PSYCHO : La méthode carré d'as pour réussir son aventure poker (3/3)
La méthode carré d’as a été élaborée pour conduire son aventure poker dans les meilleures conditions possibles. En s’appuyant sur les 3 premiers piliers déjà présentés dans les articles précédents (ANTICIPATION – ATTITUDE – ACTION), on multiplie nos chances de réussite pour chaque nouvelle saison.
La méthode carré d’as a été élaborée pour conduire son aventure poker dans les meilleures conditions possibles. En s’appuyant sur les 3 premiers piliers déjà présentés dans les articles précédents (ANTICIPATION – ATTITUDE – ACTION), on multiplie nos chances de réussite pour chaque nouvelle saison. On s’approche, en effet, de notre meilleure version de nous-même en préparant le terrain, en ayant une bonne posture émotionnelle et en concrétisant toutes nos ambitions en actes réguliers.
Mais à ce sujet, quelles sont les particularités des actions les plus productives ? Comment faire en sorte de créer une dynamique d’actions constructives qui perdurera sur le long terme sans que l’on s’essouffle ? Comment enfin faire évoluer nos actions en corrélation notre propre évolution ?
Cet article va s’attacher à répondre à ces 3 questions avant de vous présenter un séminaire sur l’approche mentale du joueur de poker moderne.
Les actions les plus productives
Si l’on sait aujourd’hui que la différence de résultats entre les joueurs de poker ne réside pas dans leurs connaissances mais dans les actions qu’ils posent (Warm Up – Volume de jeu – Fréquence de bluffs – Concentration élevée – Cool Down – préparation mentale et physique, travail technique et stratégique, etc), tâchons de comprendre comment fonctionnent les actions efficaces. Voici, à mes yeux, quels sont les points à avoir en perspective pour faciliter la mise en place d’actions régulières et pertinentes.
L’action intentionnelle : Une action de qualité se produit souvent à travers la concrétisation d’un but. Plus ce dernier sera clair et prégnant dans notre esprit, plus l’action qui en découlera sera signifiante, fluide, et sera focalisée. Elle se détournera des perturbateurs et se concentrera sur l’essentiel. Elle suivra alors le principe de la loi de Pareto en allant chercher les 20% des causes qui produiront les 80% des résultats souhaités. Avant chaque action, ayez donc un but d’action suffisamment clair de ce que vous cherchez à accomplir.
L’action optimale : Une action, pour s’inscrire dans le flow, doit rester dans une fenêtre entre le défi et la maîtrise. On ne parle pas des actions anxiogènes ou routinières qui interdisent l’accès à la haute performance, mais d’actions dont la difficulté perçue est optimale. C’est-à-dire comme le rappelle Target.C (La bible de la préparation mentale, 2016), une action s’inscrivant dans un corridor où la perception de nos ressources est en concordance avec la perception de la demande de la tâche. Une action de délicieuse incertitude ! A nous de trouver ainsi des actions défis qui nous challengent, mais pas trop. C’est ainsi que notre motivation est à son plus haut point, tout comme notre faculté de concentration ou notre niveau d’activation.
L’action visualisée : Les neurosciences permettent aujourd’hui de mieux appréhender le principe de l’imagerie mentale et de la visualisation. Dehaene.S (le code de la conscience, 2015) explique ainsi que ce sont les mêmes régions du cerveau qui travaillent dans l’action et dans la visualisation mentale. La structure des schémas neuronaux sous-jacents à notre comportement se construirait de façon identique à travers ces 2 procédés, l’un virtuel, l’autre réel. Ce qui veut dire qu’une action que l’on a au préalable visualisée, serait rendue plus facile à entreprendre ensuite. L’organisation neuronale dont elle dépend sera déjà en partie mise en place. Le cerveau arriverait en terrain connu. Prenez donc le temps de vous imaginer réaliser une action quelle qu’elle soit (session complète en live, moove particulier au turn, réaction face à un bad beat, méditation, etc), afin d’en rendre l’exécution plus fluide.
L’action protégée : Pour être la plus productive possible, une action doit être protégée des distracteurs potentiels. La loi de Carlson montre par exemple comment nous augmentons notre efficience de 30% en effectuent une action en continu sans être coupé par différentes sources extérieures. Comme le disent les moines zen, « une seule chose à la fois ». C’est un principe également appuyé par les neurosciences aujourd’hui : le fonctionnement optimal du cerveau est le mono-tâche. Si vous voulez ainsi jouer dans la zone, en A-game, restez focus uniquement sur votre poker et oubliez tout le reste (skype, applications, Facebook, etc).
