Alain Bouzigues : ''Le poker m'a aidé à  devenir un meilleur comédien''

Connu notamment grâce à son rôle de Philippe Gatin dans la série Caméra Café, Alain Bouzigues a découvert le poker au contact de Bruno Solo et fait aujourd'hui partie des People de Winamax. Le comédien de 48 ans qui est apparu dans la série Baron Noir cette année nous raconte ses parties de cash-game avec Christophe, se souvient de son expérience mitigée à Las Vegas et évoque son admiration pour Patrick Antonius et Tom Dwan.
 
Quand et comment avez-vous découvert le poker ?
J'ai commencé à jouer au poker il y a maintenant une dizaine d'années je dirais, c'est Bruno Solo qui m'a appris le Hold'Em. On s'est mis à jouer avec toute la clique de Caméra Café pendant les tournages et lorsque l'on faisait des tournées en province aussi. On a tous passés de très très bons moments, c'était vraiment fun.
 
Quelles sont vos habitudes de jeu ?
Aujourd'hui, je partage mon temps de poker entre des tournois sur Winamax et des parties privées que j'organise chez moi ou chez des potes comme Christophe par exemple. On joue en cash-game de très petites sommes, des caves de 10 euros. On n'est pas des fous furieux ! Pour moi, les parties entre amis doivent rester un amusement. Comme nous sommes tous d'un niveau similaire, l'argent tourne au bout d'un moment... Quand il y a de grosses sommes en jeu, ce n'est plus une partie entre potes. Par contre, on joue très régulièrement, parfois plusieurs fois par semaine. Sinon, on peut me retrouver quasiment tous les jours sur Winamax. J'ai l'habitude de lancer un tournoi, à 10€, 20€ ou parfois 50€. Je le gagne, je suis payé ou pas mais je n'en fais qu'un !
 
Qu'est-ce qui vous plaît dans le poker ?
J'ai l'impression que le poker c'est comme une espèce de condensé de la vie. La vie c'est un long combat que l'on va perdre... mais tout au long, il faut en faire quelque chose d'intéressant. Le poker peut procurer une euphorie de dingue l'espace de deux minutes lorsque l'on remporte un coup et puis on peut perdre tout l'instant d'après... Ensuite, on va devoir galérer pour réussir à reprendre tout ce qu'on a perdu. Finalement le poker est un résumé assez amusant de mon métier. Quand on est comédien, on peut être au top à certains moments et puis ne plus rien faire pendant six mois...
 
Parlons de votre métier justement. Le fait d'être comédien est-il un avantage pour un joueur de poker ?
Je ne pense pas que le fait d'être acteur t'aide vraiment à devenir un bon joueur de poker. J'aurais d'ailleurs plutôt tendance à dire que c'est le poker qui m'a aidé dans mon métier de comédien. Le poker m'a appris la patience qui est un vertu indispensable lorsque l'on est sur un tournage. Louis Jouvet disait d'ailleurs que "le cinéma c'est l'art de trouver une chaise".
 
Quel type de joueur êtes vous ?
Je pense être un joueur plutôt serré sauf avec mes amis en cash-game où je vais voir plus de flops et avoir davantage tendance à tenter des coups. En tournoi, je suis plus sérieux et je vais sans doute moins bluffer. A moins que je sois en train de bluffer en vous disant ça...
 
Quelles sont vos qualités en tant que joueur ?
Hormis la patience, je pense que bien gérer sa bankroll c'est la base. En table privée, je tiens mes comptes et je suis positif et pareil sur Internet. Pour continuer à prendre du plaisir, il ne faut pas que j'ai la sensation de perdre. Aujourd'hui, si un soir je perds 100 €, je sais que je n'ai pas vraiment perdu cette somme. L'important pour moi, c'est que le poker reste un jeu. Il ne faut surtout pas vouloir jouer plus haut que son cul ! Le poker peut entraîner des catastrophes. Des tas de gens jouent très mal et parlent tout le temps de se refaire... Je déteste cette notion, je veux juste me faire, tranquillement.
 
Dans quels domaines devez-vous progresser ?
Je dois améliorer mon jeu de tournoi car j'ai remarqué que je n'arrive pas à monter des jetons assez vite. Il faudrait que je sois moins souvent dans les places payées mais que j'atteigne plus souvent des tables finales. Etre payé et se faire éliminer juste après la bulle, ça n'a pas vraiment de sens. J'essaye d'apprendre tout ça sur le tas. Et sur le tas de jetons si possible...
 
Avez-vous déjà participé à de gros tournois ?
Une fois, j'avais gagné ma place à Las Vegas sur Winamax et j'avais donc pu participer à un tournoi à 1500 $ des World Series. Je n'ai jamais été aussi noir au poker de ma vie qu'à Vegas. Pendant mon séjour, j'avais pris l'habitude d'aller jouer un petit tournoi à 50 $ tous les matins. Au bout de 3 ou 4 jours, les habitués du casino me voyait arrivé. Ils me disaient : «You play well but you're not lucky...» J'en garde tout de même un bon souvenir car Vegas reste un peu la Mecque du joueur de poker. D'un autre côté, cette ville est une aberration tant au niveau écologique qu'humain. Je pense qu'il faut y rester très peu de temps, juste assez pour s'en amuser, se rendre compte à quel point l'homme peut être génial dans sa médiocrité. Et pourtant, j'y retournerais avec plaisir.
 
Avez-vous de l'admiration pour des joueurs pro ?
J'aimais bien voir jouer un mec comme Patrick Antonius qui est tellement marmoréen, il bouge pas d'un poil. Tom Dwan était un putain de joueur impressionnant aussi. Sinon, j'ai beaucoup de respect pour Kool Shen. Voir qu'un artiste comme lui réussit à avoir différentes carrières, avoir plusieurs cartes dans son jeu, ça me fascine. Je pourrais aussi parler de Fabrice Soulier qui a eu de très beaux résultats, mais c'est un pote !
 
Quel est votre film préféré sur le poker ?
J'aime beaucoup le film Les Joueurs avec Matt Damon et John Malkovitch car il résume assez bien ce à quoi peut ressembler le quotidien d'un apprenti-joueur. Puis, il y a une galerie de personnages formidables... J'aime aussi beaucoup le film Croupier qui est davantage consacré à l'univers du jeu qu'au poker. Sinon, je suis fan de la série House of Cards où l'on joue au poker sans les cartes et sans les jetons !
 
Interview parue dans Live Poker n°107, propos recueillis par Maxime Joly.