TRASH-TALK : le poker, discipline olympique aux J.O de Paris 2024 ?
Arnaud Peyroles aimerait bien voir le poker pratiqué aux Jeux Olympiques. Mais il nous explique que cela est peu probable dans le futur, tout en proposant une alternative.
LivePoker donne la parole à une personnalité du poker qui a quartier libre pour secouer le petit monde des petits verts. Patron du groupe de com Idéactif, ancien vainqueur des 24 heures de Spa ayant troqué la combi de pilote contre celle de joueur de poker en 2011 (avec plus de 400.000 € de gains), Arnaud Peyroles n’a jamais eu la langue dans sa poche. Dans ce papier extrait du LivePoker n°132, il milite pour que le poker devienne enfin sport olympique… Ou tout comme !
Le poker, discipline olympique aux J.O de Paris 2024 ?
Imaginez-vous un tournoi de Texas Holdem, six-handed, dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, suivi d’une épreuve en heads-up réunissant l’élite mondiale ? Les tournois bénéficieraient d’une mise en scène exceptionnelle, d’une qualité de production télé jamais atteinte, même aux WSOP, et d’une audience planétaire. Ajoutez à cela quelques Français en course pour aller chercher un titre olympique et contribuer à remplir le si prestigieux tableau des médailles… Pour peu qu’un tricolore fasse retentir la Marseillaise en montant sur la plus haute marche du podium, et le poker aurait gagné ses lettres de noblesse ! D’autant plus qu’il est déjà très populaire en comparaison de l’immense majorité des disciplines sportives historiques homologuées aux jeux olympiques. Certaines d’entre elles ne réunissant que quelques centaines de licenciés en France.
Oui, mais voilà .... Cela n’arrivera pas. Le premier obstacle à franchir serait déjà de faire reconnaître le poker comme un sport à part entière. Ce n’est déjà pas le cas pour les échecs, le bridge et toutes autres formes de sport mentaux. Les Jeux Olympiques, vestige ressuscité de la Grèce antique à l’aube du 20e siècle, ont été recréés pour célébrer des valeurs tant morales que physiques faisant parfaitement écho avec le mode de vie de l’époque. Point n’est besoin d’être professeur d’histoire au Collège de France pour savoir qu’en ce temps d’ores et déjà bien reculés, la société était essentiellement rurale et qu’il en fallait de la force physique pour vivre décemment, paysan qu’on était le plus souvent. Idem quand on embrassait une carrière militaire, la vie de soldat exigeait adresse, force et certes quelques qualités mentales mais guère plus que sur un terrain de rugby au moment de plonger dans la mêlée… On pousse d’abord, on pensera après ! Le travail en usine ou à la mine ne laissait pas plus de répit. Le monde vivait dans donc un effort physique permanent.
C’est figé sur cette photographie que s’est développé l’Olympisme, faisant des jeux l’événement sportif le plus important du monde, attirant l’attention de milliards de téléspectateurs sur des disciplines aussi charmantes que désuètes et souvent totalement confidentielles pour nombre d’entre elles. Le monde a un peu changé depuis... Et quoi que l’on pense du progrès, force est de constater que le mode de vie de la planète aussi. Bien obligé de compter en milliards les gens qui savent lire, écrire et dont les revenus sont issus d’une activité professionnelle mettant en valeur leurs qualités mentales, psychologiques et intellectuelles. Autant de qualités d’ailleurs qui sontmieux exploitées si s’exprimant dans un corps sain et en bonne santé. « Mens sana in corpore sano » !
"Puisqu’il ne faut rien attendre des illustres membres du CIO, dont l’operating system s’est quand même un peu figé sur les valeurs du 19e siècle, qui prendra l’initiative de créer un rendez-vous des disciplines nouvelles faisant vibrer la planète où le poker aurait sa place ?"
C’est la même équation qui fait les grands vainqueurs de tournois de poker mais aussi de bridge, d’échecs, de jeux électroniques ou de sports mécaniques, autant de disciplines pratiquées par des millions de compétiteurs à travers le monde. Il est dommage de chercher à mettre en valeur à l’infini des variantes sportives apparemment modernes que l’on se prépare à homologuer comme discipline olympique telle que la « break dance » en refusant obstinément de comprendre que le monde a profondément changé et qu’aujourd’hui pour chacun d’entre nous, toute différence se fait aussi et surtout par la puissance de la pensée, en sachant exploiter la technique, l’intelligence naturelle et artificielle, avec agilité mentale et psychologique.
Pour 2024, les jeux sont faits, la mise en scène sera une grande réussite qui célébrera des qualités de chasseurs, de guerriers, de combattants physiques, de cavaliers, de nageurs et autres forces de la nature où l’adresse mentale ne jouera qu’un rôle secondaire. Les règles de l’Olympisme n’auront pas varié d’un millimètre d’ici là, il n’y aura donc aucune chance de voir le poker de tournoi homologué comme discipline dans le programme de la reine des compétitions. Et pourtant, elles sont nombreuses ces disciplines orphelines qui donneraient à chacun l’occasion de vibrer en se sentant concerné. Puisqu’il ne faut rien attendre des illustres membres du CIO, dont l’operating system s’est quand même un peu figé sur les valeurs du 19e siècle, qui prendra l’initiative de créer un rendez-vous des disciplines nouvelles faisant vibrer la planète où le poker aurait sa place ? Histoire - rêvons un peu - qu’en demi-finale d’un championnat de heads-up, un joueur français, disons Alex Reard, l’emporte sur un virtuose belge, Davidi Kitaï par exemple, avant d’aller triompher de Justin Bonomo que le prestige d’une médaille d’or archi-médiatisée aurait attiré sur la plus prestigieuse des compétitions… Ca vaudrait bien une Marseillaise !
Par Arnaud Peyroles
Crédit photo : Tomas Stacha/WPT