METHODE : Comment bien se concentrer pour mieux jouer au poker - Part I
Il ne suffit pas d’être un bon joueur de poker, il faut aussi bien jouer…
Il ne suffit pas d’être un bon joueur de poker, il faut aussi bien jouer…
Comment arriver à « être dedans » dès le début d’une session online ?
Que faire pour ne pas se laisser perturber par un bad beat ?
Ecouter de la musique en jouant au poker peut-il être bénéfique ?
Peut-on s’autoriser à consulter Facebook quand on joue ?
Est-ce que le tabac favorise réellement la concentration ?
Dans cet article, « petiteglise », coach chez Poker Académie, répond à toutes ces questions pour les lecteurs de LivePoker.
En guise d’introduction, je vous invite à effectuer un petit test fort sympathique d’à peine plus d’une minute sur Youtube, avec la vidéo : « The Monkey Business Illusion ». Les résultats se trouvent à la fin de la vidéo. Cette courte vidéo illustre de manière amusante l’effet des distracteurs sur l’attention.
La concentration peut être vue comme un gâteau de ressources : si l’on en attribue une grosse part à une tâche, il restera forcément moins de ressources disponibles pour d’autres activités, qui seront alors bâclées. Cette théorie primaire a été depuis améliorée, par l’inclusion de la précision suivante : quand on effectue deux tâches en même temps, il peut y avoir une partie commune et une partie différente de l’attention partagée. C’est pourquoi il est extrêmement difficile d’effectuer en même temps une division et une multiplication (tâches proches demandant le même type de ressources) alors qu’il n’est pas si compliqué de chanter tout en dansant (tâches qui demandent deux types de ressources).
Cette théorie, qui est admise par beaucoup de psychologues, me semble pourtant incomplète, car elle ne prend pas en compte l’ennui comme facteur de distraction. Quand on se concentre exclusivement sur une seule tache, on peut vite s’ennuyer, et donc se déconcentrer. Alors qu’un élément considéré comme distracteur peut tuer l’ennui et nous permettre indirectement de nous reconcentrer sur la tache initiale.
Mais trêve de théorie abstraite et généraliste, passons à la pratique et au poker !
Le contexte psychologique
Globalement, un joueur de poker aura toujours des plus mauvais résultats en début de session. Il y a des explications purement pokeristiques à cela : le nouvel entrant à la table n’a pas connaissance du rythme de jeu et n’a pas ou peu d’informations sur les autres joueurs. Mais un autre facteur à ne pas négliger, est que, en début de session, le joueur peut ne pas encore avoir la tête au poker.
Imaginons que vous soyez un joueur occasionnel / semi-reg qui multitable habituellement 6 tables. Vous rentrez du boulot et voulez jouer au poker. Si le temps d’attendre la grosse blind vous suffit pour faire fi de votre journée de taf et vous immerger dans le poker, alors vous pouvez lancer les 6 tables dès le début. Mais, si vous remarquez que, trop souvent, vous-vous dites en début de session « je ne suis pas dedans », alors voici des conseils concrets :
Avant chaque session, vous pourriez effectuer un quizz de poker, vous pourriez également commencer par lancer une seule table, puis augmenter progressivement leur nombre jusqu’à 6, ou encore, débuter par une analyse des mains de la session précédente avec votre tracker. Ces simples petites habitudes à prendre, destinées à vous faire jouer uniquement lorsque votre cerveau est bel et bien « en mode poker » peuvent vous faire économiser nombre d’euros en début de session.
Notons que le titre de contexte psychologique n’a pas été choisi au hasard : la capacité à se plonger dans une activité, le poker en l’occurrence, dépend plus du contexte que de la personnalité du joueur.
Si vous êtes en tilt dans la vie, suite à une rupture par exemple, penser à autre chose vous sera probablement impossible. Dans ces cas extrêmes où une pensée est omniprésente, il est peu probable que vous jouiez votre A-game.
Bien gérer les bad-beats
Plus un joueur est expérimenté et plus il multitable, mieux il gère les bad-beats. Mais seul un ordinateur est véritablement insensible aux coups du sort. Si après un (ou plusieurs…) bad-beat, vous n’arrivez pas à vous dire « j’ai bien joué, rien à me reprocher, passons à la suite » alors il est nécessaire de faire le deuil de ce coup au plus vite.
Pour cela, vous pouvez rejouer le coup grâce au replayer de votre room online, jusqu'à ce vous vous disiez "ok, pas eu de chance, n'y pensons plus". Ces 20 secondes de perdues vous éviteront peut-être de ressasser le coup et donc de jouer déconcentré durant les 20 minutes suivantes.
Si un coup vous est particulièrement douloureux, laissez sortir des insultes peut vous être profitable. Attention, je ne parle aucunement de trash-talking sur le chat ! Cette pratique infantile est à mon sens condamnable et aura surtout pour effet de vous faire étiqueter fish par les autres joueurs. Mais des études ont montré que nous résistons mieux à la douleur lorsque nous vociférons des injures. Par exemple, vous pourrez garder plus longtemps la main dans de l’eau glaciale si vous balancez des gros mots que si vous restez silencieux. C’est pourquoi il est naturel d’être vulgaire quand on se fait mal. Appliqué au poker, il est peut donc être conseillé de ne pas censurer son envie d’insulter l’adversaire lors d’un bad-beat, en tous cas de le faire derrière l’écran. (et non sur le chat !)
La musique
Toutes les études semblent le montrer : l’écoute de musique altère l’attention. Quand on fait passer un test cognitif à deux groupes de sujets, l’un subissant de la musique l’autre non, le groupe avec musique aura de moins bons résultats. De plus, les musiques modernes type électro distraient plus que la musique classique (qui distrait tout de même, contrairement à une légende urbaine qui a beaucoup circulé).
Ces constats, en accord avec la théorie des ressources disponibles, mentionnée plus haut, semblent assez intuitifs. Doit-on en conclure qu’il faille bannir l’écoute de musique quand on joue au poker ?
Avant de répondre, permettez-moi une petite digression : vous êtes au volant, radio allumée, et vous devez effectuer une manœuvre difficile. Il y a de bonnes chances pour que vous baissiez le volume, peut-être même sans vous en rendre compte : votre cerveau a besoin de toutes les ressources disponibles et ne peut se permettre d’en octroyer à l’écoute de musique. Mais imaginez que vous n’écoutez pas du tout de musique pendant un long voyage, seul au volant. Vous allez rapidement vous ennuyer et vous déconcentrer…
La suite dans un prochain article...