ITW Corentin Ropert : « Remporter un tournoi live serait juste magique »


ITW Corentin Ropert : « Remporter un tournoi live serait juste magique »

LivePoker a interrogé en exclusivité l'une des révélations françaises de cette année 2014.


Corentin Ropert : un nom auquel il va falloir s’habituer sur le circuit des tournois live. A même pas 20 ans, le jeune grinder s’est révélé en terminant 4ème des France Poker Series de Deauville en janvier avant d’enchaîner avec trois autres tables finales, et pointe à la 7ème place du classement LivePoker. Corentin veut maintenant franchir un nouveau palier dans sa carrière de joueur en quittant le cocon familial pour jouer sur le .com, tout en espérant accrocher un premier titre en live à son palmarès… Interview de l'un des fers de lance de la toute dernière génération de joueurs online.

Bonjour Corentin, tu es encore assez méconnu du grand public malgré des performances de plus en plus régulières en live. Peux-tu nous raconter tes débuts dans le poker ?

Bonjour, effectivement j'ai fait un début d'année 2014 magnifique. C'est comme dans un rêve, je n'en espérais pas tant pour mon arrivée sur le circuit live. J'ai donc découvert le poker pour la première fois au lycée à la fin 2010, autour de quelques parties privées avec des amis, qui m'ont évidemment pris tout mon argent de poche ! Néanmoins ce jeu m'a tout de suite passionné et dès lors je n'avais qu'une hâte : que le temps passe vite jusqu'en juin 2012 pour fêter mes 18 ans et gambler ma maigre bankroll sur le net.

Comment as-tu fait tes armes sur le online ?

Juin 2012 était donc fraîchement arrivé et l'heure avait sonné : je déposais mes premiers euros online. J'étais très attiré par les MTTs pour l'aspect compétition et prestique. J'ai eu la chance de faire des bonnes places sur des tournois à faible buy-in avec beaucoup de joueurs alors que je n'étais pas vraiment bon, ce qui m'a permis de monter de limite assez rapidement, de faire plus de volume et par conséquent d'améliorer mon jeu. Un an plus tard, j'étais en place techniquement et financièrement pour prétendre être un bon régulier des tournois à moyens et hauts buy-in.

Voyant toujours plus haut, comme tout joueur de poker, les sommes en jeu sur les tournois live me faisaient rêver. Ma transition s'est faite en 2013, tout d'abord sans succès lors de mes premiers tournois : j'ai fait la bulle des FPS de Gujan-Mestras en juin 2012, cela m'a bien frustré et je n'ai plus remis les pieds en live pendant 6/7 mois. Puis j'ai atteint ma premiere table finale à Prague en décembre dernier sur l'Everest Poker Live, ce qui m'a motivé à persevérer, à faire plus de live, sans pour autant abandonner le online. Puis sont arrivées ces magiques FPS Deauville qui m'ont permis d'engranger un bel apport financier et une énorme dose de confiance pour la suite.

Cette 4ème place aux FPS qui t'a rapporté 70.000 € a donc conditionné la suite de ton programme  ?

Exactement, cette 4ème place au FPS m'a fait faire un saut de bankroll considérable, même si je n'avais que 70 % de mes actions (le seul tournoi de ma vie où je me suis fait staker, pour le grand bonheur de mes amis stackeurs). Cela a bien conditionné la suite de mon programme, me permettant de faire plus de tournois et plus de déplacements sans avoir la sensation de perdre un bras à chaque tournoi sans ITM.

Quels tournois as-tu prévus de jouer pour le reste de année ?

Mon planning n'est pas très précis, j'essaye de participer à un maximum de tournois dans la limite de mes possibilités tout en essayant d'appliquer une bonne gestion de bankroll. Je serai présent à Marrakech pour le Sismix, sûrement à Cannes pour le WPT, et je vais probablement vibrer pour mon premier EPT à Barcelone en août. Une petite déception de ne pas pouvoir partir à Vegas cette année, surtout que tout le monde en parle sur les réseaux sociaux, ça me laisse un an pour rêver. 
 
« Je suis sûrement un peu plus chanceux que les autres d'avoir eu mon one time assez tôt »

A seulement 19 ans, te définirais-tu comme un membre de la toute dernière génération de joueurs issus du poker online français ?

Oui, évidemment, étant donné que j'étais encore au collège quand certains faisaient déjà des perfs à cinq ou six chiffres. Je pense que je fais partie de la nouvelle génération de joueurs online, sûrement un peu plus chanceux que les autres d'avoir eu mon one time assez tôt. J'espère tenir assez longtemps pour pouvoir un jour dire que je fais partie de l'ancienne génération !

Te considères-tu aujourd’hui comme un joueur pro, ou mènes-tu un travail ou des études en parallèle ? 

