Julien Martini (2/2) : « Intégrer une team me plairait bien »


Julien Martini (2/2) : « Intégrer une team me plairait bien »

Suite de notre entretien du mois de janvier, avec Julien Martini dans le n° 131 de Livepoker, suite à  sa grosse perf au PCA.


Revenons aux tournois, tu sembles particulièrement à l’aise dans les tournois avec de gros fields ? Est-ce le cas ?
Il y a une raison très simple et logique. Comme je joue peu de tournois, j’essaie de les sélectionner au mieux et dans cette optique le prizepool est le premier critère. Je n’ai pas eu l’occasion de jouer beaucoup de tournois à faible field et de toute façon ce ne sont pas tournois qui m’attirent, d’autant plus que jusqu’à présent je ne pouvais pas me permettre de jouer des 50k ou des 100k. Ne jouant pratiquement que des tournois avec de nombreux joueurs, quand je perfe c’est dans ce genre de tournois.

Quel style de jeu déploies-tu pour réussir dans ces tournois ?
Il n’y a pas de style de jeu plus efficace que d’autres, il faut juste s’adapter à sa table. Chaque joueur est différent avec ses faiblesses et il convient de les repérer et d’appuyer dessus. Je suis capable de jouer très tight ou au contraire très loose selon les tables, je ne pense pas avoir de style de jeu propre. Aujourd’hui il y a un gros peloton qui joue de la même façon. Contre ces joueurs, j’aime essayer de comprendre ce qu’ils font et les faire sortir de leurs gonds, leur faire effectuer des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de faire, notamment les joueurs online. J’essaie de les mettre dans des situations où ils doivent réfléchir à l’instant sans repères, je fais en sorte d’aller souvent à l’encontre des théories GTO pour jouer exploitant. Le GTO voudrait qu’on overbet par exemple la rivière avec une range polarisée, je vais challenger des joueurs compétents faisant partie de ce peloton dont je parlais en le faisant avec une range mergée. Je pense que c’est le « secret » pour deep run des tournois, c’est d’essayer de comprendre comment réfléchit l’autre et le mettre dans une situation où il va faire des erreurs.

On te voit peu en France, est-ce que cela va changer avec l’arrivée espérée de beaux tournois et de clubs à Paris?
J’adore venir en France, j’y ai mes parents, mes amis d’enfance, j’aime la nourriture, la culture, la langue, j’adore la France. Le problème, c’est que je ne peux pas y vivre pour d’évidentes raisons, fiscales en premier lieu, mais aussi car l’offre poker est aujourd’hui inexistante au-dessus de 1000 €. Alors ce n’est pas grave, je trouve très bien qu’il y ait de nombreux tournois à 200 ou 500 € comme les DSO où plein de joueurs vont pouvoir se réunir, il n’y a pas forcément besoin d’aller plus haut. Mais pour moi, je ne peux pas y vivre, alors je viens pour des vacances et j’en suis toujours très heureux. L’ouverture des clubs de jeux va certainement changer les choses, les rooms vont pouvoir organiser des événements pour faire leur com et de beaux tournois pourraient apparaître dès 2019 ou 2020. Partypoker, par exemple, ne devrait pas laisser passer l’occasion avec une grosse série de tournois plus chers que d’habitude. Evidemment, je serai présent, je n’attends que ça.

Tu prévois de disputer les WSOP cet été, que représentent pour toi les World Series ?
Je vais y être un mois et demi. Les WSOP sont l’objectif numéro 1. Jusqu’à ce que je gagne ces trois millions aux Bahamas mes deux objectifs pour 2019 étaient de faire une aussi belle année que la précédente en cash game et de tout faire pour gagner deux bracelets. Un objectif que je sais être très ambitieux pour lequel j’évalue mes chances à maximum 5%. Mais si je n’en gagne qu’un, je serai évidemment très heureux, ça je l’estime à 20%. Pour répondre à la question de ce que représentent les WSOP, eh bien après les Aussie Millions auxquels je participe, je vais rentrer à la maison et travailler comme un malade toutes les variantes pour préparer aux mieux les WSOP. J’ai appris que jamais un Français n’avait gagné deux bracelets la même année à Vegas, j’aimerais être le premier, même si je sais que c’est un objectif quasiment irréalisable.

Toi qui joues aussi bien à Vegas qu’à Macau, c’est quoi le top ?
Rien à voir. J’adore Vegas, c’est génial, l’ambiance est géniale, les gens sont gentils, il y a plein de choses à faire dans la ville, vraiment il n’y a pas photo (il le répète). Macao, c’est l’enfer ! En terme de vie, c’est jouer 14 heures par jour, dormir et quand tu es épuisé, tu pars et tu vas ailleurs. Alors que Vegas, je me verrai bien y vivre un jour, tu peux y avoir une vie très équilibrée tout en étant un grinder.

Tes objectifs pour 2019 ?

Le bracelet c’est tout. Je vais jouer le maximum de tournois, exclusivement au Rio, sans me mettre de limites. Je vais surement privilégier les mixed games plutôt que le NLHE pour la simple raison que les fields sont plus réduits et donc mes chances de victoire plus élevées, sans pour autant faire l’impasse sur les 1500 $ ou les plus petits buy-ins. Je serai aussi très content de deep run un de ces tournois. En termes de résultats ou de bilan financier, avec ce qui se vient de se passer aux Bahamas, mon année est déjà réussie, donc je vais viser le bracelet et uniquement le bracelet. Je ne vais pas quitter le Rio !

Tu es numéro 1 LivePoker en janvier ! A ce propos, est-ce que tu t’intéresses aux classements (GPI ? LivePoker, Hendon, etc.) ?

Pas du tout. Mais je sais que mes proches regardent et que pour eux c’est très important. Pour moi ça ne l’est pas. Par exemple, j’ai terminé 2e du PSCP alors que Sonny Franco terminait 3e du Warm Up avant de remporter le Main Event des WSOP-C à Marrakech, alors le premier ça devrait peut-être être lui ? Moi c’est quelque chose qui ne m’intéresse pas ou plus précisément qui n’est pas dans mes objectifs, d’autant plus qu’on ne bataille pas tous à armes égales en fonction de sa bankroll et des tournois que l’on joue. Benjamin Pollak, par exemple, même s’il ne fait pas une bonne année, il sera certainement dans le Top 3 et peut-être même premier. Je n’ai absolument pas l’esprit de compétiteur pour ça.

Tu réunis de nombreux critères positifs, l’idée d’être sponso t’a effleuré ?
Jusqu’à présent non, car je voulais garder ma totale liberté et pouvoir jouer en cash aussi souvent que nécessaire. Un contrat aurait représenté plus de contraintes qu’autres choses pour le joueur de cash game que j’étais. Aujourd’hui, je peux mettre le cash game de côté et vivre l’expérience du circuit, intégrer une team est donc quelque chose qui clairement me plairait bien.

Et plus globalement pour la suite de ta carrière et plus généralement de ton existence quels sont tes objectifs ?
Etre heureux, me sentir bien dans mes baskets, ne jamais m’ennuyer ou faire quelque chose que je n’ai pas envie de faire. Prendre soin de ma famille et mes amis, oui prendre soin des gens que j’aime constitue vraiment un objectif sur le long terme. De manière générale mes véritables objectifs dépassent le cadre du poker, le principal d’ailleurs c’est vraiment d’être heureux.

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