ITW Laurent Polito : ''Je suis très content de mes résultats sur l'année 2014''
Le membre de la Team Barbapapas, qui cumule 3 titres WPT-N, se livre à LivePoker dans une interview exclusive.
Après avoir réussi une très bonne fin d'année 2014, marquée notamment par sa victoire lors du WPT-N Paris pour 140.000 € qui lui permet de devenir le premier joueur à cumuler trois titres WPT National, Laurent Polito est l'un des hommes en forme du moment. Aussi efficace en live qu'online, il s'est également illustré en raflant 138.000 € lors du Million Event de Winamax en janvier. L'ancien reg de l'ACF et membre de la Team Barbapapa a bien voulu nous accorder une interview exclusive, dans laquelle il revient sur son année 2014, nous confie ses rapports avec sa team avant de nous révéler ses ambitions pour l'année 2015.
Bonjour Laurent, quel bilan tires-tu de ton année 2014 ?
Finalement, 2014 est l'une des années où j'ai le moins joué et contrairement à ce qu'on pourrait penser, elle n'est pas si terrible que ça. Avant le BPT Enghien-Les-Bains (où il a remporté le BPT Masters à 1000 € pour 31.420 €, ndlr) j'étais breakeven. Malgré tout, après Enghien le bilan est positif et je suis très content de mes résultats sur l'année.
Tu es le premier joueur à gagner deux puis trois titres WPT National. Qu'est-ce que cela représente pour toi ?
Cela reste quelque chose de très sympa. Lorsque l'on joue au poker, c'est avant tout pour les victoires et c'est vrai que cela me fait vraiment très plaisir, surtout quand je regarde les trois trophées chez moi !
As-tu une recette particulière sur les tournois WPT-N ?
Comme toujours, il y a des coups de chance. Après, pour être franc, je pense que je m'adapte très bien à ce genre de field. Il y a beaucoup de qualifiés online, qui ne sont pas plus faciles à jouer, mais disons plus compréhensifs du jeu et avec qui tu peux plus facilement bluffer ou raconter une histoire. Avec les joueurs de live c'est quand même plus dur, car ce n'est vraiment pas le même poker.
Tu as longtemps été un régulier des cercles parisiens, notamment de l'ACF. Cela t'a-t-il aidé pour jouer dans des fields mélangeant joueurs online et live ?
C'est sûr que c'est un avantage certain. Par exemple, les joueurs live - pas tous mais presque -, je pars du principe qu'il ne faut pas les bluffer. Il faut s'adapter à leur style de jeu. Après c'est évident qu'en côtoyant les cercles parisiens tu apprends à connaître le style de jeu de tout le monde, donc tu sais qu'il y certaines choses à éviter contre certains joueurs. Du coup même si parfois le spot te paraît OK, il ne faut pas le prendre parce que tu connais la personne en face et tu sais qu'elle ne lâchera pas sa top paire.
Concernant la structure des WPT-N, des conseils ?
C'est vrai que la structure est sympa donc il faut éviter de spew. Après j'ai eu la chance d'avoir toujours un stack de quatre fois la moyenne, cela te permet d'attendre et de ne pas t'envoyer en l'air dans des spots trop dangereux. Cela te permet de jouer un poker "ABC" : tu peux vraiment attendre les cartes et ne pas partir dans des bluffs.
Sur tes 3 titres WPT-N, lequel a été le plus dur à remporter et pourquoi ?
Le premier à Paris en 2013. J'avais moins d'expérience, Omar Lakhdari à ma droite qui était chipleader, cela a rendu le premier plus compliqué que les autres. Sur les autres en revanche je connaissais mieux les joueurs, comme sur la TF du dernier WPT National à Paris où je connaissais la façon de jouer de tout le monde, c'était plus facile de s'adapter. J'avais plus d'éléments et le poker reste un jeu d'information.
En tout cas cela t'as permis de terminer par trois victoires sur tes trois dernières places payées en 2014 ! Du jamais vu. Comment l'expliques-tu ?
Comme je l'ai dit, il y a pas mal de tournois où je n'ai pas fait d'ITM, je suis loin d'avoir fait 3 tournois pour 3 victoires. Je suis allé à Vegas en début d'année où je n'ai fait qu'un seul ITM. Tu as tellement de choses à faire à Vegas que le poker devient secondaire finalement. Et puis il y a tellement de tournois que tu n'arrives pas à "focus" sur un seul, tu te dis « de toute manière il y en aura un demain » et tu envoies tout. Au final tu joues n'importe comment. Après l'expérience est bonne car si je retourne à Vegas, je saurais comment gérer mes tournois et ne pas les enchaîner n'importe comment. Il faut bien les choisir et ne pas les jouer si tu ne veux pas aller au bout.
