EXCLU - Michel Boujenah, le poker dans la peau

Acteur, réalisateur et humoriste, Michel Boujenah fait aujourd’hui partie de l’équipe WIP de Winamax. Passionné par le poker depuis son plus jeune âge, celui qui sévit online sous le pseudo “sweet91” a accepté de répondre à nos questions quelques minutes avant le coup d’envoi de la finale du Winamax Poker Tour 2016, en mars dernier. 
 
Bonjour Michel, pouvez-vous nous parler de votre actualité ?
Je suis dans les finitions de mon troisième film qui s'appelle "Le Cœur en Braille". J'en suis au mixage et à l'étalonnage. Un film est un marathon de trois ou quatre ans. Actuellement, j'en suis au ¾ du parcours. Ensuite, il y a le marché du film, puis le festival de Cannes, qui est très important. Dans peu de temps, le film va m'échapper et appartiendra aux personnes du marketing et aux exploitants.
 
Quand et comment avez-vous découvert le poker ?
J'ai découvert le poker à l'âge de quatre ans, avant de savoir lire et écrire ! On jouait beaucoup aux cartes à la maison. Vous ne me croirez jamais, mais ma première main de toute ma vie, c'était une quinte flush royale au poker fermé. Mon frère et mon père ont même vérifié mes cartes !
 
Puis vous avez appris le No Limit Hold'em. Qu’est-ce qui vous attire dans ce jeu ?
J'ai commencé le No Limit Hold'em il n'y a pas si longtemps que ça. Auparavant, j'aimais bien la belote. Ce qui m'attire dans le poker, c'est ce côté convivial que je retrouve autour d'une partie hebdomadaire avec mes copains et mes frères. Quand on perd 80 €, c'est la fin du monde. Au contraire, si je remporte 40 €, je frime toute la semaine en leur envoyant des messages "Vous êtes des nuls". On rit beaucoup. L'amitié, l'amusement, le plaisir : tous ces aspects m'attirent, avec un enjeu bien évidemment.
 
« J'ai appris à jouer au poker avant de savoir lire et écrire ! »
 
Quelles sont vos habitudes de jeu ?
Je joue en cash game avec des amis et mes frères, mais je suis fondamentalement un joueur de tournoi. En tournoi, l'argent n'est plus quelque chose qui détermine le jeu. Par exemple, au cours des Winamax Live Sessions, j'étais cavé à 1500 €, d'autres à 5000 €. Quand ils envoient 300 €, ce n'est pas grand chose pour eux. Alors que pour moi... En tournoi, on est tous égaux au départ. Woody Allen disait : « Pour être en compétition, il faudrait avoir les mêmes acteurs, le même scénario, la même équipe technique et le même budget ».
 
Vous évoluez dans le milieu du septième art. Existe-t-il des compétences ou avantages issus de votre métier d'acteur que vous mettez à profit autour des tables ?
Ca marche uniquement dans le regard des autres, mais pas dans le mien. C'est à dire que c'est eux qui s'imaginent que mon métier est un avantage ! En général, les acteurs ne sont pas de bons acteurs dans la vie. Nous jouons mal la comédie, en plus d'être souvent timides et très angoissés. J'ai vu certains joueurs de poker avec une vraie force mentale. Nous, à côté d'eux, nous sommes des « gruyères ». 
 
Comment décririez-vous votre attitude à une table ?
Cela dépend. Lorsque je suis concentré,  je ne parle pas, je suis dans mon coin, j'écoute, j'observe et je ne fais pas mon numéro. A ce moment-là, je suis plutôt bon. Mais dès que je commence à faire l’imbécile, je craque. Et les pros le savent.
 
Quel est votre style de jeu ?
Je joue tellement serré que je suis un joueur difficile à attraper. Même pour les meilleurs. Le tout, c'est de bien se sentir pour s'amuser. A chaque fois que j'ai joué mon jeu, je me sentais bien. C'est pour ça que le poker est intéressant : si vous vous prenez pour autre chose que ce que vous êtes, vous prenez une grande claque. Le poker vous apprend à la fois l'humilité, le respect d'autrui, et le fait de faire attention aux autres : j'ai appris à savoir jeter mes cartes, passer, ne pas être amoureux de mon jeu et ne jamais jouer un joueur.
 
Quelle est votre faiblesse ?
Ma grande spécialité, c'est de perdre la moitié de mon tapis dans la première heure dans les tournois deep où la structure est assez lente, C'est incroyable, à chaque fois c’est pareil. Lors d'un satellite à Nice pour le PPT, j'ai perdu la moitié de mon stack au bout de la troisième main. Puis j'ai tenu avant d'être éliminé. On est meilleur quand on est dominé, on a la rage.
 
Avez-vous  déjà participé à des tournois d'envergure ?
Oui, j’ai joué l'EPT Monte-Carlo il y a quatre ans. Mais mon rêve serait d'aller à Las Vegas pendant les World Series of Poker. Je pense que je pourrais m'éclater. Mais je ne peux pas m'y rendre cette année, je travaille et j'ai des enfants.


Quelles différences notez-vous  entre un tournoi professionnel et amateur ?
L'ambiance est beaucoup plus tendue car les enjeux financiers sont plus importants. La mode poker est un peu passée et il est donc aujourd'hui plus difficile de se faire staker, il y a moins de sponsoring. En gagnant ce type de tournoi, tu te fais tout de suite remarquer, donc tout le monde veut gagner.
 
Vous avez donc joué durant les Winamax Live Sessions 2016. Quel effet ça fait de se retrouver au milieu de tous ces professionnels ?
Au début, je ne les connaissais pas. Donc je ne savais pas que c'était tous des pointures ! Puis j'ai vite cerné leur niveau dans la manière dont ils se comportaient. Je me suis beaucoup amusé, d'autant plus que j'ai gagné (rires). D'ailleurs, c'est drôle d'écouter après coup les avis des commentateurs à ton propos. J'ai trouvé qu'ils frimaient beaucoup (rires).
 
Admirez-vous un joueur en particulier ?
Je l'ai seulement vu jouer à la télé, mais c'est Phil Ivey. C'est un joueur d'instinct et un stratège formidable. Il est toujours l'un des meilleurs joueurs du monde, même si ça fait longtemps que l'on ne l'a pas vu dans un tournoi.
 
Votre film poker favori ?
Selon moi, le meilleur reste "Le Kid de Cincinnati."
 
Propos recueillis par Grégoire Huvelin. 
 
 Crédit Photo : Caroline Darcourt