BETTING : Le hors-jeu qui fait trembler le monde des paris sportifs
Nous sommes le dimanche 19 septembre 2010 lors de la sixième journée de championnat de Ligue 1. Moussa Sow offre la victoire à son équipe sur un but inscrit à la 89e minute.
Nous sommes le dimanche 19 septembre 2010 lors de la sixième journée de championnat de Ligue 1. Moussa Sow offre la victoire à son équipe sur un but inscrit à la 89ème minute. Un but hors jeu, ce dont tout le monde a vu sauf Ruddy Buquet, l'arbitre de la rencontre. (voir vidéo ci-dessous)
A plusieurs centaines de kilométres, Jean-Pierre* n'en croit pas ses yeux. Le retraité auvergnat avait correctement coché treize matchs sur les quatorze de la grille Loto Foot de ce week-end. Sauf que Moussa Sow vient de lui envoler un sacré butin : 1,5 millions d'euros !
« Ce jour-là, je faisais de la randonnée dans le Cantal. On était sur le chemin du retour, avec ma compagne, quand j'ai entendu à la radio qu'il restait cinq minutes à jouer. Jusque-là, j'étais conforté dans mes choix : il y avait match nul. »
« En arrivant à la maison, je mets mon PC en route pour voir l'évolution de l'affaire, parce que ça devenait franchement intéressant pour moi, poursuit le parieur. Le système de gains en direct affichait un pactole de 1,5 million d'euros. À 24 secondes de la fin du temps réglementaire, selon le constat d'huissier que j'ai fait établir, Moussa Sow inscrit un but. »
Très frustré, Jean-pierre se connecte au site l'équipe pour lire le résumé de la rencontre : « Le journaliste parlait du but de Moussa Sow comme d'un hors-jeu grossier. Je me souviens de l'expression qu'il a employée : Toute honte bue. Je me suis dit que c'était pas un hors-jeu ordinaire. Le lendemain, je m'aperçois que c'était un hors-jeu de deux ou trois mètres ! »
Mais l'Auvergnat n'en reste pas là : « J'ai réagi tout de suite, confie-t-il. J'ai commencé à écrire des recommandés à la Française des jeux pour m'indigner. J'en ai également envoyé à Michel Seydoux, qui était président du Losc et de la commission marketing de la Ligue de football professionnel (LFP). J'ai fini par recevoir une réponse de la Française des jeux qui a ouvert le parapluie, en disant qu'elle s'en remettait aux résultats transmis par les instances officielles. »
« J'ai essayé de recenser les paramètres influençant les résultats d'une journée de championnat pour viser un résultat tangible. Cependant, si Thalès spéculait sur des éléments naturels, je me suis aperçu que les aléas du facteur humain sont difficilement transposables… »
Le point raconte : Alors qu'il tombe un jour sur un article faisant état d'un scandale dans le monde des paris dans l'univers du football, il parle pour la première fois l'histoire à un ami avocat. Qui l'oriente vers un autre, spécialisé en droit du sport, lequel lui conseille de porter l'affaire en justice. Le 18 mars 2014, il passe à l'action : il assigne le Losc et son buteur Moussa Sow à lui payer la somme de 1,5 million d'euros qui correspond, selon lui, au « gain manqué ».
Contre le LOSC et Moussa Sow, Jean-Pierre invoque l'article 1382 du Code civil (aujourd'hui 1240) : « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. »
Après enquête, le tribunal de grande instance de Clermont ne valide pas, estimant qu'il n'y a pas eu, de la part de Moussa Sow, de « volonté de tricherie ». Un buteur « ne dispose pas du temps nécessaire pour apprécier le hors-jeu »
Le retraité fait appel, estimant que l'attaquant savait parfaitement qu'il était en position de hors-jeu... La cour d'appel lui donne à nouveau tort en avril 2017.
Après avoir engagé plusieurs milliers d'euros pour se défendre, Jean-Pierre a décidé d'aller devant la Cour de cassation pour faire valoir ses droits. Celle-ci doit rendre sa décision dans les prochains mois.
« C'est l'ensemble du système des paris sportifs (et en amont celui des compétitions sportives) qui serait remis en cause. » a déclaré le club devant les juges.
* Le prénom a été changé
A suivre...
Source : blog du parieur