TECHNIQUE : Définition de range, cap ou pas cap ? 2/2


TECHNIQUE : Définition de range, cap ou pas cap ? 2/2

Retrouvez l'article technique de notre coach Vuong Than Trong extrait du magazine n°126


En deux exemples parfaitement révélateurs, notre coach met en avant les (lucratifs) avantages d’une parfaite évaluation de la force max du range de main adverse pour prendre la meilleure décision, que ce soit un bluff ou un value bet, en utilisant au passage l’overbet avec une redoutable efficacité pour exploiter sa propre range perçue.
 
Toujours sur mon petit confort de poker online, je vais à travers deux coups joués, vous expliquer ma stratégie de jeu face à des ranges appelées “capées”. C’est à dire définir la meilleure main de notre adversaire sur un board qui nous est avantageux, et comment construire ses ranges afin de jouer au mieux une situation qui doit nous être profitable.
 
DEUXIEME MAIN
 
Attaquer encore des ranges capées 
 
Variante : No Limit Hold’em
Nombre de joueurs à table : 5
Blindes : 1 € / 2 €
Mon tapis : 371 €
Ma position : Cut-Off
Ma main :   
Vilain : BB
Stack Vilain : 821 €
 
Je me retrouve dans la même configuration préflop que dans la main précédente; cette fois, il y a un joueur très faible en petite blinde. J’attaque donc avec un panel de main plus large, afin de jouer le maximum de coups contre lui, sachant qu’il défend énormément, hors de position ou non. Malheureusement, il passe sa main pour une des premières fois depuis le début de la partie. Mon adversaire, un joueur correct, défend sa grosse blinde.
 
« Il est désastreux pour lui de passer ce type de mains au flop ou à la turn lorsque j’ai moins de 10% de chances de gagner à l’abattage. S’il se couche trop souvent, il perdra de l’argent au long terme. »
 
Flop :     
 
Il check sur un flop hauteur as, qui est plutôt à mon avantage. Avec cette profondeur de tapis, j’imagine qu’il surrelance préflop tous ses AA, KK, AK et sûrement AQ et peut-être AJ. Cette situation est très similaire à la précédente, mon adversaire a une range qui est capée à A6/66, alors que je possède toutes les mains meilleures. Pour rester dans ma stratégie d’overbet dès le flop lorsque mon adversaire est capé, je dois inclure obligatoirement des mains avec des équités très faibles, comme des doubles backdoors, à l’image de celle que je possède actuellement. De cette manière, mon adversaire aura un spot délicat avec des as faibles et plus encore avec une main comme KQ. Il est désastreux pour lui de passer ce type de mains au flop ou à la turn lorsque j’ai moins de 10% de chances de gagner à l’abattage. S’il se couche trop souvent, il perdra de l’argent au long terme, puisque je ne peux pas posséder tout le temps une excellente main. Il faut garder à l’esprit que je n’overbet pas 100% du temps ici bien entendu, et que j’utilise également une stratégie de mise de continuation plus orthodoxe à 33% du pot. Je choisis de manière aléatoire, à l’aide d’une montre ou n’importe quelle autre méthode, quelle stratégie utiliser afin d’être illisible.
 
Turn :  
 
Mon adversaire paie, je trouve un tirage quinte bilatéral, et mon équité face à une range de continuation passe de 4% à environ 8-10%. Je vais donc jouer de ma fold equity pour remporter le coup, le cas échéant, il va falloir trouver un 2 ou un 7 pour former la meilleure main possible. Face au check de mon adversaire, toujours dans le même esprit que pour ma mise au flop et aussi la main évoquée précédemment, je place un second overbet, que mon adversaire va payer assez rapidement.
 
River :  
 
Un dix qui est une carte intéressante. Ici, je possède des QJ, puisque je peux utiliser cette main pour miser deux fois, bloquant AQ et AJ chez vilain, qui sont des mains assez fortes qu’il va sans doute vouloir défendre flop et turn. Mon adversaire lui n’en possède qu’un seul, il s’agirait de QcJc, mais je ne suis pas sûr qu’il float ce genre de main au flop face à la taille de ma mise. Arrivé à ce stade de la main, jouée de cette manière, je vais vouloir diviser ma range de mise en deux catégories : premièrement, les mains pour value de manière assez large, et miser environ 50 à 75% du pot. Des mains comme A6+, la plupart du temps 66, AA, et des tirages ratés, ou d’autres bluffs comme 6x qui bloquent les doubles paires de mon opposant.
 
Dans un second temps, je vais vouloir overbet des mains qui ne bloquent pas les top paires/double paires à l’as, et qui sont très fortes, ainsi que mes gros bluffs, comme la main que je possède. Je vais donc faire tapis avec KK, 66, les quelques rares QJ que je détiens, et mes autres bluffs. En intégrant des bluffs en bonne portion dans chaque “catégorie” de ma range de mise river, il sera difficile pour mon adversaire de payer de manière profitable, tant que mes fréquences ne sont pas trop déséquilibrées. J’envoie mon tapis de 300 € et mon rival abandonne sa main.
 
Ces boards sont à mon avantage, étant le relanceur initial. J’essaie d’en tirer profit au maximum, en mixant entre bluffs et value bets, en plaçant des mises fortes de temps en temps, afin d’extraire le maximum de jetons à mes adversaires lorsque je possède une bonne main, tout en jouant de ma fold equity lorsque je n’ai rien. Le second scénario étant plus fréquent, l’abattage afin de savoir qui a le meilleur jeu leur coûtera cher, et un adversaire incapable d’effectuer un hero call perdra trop d’argent au long terme face à cette stratégie.
 
Par Vuong Than Trong, coach et joueur professionnel
 
Article extrait du magazine LivePoker n°126. Pas encore abonné ? Retrouvez chaque mois la rubrique Vuong en cliquant ici :
 

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