L’action limitée : Un autre principe important pour booster la productivité de nos actions est de les limiter dans le temps. Fixer un délai permet de créer un ultimatum positif à notre cerveau afin qu’il se concentre sur les aspects essentiels. C’est l’application ici de la loi de Parkinson : « tout travail tend à se dilater pour remplir tout le temps disponible ». Faîtes ainsi que le temps disponible ne soit pas trop long afin de rendre l’efficacité de votre action la plus optimale possible. Le délai doit donc créer une pression, mais rester somme toute raisonnable et acceptable. On peut par exemple définir un volume de jeu par semaine, ou un nombre de séances d’entrainements physiques, de méditations, de visualisations mentales…
L’action intermittente : c’est le principe du fractionné qui est aujourd’hui la méthode de référence pour tous les entrainements sportifs. Elle montre clairement sa supériorité en termes de développement des capacités sur la pratique plus ancienne de longue durée. La loi de Illich nous dit ici qu’ Au-delà d’un certain seuil, l’efficacité humaine décroît, voire devient négative. Une action productive doit donc être encadrée de pauses fréquentes, à intervalle de 50 minutes selon la moyenne des résultats obtenus lors des différentes expériences psychologiques. On voit ici que « les sessions marathon » sans pauses semblent être une ineptie productive…
L’action répétée : Enfin, pour qu’une action donne le maximum de résultats, elle doit s’inscrire dans la durée. Une citation de S.Johnson que j’adore pour illustrer ce principe : « ce n’est pas la force, mais la persévérance qui accomplit de grandes œuvres ». Ce principe du long terme est fondamental. Car « les gens surestiment souvent ce qu’ils peuvent faire en 1 an mais sous estiment ce qu’ils peuvent faire en 10 ans » comme dirait T. Robbins. C’est comme pour faire pousser une plante, il vaut mieux l’arroser un peu tous les jours, que l’inonder en une seule fois… Le Kaizen illustre très bien cette philosophie. Un petit pas chaque jour. Et d’un point de vue neurologique cela s’explique à merveille puisqu’il faut 30 jours de répétition pour modifier la structure interne du cerveau associée à une action. Au bout de 30 jours cette action sera devenue une habitude, non coûteuse en effort cognitif. Elle sera conduite en pilotage automatique et ne nécessitera plus la volonté.
Ce premier panel de principes d’actions efficaces peut vous permettre de construire des routines efficaces. Routines qui, comme nous venons de le voir, vous permettront de fonctionner en pilotage automatique constructif et créera une dynamique positive pour vous faire avancer sur votre aventure sans efforts à long terme. Le plus dur est de créer cette spirale d’action, ce Momentum. Celui -ci vous portera ensuite tout seul.
Se créer des habitudes constructives
Si l’action différencie les rêveurs des accomplisseurs, les habitudes différencient les petites victoires passagères du court terme, avec les belles réussites du long terme. Nous sommes ce que nous faisons, pensons, disons quotidiennement. Comme le disait Aristote, « L’excellence est un art que l’on n’atteint que par l’exercice constant. Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L’excellence n’est donc pas une action mais une habitude. » Le job de tout joueur de poker visant l’excellence est donc de créer ces actions répétées pour en faire des habitudes.
Prendre par exemple l’habitude de faire un warm up structuré, des pauses régénératrices, un cool down constructif, des études techniques hebdomadaires, etc.
Pour faciliter la mise en place d’habitudes, certains principes sont à appliquer :
Une habitude à la fois : vouloir tout changer d’un coup est le meilleur moyen de faire illusion quelques jours puis de tout lâcher ensuite. C’est mettre notre cerveau dans un environnement trop différent de ce qu’il connait de notre fonctionnement et créer des résistances qui vont bloquer toute évolution. Le cerveau est en effet doté d’un système de défense et d’équilibre homéostasique qui nous maintient dans une zone qu’il connait et maîtrise. Tout changement trop brutal viendrait à mettre en branle ce système qui n’aurait que pour mission alors de retrouver des schémas plus sûrs et rassurants. Il faut donc jouer de diplomatie avec notre système limbique et faire preuve de douceur, de progressivité, et de tactique.
Relier l’habitude à un déclencheur : Pour accrocher la nouvelle habitude à la réalité de notre existence, le mieux est de la relier à une action que nous faisons déjà quotidiennement (boire un café, prendre une douche, etc). Et quand nous associons cette action déjà présente à celle que nous voulons mettre en place, de nouvelles connexions se créer dans notre cerveau qui facilitent la mise en place de la nouvelle routine. Si vous voulez commencer la méditation par exemple, relier ce moment de sérénité avec le fait de s’asseoir à votre bureau par exemple. Ainsi, vous ancrez dans votre réalité, par l’intermédiaire d’une action déjà opérationnelle, votre nouvelle habitude.
Mettez des rappels sur les lieux adéquats. Une simple image facilitera également la fonction du déclencheur. Sur votre bureau toujours, une image d’une personne en méditation permettra de renforcer l’association bureau-méditation avant qu’elle ne devienne automatique. Vous pouvez également utiliser des applications sur votre téléphone de rappel tout le long de la journée. Vous pouvez enfin programmer différentes alarmes associées à vos nouvelles habitudes. Tout cela est à voir comme des béquilles mentales permettant à votre cerveau de créer de nouvelles neuro-associations.