Joues-tu plus un tournoi pour la gagne ou penses-tu d'abord à atteindre l'argent ?
On en discute souvent entre potes. Me laisser mourir à la bulle pour faire ITM ce n'est pas mon style, si je saute avant les places payées ce n'est pas grave. Je ne joue pas un tournoi pour faire ITM, sinon je ferais du cash game. Je souhaite toujours aller le plus loin possible.
11 victoires en 59 ITMs en carrière, on voit dans tes résultats ton esprit de compétition non ?
Oui c'est vrai. Je ne me considère pas comme un joueur pro, je joue au poker pour l'esprit de compétition. C'est pourquoi je ne joue pas en cash game, c'est vraiment la victoire qui m'intéresse. C'est comme lors du Million Event de Winamax, certes je remporte le plus gros gain (138.557 € après deal ndlr) mais ma deuxième place me laisse quand même de l'amertume. J'avais un sentiment d'inachevé.
Le facteur bulle ne t'influence donc pas, même sur des High-Rollers ?
Je ne vais pas dire que cela n'a aucune importance, ce n'est pas pareil de faire une bulle à 100 € qu'une bulle à 20.000 €. Je prendrai moins de risques sur une bulle de high roller, mais je ne me laisserai pas marcher dessus. Si on saute on saute, après bien sûr que cela laisse des regrets quand on saute à la bulle mais bon... Sauf si je suis super short, là je vais resserrer mon jeu pour ne pas jeter 10.000 € en l'air, c'est le seul cas de figure.
Quel est ton sentiment après la fermeture de l'ACF ? Cela peut-il remettre en question ta vie de joueur de poker ?
En fait l'ACF, je le vois différemment. A mes yeux c'est plus un endroit pour rigoler entre amis. Je n'y allais vraiment pas avec le même esprit que lors que je vais à un EPT par exemple. C'était vraiment pour voir des amis. Du coup socialement cela manque énormément. Tous les gens que tu pouvais y côtoyer, par la force des choses tu les vois moins parce que c'était vraiment là-bas qu'on se retrouvait, vu qu'on avait des vies différentes en dehors du poker.
Tu joues moins depuis que le cercle a fermé ?
Comme je te l'ai dit je joue moins qu'en 2014. Je suis pratiquement en semi-retraite(rires). Disons que j'ai pas mal de boulot à côté du poker. C'est dur de concilier les deux, surtout lorsque tu joues la nuit et que tu te lèves le matin. En ce moment, je ne joue quasiment plus (ITW réalisée avant l'EPT Deauville, ndlr).
Tu sembles vouloir rester assez discret dans les médias. Pourquoi ?
C'est vrai que l'exercice de l'interview par exemple, si je peux l'éviter je l'évite. Après j'essaie de prendre sur moi et de le faire malgré tout. Je ne recherche pas la médiatisation, je préfère profiter du jeu, de mes amis, et essayer de gagner des tournois par la même occasion. J'ai toujours l'impression que l'on me braque lorsque l'on me tend un micro ! (rires)
Être sponsorisé t'intéresserait-il ?
Je sais que c'est le genre de chose que l'on ne doit pas refuser, mais honnêtement je ne sais pas. C'est sûr que s'il y a des obligations, ce serait non d'office. Et puis les concours pour intégrer les teams pros online, c'est le parcours du combattant. J'ai suivi le parcours d'Adrien Guyon (le vainqueur de la top shark academy de Winamax ndlr) à travers Twitter et sur Facebook : il faut vraiment avoir la foi. C'est énorme et très dur. Même après cela, il faut être très présent sur les réseaux sociaux, véhiculer une image... Ce n'est pas trop mon truc.
Tu es l'un des leaders de la Team Barbapapas. Que t'apportes-t-elle ?