J'ai eu mon bac en 2011, j'ai ensuite fait une classe préparatoire en physique-chimie qui n'a pas duré puisque quatre mois plus tard j'avais déja arreté. Puis j'ai fait un IUT en Génie Biologique sur la saison 2012/2013, tout en jonglant avec le poker. Jeune, je n'ai peut-être pas, et même sûrement pas, aquis la maturité nécessaire pour terminer mes études auxquelles j'ai mis un terme en juin 2013 pour me consacrer pleinement au poker. Je ne sais pas si on peut vraiment parler de joueur pro pour quelqu'un qui vit encore chez ses parents, on dira donc que je suis semi-pro pour le moment.

Sinon quand je ne joue pas, je suis toujours entouré de mes amis pour faire des soirées, passer le temps, profiter de la vie ... J'essaye aussi d'avoir une bonne hygiène de vie : sport, levers avant midi, faire trois repas par jour... même si je ne cache pas que c'est assez dur.
 
Fais-tu partie d’une Team de joueurs ? Connais-tu maintenant beaucoup de monde sur le circuit ?

Je joue tout le temps avec les mêmes personnes qui étaient déjà des amis avant de devenir des "collègues". On partage beaucoup, dans la vie et au poker, on se considère comme une "Team" mais on a jamais pensé à y mettre un nom. C'est grâce à eux que j'en suis là, je leur souhaite d'avoir autant de réussite que moi dans l'avenir même si je n'ai aucun doute qu'ils feront parler d'eux très prochainement. Grosses bises à eux. J'ai aussi appris à connaître les réguliers du circuit au fur et à mesure, à table ou en soirée. Ce sont de belles rencontres, tout ce petit monde est très sympathique.

Certains joueurs t’inspirent-ils particulièrement, que ce soit au niveau de leur jeu, de leur carrière, de leur caractère ?

Sans compter tous ces génies qui jouent des Super High-Roller à 100.000 €, parmi les joueurs que je côtoie à mes limites, Erwann Pécheux est celui qui m'impressionne le plus au niveau de son rythme de jeu et de sa technique. C'est un excellent joueur à la fois en live et online. Sa régularité en ferait pâlir plus d'un, j'aspire à suivre ses traces au niveau du volume et des résultats.

« A chaque deep run, je me persuade que je vais arriver en table finale et ça marche »

Comment expliques-tu tes quatre tables finales en live depuis début janvier ?

Waouh, ça va être difficile de ne pas brag dans cette réponse (sourire). Forcément je run good, j'ai beaucoup de réussite en ce moment, le mental joue beaucoup aussi : à chaque deep run je me persuade que je vais arriver en table finale et ça marche ! Un gros travail sur le jeu shortstack m'a aussi beaucoup aidé, j'ai réussi à régler mon jeu en live qui est vraiment différent de mon jeu online. Je fais moins d'erreurs et cela a été déterminant sur ce début d'année. 

Tu sembles particulièrement apprécier le BPT Deepstack, avec déjà deux TF à ton actif sur ce circuit cette année. Te sens-tu plus à l’aise sur ces tournois ?

La structure du BPT deepstack s'adapte parfaitement à mes points forts, l'average qui descend en dessous de 20 BB à partir de 40 left me permet de développer mon edge à tapis préflop (rires). Plus sérieusement, la structure semi-deepstack du début de tournoi sur les BPT permet de monter un stack conséquent pour atteindre l'argent. Il suffit ensuite d'avoir un jeu shortstack assez solide et la réussite nécessaire pour accéder à la table finale. J'ai terminé 7ème à Bordeaux et 5ème à Deauville, on essaiera de faire mieux sur les prochaines étapes.  
 
Que te manque t-il encore pour gagner un titre ?

Il me manque sûrement un poil de chance, passer le bon coinflip au bon moment. Mais au-delà de ces histoires de run, une fois que les tournois sont bien entamés, je me focalise surtout sur l'accession à la table finale. L'objectif enfin atteint, je pense relâcher un peu trop mon attention alors que le plus dur reste à faire. C'est sur ce point que je vais travailler pour peut-être un jour gagner un titre.

Quels sont tes projets poker pour le futur ?

Je compte quitter mes parents et apprendre à cuisiner tout seul, pour partir en septembre habiter à l'étranger pour avoir accès au .com. J'hésite encore entre Londres, Berlin et Marrakech, c'est un choix assez difficile donc je me laisse du temps pour décider. Je vais aussi essayer de faire plus de volume en live, remporter un tournoi serait juste magique, que ce soit un BPT ou un EPT les sensations seraient les mêmes. C'est mon objectif principal.

Propos recueillis par Maxime Arnou 

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