Ces 3 premiers principes vous permettront ainsi de changer en profondeur votre comportement vers celui que vous avez décidé de construire aujourd’hui. Et si le début du changement va nécessiter quelques efforts, souvenez-vous qu’au bout de 30 jours, tout cela passera en pilotage automatique inconscient…
L'adaptation, le contact avec la réalité
A travers les trois premiers piliers, nous avons vu toute l’importance de la préparation d’une saison au poker, ou même simplement d’une session. Mais l’objectif d’un objectif n’est pas d’être réalisé. C’est de nous mettre en action et de nous réaliser. C’est de nous donner une première direction et de l’énergie pour commencer le chemin. Ensuite, sur la route, on peut se rendre compte, au gré de notre évolution, que l’objectif initial n’était peut-être pas le meilleur. Ou alors qu’il ne correspond plus tout à fait à la personne que l’on est devenue en avançant. Il faut alors s’adapter à cet ensemble et retravailler son objectif régulièrement. Il ne doit pas être vu comme un cadre strict et formel posé une fois pour toute. C’est davantage un processus itératif de raffinement régulier au regard des circonstances extérieurs et de nos progrès personnels.
Si l’on se rend compte que notre objectif de devenir joueur professionnel ne convient plus avec l’évolution actuelle de notre famille (arrivée d’un enfant par ex), le principe d’adaptation doit alors prévaloir et nous éloigner de toute forme de culpabilité au regard de la non atteinte de cet objectif. A nous de trouver alors une solution de compromis plus optimale.
Rappelons que l’objectif d’un objectif n’est pas d’être réalisé mais de nous réaliser. Il est de nous faire avancer à un moment M. Mais à un moment T, la route prendra peut-être une bifurcation non prévue à l’origine. Nulle importance. Le moment présent à toujours raison pour paraphraser Eckhart Tolle.
C’est lui qui nous relie à la réalité, c’est lui qui nous raccroche à la vie. Tout comme le point le plus important de la roue d’une voiture est celui qui est en contact avec le sol, le point le plus important de notre vie est le moment que nous vivons actuellement. Et même si notre passé et notre futur induisent notre présent, l’inverse est également vrai. Le présent contient un pouvoir à partir de notre état de présence. Plus nous sommes présents ici et maintenant à ce que la vie nous offre et qui peut différer de tout ce que nous envisagions, plus nous pourrons nous adapter au mieux et avancer sur la vague du flow.
Il faut donc garder une grande ouverture d’esprit et de souplesse avec tout le cadre que nous construisons avec notre préparation.
On entrevoie très facilement au poker ce principe d’adaptation au moment présent à travers des situations où nous avions prévu une stratégie particulière (face à un joueur particulier, ou au regard de l’ensemble de notre range), et un détail perçu vient nous proposer alors une nouvelle solution. Cela peut être un tell particulier chez vilain ou une nouvelle idée dont on n’avait jamais pris conscience.
Utiliser alors notre intuition pour agir dans le moment présent en s’adaptant à une réalité non prévue est le meilleur moyen de rester dans le flow, en connexion directe avec l’environnement.
Les techniques de méditation, d’apprentissage de soi et de ses différentes états émotionnels et ressentis physiques sont ici un atout majeur.
Une intégration en immersion totale
L’ensemble de ces 4 piliers de la méthode carré d’as et des différentes techniques sous-jacentes forment un cadre complet et systémique qui peut vous conduire vers votre plus haut niveau de jeu au poker.
A travers l’ANTICIPATION, vous aurez posé un ensemble d’objectifs qui va soutenir votre motivation et de conduites à avoir face à un panel de situations. Dans tous les cas, l’anticipation aiguise la clarté et nous place dans des dispositions mentales à même de prendre de bonnes décisions et des choix éclairés.
Par votre ATTITUDE, vous contrôler votre énergie physico-émotionnelle, la qualité de vos actions et surtout de vos réactions. Vous avez alors un impact important sur vos résultats quelque soient les évènements que vous vivez.
Les ACTIONS que vous posez, et ce de façon régulière, constituent le véritable pont entre vos objectifs et leurs réalisations. Vous devenez alors un accomplisseur qui vit son rêve au lieu de rêver sa vie.
Et enfin l’ADAPTATION vous permet de rester en contact avec le flow de la vie et d’évoluer avec souplesse dans votre réalité.
Ces 4 piliers sont approfondis lors du séminaire « POKER DE REVE » que j’organise plusieurs fois par an pour un petit groupe de personnes sur un weekend. Il donne lieu à des prises de conscience, des dépassements de soi, des acquisitions de connaissances et des découvertes de nouvelles pratiques mentales. C’est toujours une expérience magique, riches de rencontres et de transformations.
Par Laurent « lolo » Delbrel, coach mental poker
Article extrait du n°117 de Livepoker