STRATÉGIE : Sarah Herzali décrypte sa victoire au FPO Saint-Amand-Les-Eaux


STRATÉGIE : Sarah Herzali décrypte sa victoire au FPO Saint-Amand-Les-Eaux

A 24 heures de la grande finale FPO Lyon by PMU.fr, retour sur la performance de l'ambassadrice PMU Poker lors de l'avant dernière étape...


Deux mains décisives pour une victoire !
 
LivePoker a demandé à Sarah Herzali de revenir sur la stratégie mise en place lors de la table finale du France Poker Tour, disputé à Saint-Amand-les-Eaux, qu’elle a remporté pour un gain de plus de 26.000 €. La ravissante pro du Team PMU revient notamment sur deux mains clés qui lui ont donné la victoire. 
 
Cette entame de table finale est dans la continuité de mon tournoi, joué pratiquement du début à la fin avec une vingtaine de blindes, une épreuve durant laquelle j’ai travaillé ma patience et mon jeu short stack... Je commence donc cette finale avec un stack à peine moyen, environ 20 blindes donc et je n’ai du coup que peu de latitude, d’autant que j’ai plutôt une mauvaise position, avec Quentin Roussey et Julien Montois à ma gauche, deux joueurs agressifs et compétents, je ne peux pas faire grand-chose, du coup je n'ai pas eu d’autre choix que de poursuivre la même option de jeu que pour la majeure partie de mon tournoi, à savoir adopter une stratégie solide et de respecter l’ICM.
 
Mais la situation va enfin changer puisque je remonte en sortant des joueurs encore plus shorts que moi (si c’est possible). J’avoue d’ailleurs avoir eu une réelle réussite dans ce tournoi en remportant les conforntations à tapis – même si j’étais souvent devant. Bref, nous ne sommes plus que six à table et avec un tapis d’une trentaine de blindes, j’aurais pu commencer à me montrer plus active mais avec des joueurs aggros sur ma gauche, je choisis de continuer ma stratégie de jeu solide jusqu’à un coup clé qui va me propulser dans des sphères plus confortables et me permettre enfin de viser haut. 
 
Connaissant le profil de mon voisin de gauche Quentin Roussey qui est extrêmement aggro, je prends l’option de limp en bataille de blindes avec ma paire de Valets. Comme je l’espérais ou plus précisément comme il était légitime de l’anticiper vu son style de jeu, Roussey décide de shove depuis sa grosse blinde pour approximativement 28BB, évidemment je paie. Le plan de le “trap” se déroule alors comme prévu, il a A2o et je suis donc largement favorite, encore fallait-il que le croupier ne fasse pas de blagues. Heureusement un board sans histoires me laissera l’avantage et m’offrira un tapis d’environ 60 blindes, le plus confortable – et de loin - jamais eu dans ce tournoi ! 
 
Première main décisive 
 
Sarah Herzali (3.000.000) Cut Off          
Kamel Atoui (4.000.000) Small Blind   
Blindes 25.000 / 50.000, ante 50.000
Pré-flop  : Sarah raise 125.000€ / Atoui call / Big Blind call 
Flop :     / Blinds check / Sarah bet 150.000 / Atoui raise 350.000 / BB fold / Sarah call
Turn :   / Atoui bet 450.000 / Sarah call
River :   / Atoui bet 450.000 / Sarah raise all-in 2.100.000 / Atoui call
Board :      
 
A peine quelques mains plus tard, sans que rien de notable ne soit survenu, je vais disputer un coup décisif. Trois jours de patience vont en effet trouver leur récompense avec cette main qui va me propulser dans le fauteuil convoité et toujours agréable de chipleader alors que nous ne sommes plus que cinq joueurs. Il s’agit d’une très grosse confrontation contre Kamel Atoui qui était énorme à cet instant et finira d’ailleurs runner-up de ce France Poker Open.  Depuis le cut-off, alors que les blindes sont à 25.000/50/.000, ante 50.000, j’open à 125.000 avec   , il paie depuis la petite blinde tout comme le joueur en grosse blinde. 
 
FLOP :    
 
J’ai un beau tirage quinte max, après le check de mes deux adversaires, j’envoie un continuation-bet de 150.000. Kamel place alors un check/raise pour 350.000. Le troisième larron s’enfuit et avec ma main je décide fort logiquement de payer étant en plus en position. 
 
TURN :   Bingo ! 
 
Kamel poursuit son agression et envoie 450.000 cette fois, avec ma quinte max  je prends mon temps, je réfléchis à relancer un instant, mais j’abandonne rapidement cette option, je préfère payer après une réflexion que j’espère suffisamment longue pour ne pas montrer la force de ma main, car je sais qu’il est capable de transformer sa main en bluff. Kamel est en effet un joueur très agressif, qui n’hésite jamais à bluffer, surtout s’il sent une faiblesse chez son adversaire. 
 
