PSYCHO : Premier tournoi live, les 10 pièges à  éviter


PSYCHO : Premier tournoi live, les 10 pièges à  éviter

Le grand jour est enfin arrivé ! Après des mois à  grinder en ligne, vous avez enfin pu vous offrir ce précieux ticket qui vous ouvre les portes d’un gros tournoi...

Le grand jour est enfin arrivé ! Après des mois à grinder en ligne, vous avez enfin pu vous offrir ce précieux ticket qui vous ouvre les portes d’un gros tournoi du circuit pro. Sauf que l’enthousiasme peut rapidement laisser place à la panique quand il s’agit de la première fois que l’on joue en live : ici, pas d’écran d’ordinateur pour vous cacher, vous êtes directement jeté dans la fosse aux lions !

 

Voici donc un petit manuel de survie à respecter absolument pour mettre toutes les chances de votre côté. En dix points.

 

Baptême du feu


1. Prévoir, c’est déjà agir

 

Prenez le temps de préparer vos affaires un peu avant le début du tournoi. Hors de question de flipper à la dernière minute : « Elle est où ma carte d’identité ? Et mon iPod ? Merde, j’ai oublié de le charger ! Et le casque, il est où le casque ? » Vous avez déjà le cœur qui palpite, donc pas la peine d’en rajouter ! Du coup, prévoyez tout ce dont vous aurez besoin car avec un peu de chance, la journée sera longue : une barre de céréales pour les coups de mou, une bouteille d’eau (sauf si vous voulez la payer vingt fois plus cher au casino ou attendre trente minutes un serveur), de la musique, un petit sweat à capuche pour les salles climatisées (douze heures de clim’ et c’est la grippe assurée) et des lunettes pour pouvoir observer tranquillement vos adversaires et surtout, dissimuler votre regard.

 

De même, essayez autant que possible d’arriver frais et dispo, tel un sportif la veille d’une compétition. Après tout, on n’a jamais vu un Nadal ivre mort en boîte de nuit la veille d’un match… Mettez donc toutes les chances de votre côté et tentez de passer une bonne nuit, histoire de vous réveiller avec le cerveau aiguisé au possible.

 

2. À vos marques

 

Personne n’est censé savoir qu’il s’agit de votre premier tournoi. Hors de question d’arriver avec le ticket à la main et de vous tromper en prenant votre siège à la table ou pire, de demander timidement au croupier où vous devez vous asseoir, ce qui vous trahirait aux yeux de tous vos adversaires. Repérez donc votre siège à quelques mètres de la table (les chaises sont numérotées de 1 à 10 dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du dealer) et prenez votre place d’un air assuré en tendant votre ticket et (parfois) une pièce d’identité au croupier.

 

3. Nul n’est censé ignorer la loi

 

Prenez vos marques. Saluez poliment vos voisins sans pour autant laisser entendre qu’il s’agit de votre premier tournoi : inutile de papoter pour combler le silence religieux et glacial précédant le Shuffle up and deal ! Comptez votre tapis pour vérifier qu’il ne vous manque aucun jeton sur le stack de départ annoncé. Et si vous ne l’avez pas fait avant, prenez ensuite le temps de regarder la structure, le nombre de niveaux joués, le nombre de joueurs déjà présents et les règles du tournoi. En effet, d’un casino à l’autre, celles-ci peuvent varier. C’est ainsi qu’il est des tables où l’ordre du showdown dépend de sa place par rapport au bouton et d’autres où cela dépend de qui a misé en dernier, certaines où il est interdit de parler à son adversaire en heads up (aux États-Unis, par exemple), d’autres où l’usage d’un téléphone à la table est défendu même quand on n’a pas de cartes, ou d’autres enfin où votre main est brûlée même si vous êtes debout derrière votre siège (il faut être assis). Bref, sachez où vous mettez les pieds !

