EXCLU : les vérités de Big Roger

Comment on se retrouve à jouer un heads up de 24h contre Yoh Viral ?
Suite à mon heads up contre Adrien Guyon, Yoh Viral a proposé d’en faire un contre moi. On a fait deux parties de 5-6h et chacun a remporté une manche. On ne pouvait pas en rester là. Donc nous avons décidé de faire la belle dans un format un peu différent, sur 24h.

Tout n’a pas été simple à mettre en place ?
Non puisque deux jours avant l’évènement, on a failli annuler. Yoh Viral voulait mettre 50K€ sur la table avec des blinds à 50-100. Moi j’ai eu un petit contre temps et je ne pouvais mettre finalement que 30K€. J’ai donc demandé des blinds à 25-50. Yoh n’a pas voulu mais je n’ai pas lâché. On était dans une impasse. Finalement, comme il avait annoncé partout sur les réseaux et à ses followers le duel, il est revenu sur sa décision et on a fait le heads up.

Ce n’est pas trop dur de jouer 24h de suite ?
Perso, je n’étais pas du tout fatigué à la fin des 24h. J’ai l’habitude de jouer ces formats. Il m’est même arrivé de jouer 72h de suite ! Honnêtement, je pouvais encore tenir 24h.

« Notre match, c’était Cassius Clay contre Foreman »

Pourquoi organiser ce match au Casino de Namur ?
J’avais déjà fait le premier heads up là-bas et ça s’était bien passé. Ils ont une table télévisée et le projet leur a plu. Faut dire qu’avec 200.000 vues, on fait plus d’audiences que la navrante émission de RMC Sport.

Yoh Viral a critiqué votre style après le heads up, vous reprochant de jouer « en mode serrure ».
Je sais. Mais moi je joue mon argent, pas lui. En ce moment, il est dans good run assez violent. Dans ce genre de situation, en heads up, il n’y a pas grand-chose à faire. J’ai donc dû le contourner pour ne pas perdre plus. Il a eu une douzaine de brelans plus trois fois   , en heads up, c’est incroyable. Du coup, je me suis mis en mode défensif. Alors oui, j’ai perdu 8000€ en tout, mais si j’avais eu son jeu, j’aurai gagné 30k ou 40k. Avec 24h de plus, je pense même que j’aurai gagné vu que j’étais en train de revenir sur lui et qu’il était vraiment atteint physiquement. En fait, notre match, c’était Cassius Clay contre Foreman.

Que pensez-vous de lui ?
C’est un garçon sympathique et méritant. Il travaille depuis longtemps et mérite sa période de bonheur pokeristique. Il est dans un good run mais ce n’est pas que du hasard, c’est aussi le fruit de beaucoup de parties jouées. Il peut paraitre provoquant mais c’est ce qu’on attend des joueurs aujourd’hui. Moi aussi je suis dans l’exagération et parfois je réponds au 2e et 3e degré est aussi là pour faire du spectacle et donner de l’intérêt à ceux qui nous regardent.

« Le online, c’est le monde des zombies »

Que pensez-vous de cette génération de joueurs, majoritairement issue de l’online ?
Il faut que les jeunes fasse attention car la plus grande qualité d’un joueur de poker, c’est la longévité. Ils font le spectacle sur deux ou trois tournois mais combien seront là dans 10 ans ? Quand ils arrivent sur les tournois live, on les repère vite car ils ont les réflexes de l’online comme ne pas regarder leur carte quand ils vont folder. Du coup, je sais toujours 4h avant quand ils vont relancer. Contre Yoh, j’ai gagné un coup car j’ai analysé son comportement, sa tenue, typiquement online. C’était un bet risqué à 2300€ mais je sentais qu’il n’était pas confiant. Et j’ai gagné ce coup sur mon expérience. De manière générale, ils ont l’habitude de jouer sur 6-7 tableaux en même temps et du coup, prendre des décisions rapides. En tournoi, ça peut leur couter cher.

Le online est un danger pour le poker ?
Je pense que le online va être interdit en France comme aux USA. Il a trop de risques pour les joueurs avec les tricheurs qui se mettent à 4-5 dans le même appartement pour plumer des tables sur les sites. Tout le monde le sait mais personne ne fait rien. Il y aussi une question de lois avec tous ces mineurs qui détournent les obligations légales pour pouvoir jouer alors que c’est interdit pour eux normalement. Bref, je pense qu’il faut que les jeunes reviennent vers les tournois live. Moi j’ai joué trois fois online. J’ai gagné deux fois 8000€ et perdu une fois 4000€. J’ai encaissé et j’ai arrêté et plus jamais joué. Le online, c’est le monde des zombies.

« Des gens m’ont proposé d’écrire un livre »

Faire carrière dans le poker, c’est une illusion ?
Les gens pensent que on peut gagner sa vie au poker, mais c’est faux. Il y a une trop grande part de variance et à part deux ou trois gars comme Ben Pollak ou le petit Julien Martini qui vient de prendre des grosses sommes, tous les joueurs doivent travailler à coté parce qu’ils ont une famille à nourrir Combien de joueurs online ont une vraie famille et peuvent la faire vivre avec leurs gains de poker ?

Vous multipliez les projets et les événements en ce moment. Vous n’avez pas peur d’en faire trop ?
Vous savez, j’ai passé deux ans l’ombre à cause d’une maladie grave. Donc aujourd’hui je prends tout ce qu’on me donne. Je suis content de pouvoir continuer mon parcours pokerisrique.
Moi, c’est ma plus grande fierté d’avoir pu élever mes enfants tout en continuant ma carrière de joueur. Mais c’est très dur et beaucoup n’y arrive pas. Je suis là depuis 25 ans et j’espère encore 25 de plus.

Des futurs projets ?
J’aimerai bien continuer des heads up sur long format mais personne ne veut relever le défi. Les jeunes sont trop frileux. Ils pensent être des aigles mais c’est des moineaux.  Du coup, peut-être qu’on fera un match retour avec Yoh Viral. J’aimerai jouer sur un format de 72h pour battre des records avec une pesée toutes les 5h pour voir l’avancement de note état physique.
Sinon, j’ai des gens qui m’ont proposé d’écrire un livre puis de faire un doc ou un film sur moi, ma vie, mon parcours. J’y réfléchis fortement…