La rivière tombe, j’avoue que je ne me souviens plus exactement de quelle carte il s’agissait, mais une chose est certaine c’était la plus anodine des briques (NDLR :  ) ! Kamel mise de nouveau 450.000, et très vite je shove pour un peu plus de 2 millions. Il n’y a rien à dire sur ce move, avec les tapis que nous avions et ma main, je n’avais qu’à espérer qu’il détienne une main suffisamment forte pour me payer. De toute façon, relancer sans partir à tapis avec un stack de 2 millions sur un raise à 450.000 aurait montré encore plus de force. Après plusieurs minutes de réflexion, il décide de call avec    qui avait fait deux paires max. Une main forte, mais peut-être qu’il aurait pu la folder, j’ai du mal à penser que je pouvais représenter un bluff dans cette configuration. 
 
Après ce coup décisif, je deviens donc assez largement chipleader et je commence à jouer pour la win en mettant pas mal de pression sur les deux short stacks qui possèdent à peine dix blindes et plus encore sur celui ayant un peu plus, en l’occurrence Julien Montois nanti d’une petite vingtaine de blindes qui se trouvait juste à ma gauche et à qui je pouvais voler systématiquement la grosse blinde, ce qui m’a permis dans un premier de temps de grappiller de précieux jetons et ensuite de l’éliminer. 
 
Deuxième main décisive
 
Kamel Atoui (4.000.000) Bouton               
Sarah Herzali (6.000.000) Big Blind   
Blindes 40.000 / 80.000, ante 80.000
Pré-flop : Atoui raise 200.000€ / Sarah call 
Flop :     / Sarah check / Atoui  bet 200.000 / Sarah raise 600.000 / Atoui call
Turn :   / Sarah bet 875.000 / Atoui call
River :   / Sarah check / Atoui raise all-in 2.300.000 / Sarah call
Board :      
 
Après l’élimination de Jorden Verbraeken par Kamel Atoui, je débute quand même le heads up avec un avantage confortable. Adversaire redoutable, Kamel résiste et réussit même à revenir dans la bataille en doublant deux fois. Je reste toutefois devant, mais les tapis se sont équilibrés lorsque  débute ce coup qui va m’offrir la victoire. A cet instant, je possède près de six millions et Kamel approximativement quatre millions. Nous sommes sur des blindes à 40.000/80.000, avec 80.000 d’ante, et une main plutôt spectaculaire se prépare… 
 
Kamel relance 200.000 au bouton, et je complète logiquement avec Kt10k, une main qui se défend. 
 
FLOP :    
 
Le flop est magique, il faut maintenant tenter de prendre le plus possible à mon rival. Ça commence bien puisqu’il décide d’enchainer avec un continuation-bet de 200.000 si mes souvenirs sont bons.  J’aurais pu me contenter de payer, mais sur un board avec une doublante cela représente parfois plus de force, je décide donc de check/ raise à 600.000. Le but étant de me faire payer par Kamel s’il a une main et de faire grossir le pot pour value au maximum avec mon brelan de rois. Il call après une assez longue réflexion qui ne me donne pas véritablement d’informations puisque que Kamel est très difficile à lire. Comme je l’ai déjà dit, il est imprévisible, bluff beaucoup, et il est donc difficile de se baser sur ce genre d’éléments contre lui. 
 
TURN :  
 
Je bet 875k. Toujours dans la même optique, valoriser ma main, construire un gros pot s’il a une main de qualité, avec en filigrane l’idée de le pousser à bluffer si l’opportunité se présente. Le plan se présente plutôt bien puisqu’il paie à nouveau. Il y a désormais un peu plus de 3,4 millions dans le pot et à cet instant le tapis de Kamel avoisine les 2,3 millions !
 
RIVER :  
 
Une brique et surtout pas le pique que je craignais un peu de voir surgir. Si, je décide de miser, il faudrait que ce soit à tapis et sincèrement je ne pense pas pouvoir être payée par moins bien. Connaissant le profil de mon adversaire et vu qu’il a déjà investi 40% de son tapis, je check pour l’induire à bluffer. Le plan fonctionne, Kamel annonce all-in, que je paie sans attendre. Il retourne   , la main de Doyle Brunson,  pour un tirage flush raté et le France Poker Open est à moi (ainsi que les 26.000 €) !
 
J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer cette table finale où régnait une excellente ambiance puisque tous les joueurs se connaissaient plus ou moins. J’attends maintenant avec impatience la finale du FPO à Lyon puisque je suis deuxième du leaderboard après ce succès un peu inespéré vu la physionomie du tournoi deux jours durant… 
 
Programme de la finale FPO Lyon
 
Portrait Sarah Herzali
Age : 30 ans
Débute le poker à 20 ans
Team Pro PMU poker
Gains en tournois : 379.383 $
 
Article extrait du magazine LivePoker n°128. Pas encore abonné ? Retrouvez chaque mois la rubrique Vuong en cliquant ici :

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