 

4. Tours d’observation

 

Après le Shuffle up and deal, si votre cœur cogne trop vite et que vos mains sont moites, pas la peine de tenter un 5-bet light d’entrée. Il est primordial de prendre le temps de vous sentir bien avant de vous lancer dans un coup. Il n’est évidemment pas question de jeter des mains infoldables mais plutôt de choisir des spots faciles au début. Si vous vous sentez un peu tendu, mieux vaut en profiter pour observer vos adversaires. Non seulement cela vous créera une belle image de serrure (pour mieux faire mal plus tard) mais en plus, vous pourrez glaner de nombreuses informations sur les motivations de vos concurrents et leur style de jeu. Vous serez surpris de voir à quelle rapidité vous vous ferez un avis sur vos voisins : qui a peur de perdre, qui a envie de flamber, qui est un gros shark, qui est la calling station désireuse de voir tous les flops…

 

5. N’ayez pas les jetons

 

Sachez manipuler vos chips. La façon de miser trahit bien souvent un débutant en live. En effet, il n’est pas facile d’être à l’aise avec les jetons et de miser proprement. Il y a donc plusieurs règles à respecter, et la première est de faire vos annonces à voix haute. Ne vous inquiétez pas, les pros le font aussi car cela permet d’éviter les erreurs (fréquentes) dans les montants puisque la parole prime sur le geste.

 

La deuxième règle, c’est de s’entraîner cinq minutes chez soi à envoyer ses jetons proprement en une seule fois (les envoyer en deux fois est considéré comme un string bet et sera refusé par le croupier), et toujours de la même manière. Si vous n’y pensez pas, vous allez inconsciemment avancer vos jetons différemment selon la force de votre main. Et votre voisin le shark risque de rapidement s’en rendre compte.

 

De même, n’oubliez pas que si vous posez un jeton de 500 devant vous en pensant relancer et que vous n’annoncez rien, ce geste sera pris pour un simple call. En effet, ne poser qu’un seul jeton sans annonce n’est jamais une relance ; le croupier considèrera que vous avez limpé. D’où l’intérêt une fois de plus d’annoncer vos actions oralement à chaque fois.

 

Enfin, on croise toujours des débutants qui paniquent et demandent à leurs voisins du change pendant un coup parce qu’ils ne possèdent pas l’exact montant pour payer l’enchère demandée en face. Sauf que le croupier est aussi précisément là pour cela ; vous pouvez payer une mise de 125 avec un jeton de 1000 et il vous rendra vos 875 automatiquement, sans que vous n’ayez besoin de lui demander…

 

6. L’art de l’artifice

 

Dissimulez-vous et faites-en le minimum en matière de gestes et de paroles. À moins que vous ne pensiez sérieusement pouvoir duper un vieux de la vieille parce que vous avez lu Caro’s Book of Poker Tells de Mike Caro la veille, abstenez-vous absolument de répondre aux questions posées et de bouger pendant un coup important. Votre adversaire, s’il a un peu de bouteille, va vous examiner longuement et il est important que vous ne tentiez pas de lui envoyer une information, et ce qu’elle soit vraie ou fausse ; s’il est bon, il saura aisément vous percer à jour. La meilleure chose à faire est donc d’essayer de rester calme et de ne rien laisser paraître. Hors de question de vous embrouiller avec les contre-tells que tout le monde connaît… Enfin, il peut être recommandé aussi de mettre des lunettes et une capuche, histoire d’en dévoiler le moins possible !

 

7. Laisser le temps au temps

 

N’hésitez pas à prendre votre temps. Ce n’est pas parce qu’ElkY réalise six clics à la seconde que vous devez faire pareil. Et c’est sans compter que le stress n’aide pas à la prise de décision et a souvent tendance à paralyser la réflexion. Donc, quand vous êtes face à une situation "mal de crâne", inspirez un grand coup pour oxygéner votre cerveau et reprenez toute la main depuis le début. Si c’est la première fois que vous le faites et que le pot est conséquent, personne n’appellera le floor, et ce même si vous mettez dix minutes avant de prendre votre décision.