Ce n'est pas une team de grinders comme beaucoup d'autres, c'est plus une team d'amis. On partage des moments ensemble autour d'une passion commune qui est le poker. La Team Barbapapas c'est des gens qui vont manger au resto ensemble, qui jouent au monopoly, qui se côtoient en dehors du poker, avec des centres d'intérêt autres que le poker et qui sont liés avant tout par l'amitié. On a des valeurs communes. On travaille tous. A part peut-être un ou deux qui sont pros, nous avons une vie à côté du poker et c'est sympa. Le poker est juste un plus en fait. Ce sont eux qui me poussent à jouer en live. Partir jouer au poker tout seul je l'ai fait une fois ou deux, mais ce n'est pas marrant. Jouer tout seul ce n'est pas ma tasse de thé.
Existe-t-il une compétition entre vous ?
On se soutient plus les uns les autres, ce n'est pas une compétition. On se charrie surtout les uns les autres. On s'entraide et on se motive aussi, c'est important pour ne pas craquer. Lors du WPTN Paris, il y avait pas mal de membres de la team et cela m'a vraiment aidé : ils te parlent, te conseillent. Un peu comme un manager en boxe, cela aide vraiment pour l'aspect psychologique. J'ai la chance d'avoir 50 coachs !
Tu parles de blagues entre vous. Franck Kalfon semble être ta cible de prédilection dans ce domaine... Tu es particulièrement proche de lui ?
Oui, c'est comme un frère il n'y a pas d'autres mots. C'est quelqu'un que j'adore. C'est l'une des personnes qui a le meilleur fond à ma connaissance, malgré les vidéos où on peut le voir s'énerver. C'est quelqu'un d'attachant... C'est ma famille quoi.
(Laurent Polito lors de sa victoire lors du WPT-N Paris en décembre)
Quel ton volume online ? Tu choisis tes tournois comme le Million Event ou tu gardes un rythme de grinder ?
En fait le poker online me sert plus de laboratoire. Je vais tester pas mal de plays différents, pour mieux progresser vu que tu joues énormément de mains. Tu peux voir les choses qui fonctionnent ou pas. J'essaie de jouer le high roller de Wina par exemple qui me permet d'affronter les meilleurs joueurs online et d'améliorer mon jeu. Ce que je cherche online, c'est d'être breakeven avant tout.
Comment as tu analysé ton résultat au Million Event ?
C'est vrai que cela c'est bien passé et la raison est simple : dans tous les coups où j'étais devant je suis resté devant. Rien de compliqué, le Day 3 s'est passé nickel malgré le fait que le jeu était plutôt solide. Je n'ai pas vu énormément de 4bets light. Pour réussir dans ces tournois, il faut parvenir à monter des jetons pour pouvoir encaisser les mauvais coups et repartir. Une fois que tu as monté ton stack, il ne reste plus qu'à jouer de la meilleure façon, mais bon là je ne vous apprend rien. Au début tu joues expérimental, et plus tu avances plus tu joues sérieux. Après, au day 3 j'ai joué sérieux de chez sérieux, tu ne peux pas te permettre de faire n'importe quoi.
Quel est ton programme pour 2015 ?
Deauville et Vegas sont au programme c'est certain. Après mon calendrier va dépendre des amis, selon ce qu'ils proposent, et puis aussi du boulot car j'en ai pas mal. Si j'arrive à bien m'organiser et que les amis sont chauds, on verra.
Pas de gros tournois au programme ? Les tournois à 25.000 € ou 50.000 € ne t'intéressent pas ?
Je ne sais pas encore. J'ai la chance d'avoir des amis qui me stackent, donc on verra. Pour Vegas je ferais le Main, c'est obligatoire.
Concernant les gros tournois, on a toujours envie de jouer plus gros, plus fort, c'est humain. Mais cela reste des grosses sommes d'argent. On était parvenus à se stacker pour le satellite à 25k du One Drop de Vegas. Et c'est vrai que même si ce n'était qu'un satellite, c'est l'un des tournois où j'ai pris le plus de plaisir. Tu as des enjeux qui sont complètement irréels, ce genre de tournois te galvanise. Pour le One Drop à 100k des prochains WSOP, on va tenter des petits satellites, en plus il existe des steps à partir de 100 $ ou 1000 $, donc tu peux t'amuser à essayer.
Les fields de ces tournois sont-il plus relevés ?
Pour le sat du One drop, c'est simple : Tu avais tous les joueurs que tu croises en EPT ou sur les high roller, mais aussi tous les joueurs online américains. C'est le tournoi le plus dur du monde !
Merci Laurent et bonne chance pour tes futurs tournois !
Propos recueillis par Maxime Arnou et retranscrits par Bruce Bagheri
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