EXCLU - Kenny Hallaert : ''Si je finis 4e, je serai déjà  très content''


EXCLU - Kenny Hallaert : ''Si je finis 4e, je serai déjà  très content''

Directeur des tournois au Casino de Namur et joueur aguerri, le Belge Kenny Hallaert va disputer la finale du Main Event des World Series of Poker à  partir du 30 octobre prochain à  Las Vegas. Entretien avec un homme serein et sà»r de ses forces.


Désormais, c’est presque une habitude de retrouver un joueur belge parmi les November Nine. Après Pierre Neuville l’an passé, [Kenny Hallaert] s’est qualifié à son tour pour la finale du Main Event des World Series of Poker de Las Vegas - le tournoi le plus prestigieux du monde qui reprendra à partir du 30 octobre du côté de Sin City. Ancien électricien devenu directeur des tournois du Casino de Namur, Kenny Hallaert a réalisé un parcours exceptionnel, presque sans embûche, qui lui permet aujourd’hui encore de rêver au titre de champion du monde et aux quelques huit millions de dollars promis au vainqueur. Installé à Londres, ce supporteur du club de foot de Bruges continue tranquillement de travailler son jeu avant d'en découdre avec Cliff Josephy, Gordon Vayo ou encore Vojtech Ruzicka. Entretien avec un joueur serein et sûr de ses forces.
 
 
A seulement quelques semaines de la grande finale de ce Main Event, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ? Commencez-vous à ressentir la pression ?

C’est vrai que c’est tout proche maintenant. Je suis encore en pleine préparation mais je ne ressens pas du tout de stress pour le moment. J’ai une pleine confiance en mon jeu et en mes capacités à réaliser un bon résultat à Las Vegas.
 
 
Quand partez-vous pour Las Vegas ?

Je pars le 21 octobre. Avec une dizaine de jours d’avance sur le début de la table finale, je ne risque pas de souffrir de jet-lag. Au début, je serai tout seul et ensuite des amis et ma famille me rejoindront. Je préfère me garder quelques jours là-bas pour pouvoir encore me préparer tranquillement, sans aucune distraction.
 
 
Comment prépare t-on une finale comme celle-ci ?

Déjà, la première grande différence avec d’autres tournois, c’est qu’on a trois mois de préparation. D’habitude on ne se prépare jamais aussi longtemps pour une seule compétition… Ensuite, on a beaucoup plus de données en notre possession : on sait contre qui on va jouer, pour combien d’argent et on connait même notre place à la table. Contrairement au tout début du Main Event, où l’on ne sait jamais face à qui on va se retrouver, on dispose de beaucoup d’informations sur nos adversaires. En plus, on les a joué pour la plupart au cours des jours précédents. On arrivera donc très bien préparé et c’est tant mieux car on va jouer pour énormément d’argent. On peut aussi commencer à faire des calculs d’ICM…
 
 
Avez-vous beaucoup étudié le profil de vos adversaires ?

La plus grande partie du travail a été d’améliorer mon jeu. Parce qu’en réalité, tu as beau bien profiler tes adversaires, si ton jeu est encore mauvais, ce ne sera pas la solution. L’important pour moi ça reste de travailler son propre jeu.
 
 



 
Avez-vous demandé à votre compatriote Pierre Neuville, finaliste l’an passé, des conseils pour aborder cette dernière ligne droite du Main Event ?

J’ai la chance de connaître des finalistes des trois dernières années, Pierre Neuville, Jorryt van Hoof et Michiel Brummelhuis. J’ai donc pu discuter avec eux de leurs expériences et ils m’ont donné quelques conseils, m’ont dit quoi faire, quoi ne pas faire… J’ai tiré beaucoup d’enseignements de ses conversations. En plus, les deux dernières années j’étais à Las Vegas au moment de la table finale du Main Event donc je sais déjà un peu comment ça se passe là-bas. Cela peut être un avantage pour moi car je ne pense pas que tous mes adversaires possèdent cette même expérience.
 
 
Vous avez joué peu de tournois live cet été mais à la rentrée, vous avez brillé online en remportant un tournoi majeur sur partypoker et plus de 60 000 dollars. Ce genre de performance vous apporte-t-il encore plus de confiance ?

C’était un tournoi à 109 dollars avec environ 4500 joueurs donc j’étais très satisfait de cette victoire. Bien sûr, c’est quelque chose qui m’a donné un boost. En quelque sort, ça m’a rappelé que gagner des tournois c’est possible ! (rires) Je suis encore en phase de préparation mais si on me dit qu’on va jouer la table finale dès demain, je n’aurais aucun problème avec ça !
 