 

8. Attentivement vôtre

 

Évaluez systématiquement votre stack et celui de vos rivaux. Cela peut vous sembler évident mais quand on est habitué à avoir un écran sur lequel sont indiqués avec précision les montants adverses, ce n’est pas aussi facile que cela en a l’air. Donc si vous avez un doute, demandez à votre opposant combien il joue ; il ne sera pas obligé de vous répondre mais il devra détailler son stack, pile par pile devant vous, afin de faciliter votre décompte. Par exemple, certains joueurs, involontairement ou non, placeront un gros jeton de 5000 en bas d’une pile de 100 sans que vous ne l’ayez remarqué au début de la main. C’est normalement interdit mais il suffit que le croupier regarde ailleurs à ce moment-là et vous risquez de vous réveiller à tapis contre un adversaire qui, au lieu d’être short stack, vous couvre !

 

De même, gardez en mémoire que les croupiers ne sont pas des machines. Leurs journées sont au moins aussi longues que les vôtres, et à l’instar d’un Phil Ivey, qui mucke la main gagnante (lors du Main Event des WSOP 2009, ndlr), ils ne sont pas à l’abri de faire une erreur. Aussi, si vous jouez un gros pot à la river dans lequel par exemple, vous doublez, vérifiez systématiquement les montants engagés et recomptez les tapis en même temps que le croupier. On voit trop de débutants qui, fous de joie d’avoir gagné un gros pot, se lèvent de table pour crier leur bonheur, tout en laissant leurs chips valdinguer à droite et à gauche. En résumé, et de façon générale, surveillez vos jetons et votre stack car, malheureusement, il peut aussi arriver que votre voisin ne soit pas le joueur le plus honnête du monde.

 

9. Maîtrise de soi

 

Prenez sur vous. En effet, si l’on a rarement le temps de s’ennuyer sur le Net en jouant plusieurs tables en même temps, ce n’est pas le cas en live où certains coups peuvent durer quinze minutes pendant lesquelles… vous ne faites rien ! Les journées peuvent donc être particulièrement longues, voire ennuyeuses. Un joueur bien connu résumait d’ailleurs la chose avec humour : « Le poker, c’est de longues heures d’ennui pour quelques secondes d’angoisse. » Vous verrez ainsi très peu de mains, et le tilt n’est jamais loin quand on ouvre J2 pendant une heure. Vous serez donc tenté de voir QJs comme les nuts absolus quelques coups plus tard et donc buster rapidos, tout ça parce que vous avez manqué de patience…

 

De même, certains joueurs peuvent être particulièrement tiltants. Autant vous êtes tranquille chez vous en ligne, autant en live, vous pouvez avoir un joueur qui prend deux minutes de réflexion à chaque fois que c’est à lui de parler, un voisin qui ne s’est pas lavé depuis 1992, un adversaire qui est d’humeur extrêmement bavarde et qui va vous raconter tous ses bad beats de ces dix dernières années, ou un autre qui va vous suckout affreusement et se lever en hurlant : « Il est là papa, et toi, rentre chez toi ! » Bref, vous serez confronté à toutes sortes de personnages et si certains se révèleront pros et sympas, ce ne sera pas le cas pour tout le monde !

 

Et si jamais vous sentez votre sang bouillir et que vous commencez à vous laisser gagner par un tilt "tsunamiesque", levez-vous. Mieux vaut perdre une blinde ou deux plutôt que l’intégralité de son tapis. N’hésitez donc pas à sortir prendre l’air, à vous rafraîchir, ou à passer un coup de fil à un pote pour vider votre sac. Bref, changez-vous les idées et n’oubliez pas qu’au poker, plus encore que dans n’importe quelle autre discipline, la colère est très mauvaise conseillère…

 

10. Le parti du plaisir

 

Enfin, amusez-vous autant que possible ! Vous avez la chance de participer à un beau tournoi et de vivre une expérience loin de votre quotidien ; profitez-en donc au maximum ! Il n’y a rien de pire que de jouer scared money ou d’être tellement angoissé que vous ne pouvez pas réussir à réfléchir ; autant dans ce cas rester chez soi… En prenant plaisir à votre table, en jouant le jeu à fond et en tentant à chaque main de prendre la bonne décision, vous vous lèverez heureux de votre expérience. Et ce, qu’importe la place à laquelle vous aurez terminé !

 

Par Claire Renaut - Article extrait du Livepoker n° 56

 

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