Adrien Allain : « Je veux devenir le n°1 »
Vainqueur du casting Barrière Poker Player en 2010, Adrien Allain est l’une des valeurs montantes du poker français. Interview.
Vainqueur du casting Barrière Poker Player 2011, Adrien Allain est l’une des valeurs montantes du poker français. Mais derrière ce prodige à l’allure discrète et à la vie bien rangée se cache un joueur très ambitieux, en quête de reconnaissance. Entretien avec un Breton bien décidé à se faire un nom.
Adrien, quel bilan tires-tu de tes cinq mois de poker en 2011 ?
Ça se passe très bien. Je n’ai pas fait beaucoup de volume, mais j’ai monté des stacks sur pas mal de tournois. Je gagne les Cannes Hold’em Series, je fais 18ème de la finale des France Poker Series, la bulle de l’EPT Deauville, où je saute avec les Rois contre As-Dame, une table finale sur un Side à l’EPT San Remo... Je me sens en confiance. Ça m’aide d’avoir un sponsor, je joue plus libéré.
Tu as réussi de nombreux résultats sur Internet ces derniers temps. Le poker online reste-il l’une de tes priorités ?
Je préfère le live, car j’ai pour objectif de me faire connaître. Quand je joue online, c’est plus pour l’argent. Concernant mes derniers résultats, comme je ne dois jouer que sur BarrièrePoker.fr, je ne peux pas trop en parler… Je joue sur le site en cash-game – NL200 et NL400 - et je fais les tournois à 50 €. J’ai quasiment tout gagné sur le site, je suis extrêmement satisfait.
Maintenant que tu joues plus souvent en live, as-tu procédé à des ajustements dans ton jeu ?
Je fais peut-être moins d’erreurs. Vu que j’habite à Rennes, je galère un peu. Je n’ai pas envie de faire 1000 km pour buster d’un tournoi sur une petite erreur ! Concernant mon jeu, sur le net j’étais agressif tout le temps. Maintenant, j’essaie de resserrer quand j’ai 20 big blinds, je fais plus attention à la taille de mon stack, je ne relance plus à la même fréquence, et je gère mieux les changements de vitesse dans un tournoi.
"Joueur pro, une vie de rêve"
Tu es un peu le petit dernier de la Team BarrièrePoker. Es-tu bien intégré? Que t'apportes ce sponsoring ?
Je me suis extrêmement bien intégré, les membres de la Team sont devenus des potes, personne n’a la grosse tête. Il y a de tout dans cette Team, comme par exemple Rémi Biechel qui apporte son expérience. J’apprécie également Roger Hairabedian, même si nous ne sommes pas de la même génération et que c’est parfois dur de parler poker.... Ces joueurs-là ne parlent pas de 3 bet, de 4-bet, ce n’est pas la même vision du jeu. Mais faire partie de cette Team était mon objectif principal. C’est ma plus grande fierté. J’espère pouvoir prolonger mon contrat, qui se termine en décembre 2010.
Justement, es-tu satisfait des termes de ton contrat avec BarrièrePoker ?
Je dispose d’une enveloppe de 120.000 € sur l’année, incluant tous les buys-in de mes tournois live, mes frais de transports et d’hébergement. Je suis un peu près au même niveau que les autres joueurs sponsorisés, mais j’en connais aussi qui disposent de beaucoup moins, 100.000 € ou 80.000€. Ces 20.000 € de plus ou de moins font souvent la différence, notamment pour payer les frais annexes.
Apprécie-tu ta nouvelle vie de joueur pro sur le circuit live ?
J’adore être dans les hotels, jouer les tournois. C’est une vie de rêve. J’ai peur de perdre tout ça, alors je donne mon maximum. Mais il n’y a pas que les perfs: j’ai appris que l’image est plus importante. Avant par exemple, j’étais plutot un joueur sanguin mais je me suis canalysé à la table. J’ai également pris l’habitude de faire les aller retours jusqu'à Rennes, et j’aime y revenir car je suis très casanier. Mais parfois, ce n’est pas facile ; par exemple pour jouer l'Everest Poker One et l'EPT San Remo, je suis parti de chez moi pendant quinze jours, et à la fin j’en avais marre, j’étais aussi usé mentalement que physiquement. Quand tu as bust, ce n’est pas facile de repartir sur un nouveau tournoi aux blinds 25/50… Mais je n’ai pas envie de déménager, sauf peut-être à Paris éventuellement, pour jouer un maximum de tournois dans les cercles parisiens.
Tu écris régulièrement sur le blog de la Team Barrière. Apprécies-tu l’exercice ?
J’adore. J’ai l’impression de me libérer, je me lâche plus. J’aime expliquer mes raisonnements, raconter des anecdotes qui peuvent attirer la curiosité des lecteurs. J’essaie de ne pas raconter mes coups de poker, les gens s’en foutent, je préfère dire que j’ai mangé un burger ! D’ailleurs, la Team a pour mission d’alimenter le blog tous les mois.
Tu es actuellement onzième au classement LivePoker. Est-ce un objectif pour toi ?
Au début de l’année, je me suis dit que je voulais finir dans le Top 15. C’est important de montrer que j’ai été régulier. Après, je ne suis pas prêt à faire plein de tournois en fin d’année, comme par exemple Roger Hairabedian, pour prendre le maximum de points. Sauf si c’est pour jouer la première place…
"Quand je perds trois ou quatre mille euros, je déprime"
Quel est ton programme pour les WSOP 2011 ?
Je n’y vais pas ! C’est ma grosse frustration. Je me suis engagé à jouer tous les Barrière Poker Tour, et celui de Dinard tombe en plein milieu. J’aurai pu y aller après. Mais j’ai une grosse phobie de l’avion et, ça va te paraître bizarre, je ne veux pas risquer ma vie pour ne jouer que trois ou quatre tournois. J’ai essayé de négocier avec Barrière, mais ils préfèrent que je sois présent sur les tournois en France. Je me rattraperai l’année prochaine. Au niveau poker, Vegas, c’est le top !
Quels sont tes autres spots poker favoris ?
J’ai adoré Macao, c’est l’autre bout du monde. Mais je me vois mal jouer les grosses parties de cash-game qui se déroulent là-bas, car je n’ai pas le mental. Déjà que quand je perds trois ou quatre mille euros, je déprime…
As-tu d'autres passions en dehors du poker ?
J’ai toujours fait du sport. En ce moment je regarde Roland-Garros. Mais je ne fais pas vraiment de préparation physique spécifique, je suis un peu fainéant. Enfin, il y a pas longtemps j’ai fait un footing d’une heure avec les frères Jeannet (les coachs de la Team Barrière, ndlr), et après je me sentais super bien ! J’aime aussi les animaux domestiques et voir mes potes. Avec eux, j’évite de parler poker !
Quelles sont tes ambitions pour la suite de ta carrière ?
Pour la fin 2011, mon programme devrait être super calme. Je vais jouer les WSOP-E à Cannes en septembre, le WPT à Paris et la finale du Partouche Poker Tour. J’espère vraiment gagner un de ces grands tournois. D’ici là, je vais rester tranquille, partir en vacances avec ma famille et ma copine. Mais mon vrai objectif, c’est de devenir le N°1 à l’avenir. Si je disais que je visais le Top 10, ce serait mentir…
Propos recueillis par Maxime Arnou