 
Si je finis neuvième parce que je suis tombé contre une paire d’As alors que j’ai une paire de Rois, je ne pourrais pas être déçu. Au contraire, si je termine disons sixième après avoir commis une grossière erreur, cela sera un véritable échec.  
 
Avez-vous eu un parcours facile dans ce Main Event ?

J’ai très bien commencé dans ce tournoi. J’avais déjà 100 000 jetons après le premier niveau et plus de 200 000 jetons à la fin du Day 1. Ensuite, j’ai bien progressé : 400 000 jetons à la fin du Day 2, je termine chipleader du Day 3. C’est à partir du Jour 5 que j’ai connu des difficultés. Je suis tombé à seulement une dizaine de blindes. J’ai réussi à remonter à 20 blindes sans showdown et c’est à ce moment que j’ai joué le coup le plus important de mon tournoi : j’ai gagné une main à tapis préflop avec les Rois contre les Dames. Deux ou trois heures après, j’étais redevenu chipleader du Main Event - j’étais passé de 10 blindes à peut-être 150 ou 200. J’ai eu un rush incroyable à ce moment !
 
 
En table télévision, vous êtes apparu très serein. Le calme fait partie de vos qualités de joueur de poker.

Je pense en effet être quelqu’un de très patient. Je suis aussi persévérant, je n’abandonne jamais. Je donne toujours le maximum de moi-même, jusqu’à la fin, peu importe qu’il me reste seulement quelques blindes, je ne lâche pas.
 
 
Lors des épisodes 7 et 8 du Main Event diffusés par ESPN, on vous voit appelé le floor après qu’un de vos adversaires a tenté de lire ses notes alors qu’il était engagé dans un coup. C’est un réflexe de directeur de tournoi ça ?

Oh… Peut-être un peu mais c’est surtout la réaction d’un joueur qui pense que le jeu doit rester honnête. Cela me semble logique qu’au cours d’une main qu'on ne soit pas autorisé à consulter des fiches, que ce soit sur papier ou sur son GSM. C’est pour ça que j’ai demandé un ruling.
 
 
 
 
Vous avez affronté William Kassouf, l’un des phénomènes de ce Main Event, qu’avez-vous pensé de lui ?

J’ai joué avec lui pas mal de temps c’est vrai, lors du Jour 6 et au début du Jour 7. C’est un joueur qui parle énormément, comme tout le monde l’a vu, mais cela ne me dérange pas. Lorsque je suis dans un coup, je ne réponds jamais à mes adversaires. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, je ne répondrai pas à leurs questions. Entre les coups, c’est différent, je n’ai aucun problème pour parler avec les autres joueurs.
 
 
Quel est votre objectif dans ce Main Event maintenant ?

Le but c’est évidemment de gagner le tournoi ! Mais bon, ce sera également l’intention des huit autres joueurs… Donc il faut être réaliste. Si je finis neuvième parce que je suis tombé contre une paire d’As alors que j’ai une paire de Rois, je ne pourrais pas être déçu. Au contraire, si je termine disons sixième après avoir commis une grossière erreur, cela sera un véritable échec. Pour l’instant, je suis quatrième en jetons donc si je peux finir quatrième, je serai déjà très content. Après, tout dépendra des cartes, de la dynamique de la table, c’est difficile d’anticiper tout ça.
 
 
Quel est pour vous le favori de cette table finale ?

Le favori pour le moment c’est logiquement Cliff Josephy puisque c’est le chipleader du tournoi. En plus d’avoir beaucoup de jetons, il a une très grande expérience. Il pratique le poker depuis déjà 15-20 ans. J’ai peu joué avec lui au cours du Main Event mais je connais ses qualités. Il ne faut pas oublier par exemple qu’il a déjà gagné deux bracelets aux WSOP. Tous les autres joueurs sont également très compétents bien sûr et auront leurs chances.
 
 


 
En fonction de votre résultat, allez-vous changer votre rythme de jeu ?

Je n’ai pas encore du tout penser à ça. Pour le moment, je reste concentré sur mon travail de préparation et sur mon objectif d’aller le plus loin possible dans ce tournoi. Quand la compétition sera finie, je regarderai combien d’argent j’ai sur mon compte et puis seulement là je prendrai une décision pour le futur…
 
 
Si vous devenez champion du monde de poker et que vous remportez les huit millions de dollars promis au vainqueur, que ferez-vous avec vos gains ?

Après, le Main Event, peu importe le résultat, je ferai certainement un beau voyage. Mais, une fois encore, pour le moment, tout reste conditionné à mon résultat final. Quand tout sera fini, je vais rentrer chez moi, m’asseoir dans un fauteuil et là je pourrais tranquillement penser à tout ça.
 


Propos recueillis par Maxime Joly
 

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