après son check turn s’il a par exemple AJ ou AT. J’ai donc tout intérêt à miser de moi-même mon brelan pour value. Quel sizing faire ? Dans ce spot il faut miser cher, car soit il a fait le K et il payera une mise élevée, soit il a un des Ax cités précédemment et ne callera pas de toute manière, peu importe le montant que l’on choisit.
Je fais « pot », soit 1200 € et là j’entends « raise ». Il fait 2400 €, soit un min-raise. Je suis embêté… mais la discipline, les années d’expérience et mes nombreux call/muck dans ces spots m’ont appris une chose essentielle : les joueurs amateurs relancent très peu en bluff à la river. En effet relancer en bluff à la river demande une bonne lecture adverse car cela coûte cher en général si on se trompe, la river étant la street où les pots sont les plus gros. Du coup les joueurs amateurs ont tendance à ne pas s’aventurer dans ce genre de bluffs.
Car il faut bien comprendre que je ne bats qu’un bluff. Il ne va pas relancer s’il a le roi, j’ai misé 1200 € dans 1200 €, il y a des couleurs et des fulls possibles chez moi, il ne va donc pas se sentir en confiance avec un roi, ni même avec un 3 (quels « 3 » aurait-il au passage ? Il reste qu’une seule combinaison d’A3s et s’il l’avait eu il aurait continué à miser la turn pour protection contre les carreaux). Les seules mains qui font sens chez lui sont des fulls, et c’est sans doute ce qu’il a, après 10 secondes je lui annonce qu’il a 44 ou 55 puis me couche 30 secondes plus tard en lui montrant mon brelan. Il me montre 44 pour full en ne comprenant pas comment j’ai fait pour trouver. Ca y est tu as l’explication Paul ! Et même pas besoin de souscrire au Club Elite pour avoir les infos ! Vive LivePoker !