Interview Miro Alilovic : du Kid Poker à  la 11ème place de la finale EPT

Fier représentant des cercles de poker parisiens depuis de nombreuses années, Miroslav Alilovic est passé à la vitesse supérieure en 2013 : il enchaîne avec une régularité certaine les performances sur le circuit, comme le prouve sa première place au classement des France Poker Series 2013. « Miro » a d’ailleurs validé le meilleur résultat de sa carrière il y a deux semaines en terminant 11ème de l’EPT Grand Final à Monte-Carlo. Un petit exploit pour le pro TV Stars, mais qui est finalement symbolique de sa confiance en lui et de ses ambitions pour la suite de sa carrière...

Bonjour Miro, tu as démarré le poker assez jeune...

Bonjour, j’ai commencé à jouer au poker fermé et au Kid Poker* entre amis vers l’âge de 15-16 ans, en 2000-2001. Puis je me suis mis à fréquenter les cercles de jeux parisiens à l’âge de 18 ans, où j’ai débuté sur les tables de cash-game. Je me suis ensuite mis à jouer des tournois live à petit buy-in, ce qui était difficile au début car le Hold’em est différent du poker fermé. Au fil des années, je me suis amélioré en essayant de fusionner mon expérience dans le poker fermé et dans le Hold’em, pour me forger mon propre style de jeu.

Quels sont tes centres d’intérêts en dehors du poker ?

Aujourd’hui, je suis joueur professionnel. Pour l'instant je ne fait que jouer au poker mais je suis sur un projet de création d'une société en auto-entrepreneur. Sinon je passe mon temps avec ma petite famille, et je suis passionné de cinéma et de sport, notamment de boxe et de football. Mes équipes favorites sont la France, la Croatie et l'Argentine. Je ne pense pas faire le déplacement au Brésil pour la Coupe du Monde par manque de temps, mais ça m'arrive de jouer aux paris sportifs comme chaque joueur de poker !

Tu as été formé à l’école des cercles parisiens, notamment au Cercle Clichy-Montmartre. Que retiens-tu de tes années passées dans les cercles ?

J’étais un reg du Cercle Clichy et aussi de tous les cercles parisiens, ce qui me semble être une bonne école : cela m’a permis d’améliorer mon jeu, étant donné que l’on peut y rencontrer tous types de joueurs, bons comme mauvais. Cette expérience m’a aussi permis de connaître les différentes réactions des joueurs et leurs styles de jeu. D’ailleurs, on rencontre souvent les mêmes joueurs sur le circuit, ce qui m’a permis de développer mon propre tracker live.

Tu viens de réaliser ta meilleure performance en tournois live en terminant 11e de la finale EPT à Monte-Carlo. Est-ce une surprise pour toi, ou une progression logique à laquelle tu aspirais ?

Non, je ne pense pas que ce soit une surprise pour moi. Si je fais des tournois à fort buy-in, c’est que je pense être à la hauteur.

Peux-tu revenir sur le déroulement de ton tournoi ?

J’ai eu la chance d’avoir des tables pas trop compliquées au début, ce qui m’a permis de grinder les deux premiers jours. Le troisième jour, à trois places de la bulle, j’ai douté. J’avais un joueur russe à ma droite qui prenait tous les spots et payait tout, ce qui m’empêchait de jouer mon jeu.
 
A ce moment, la moyenne était à 170k et j’avais 130k, ma table a cassé mais heureusement j’ai été transféré en table TV. Malheureusement, mon voisin russe m’a suivi mais était assis à trois places à ma gauche. A la bulle, aux blindes 1.5k/3k ante 400, j’ouvre alors à 6.5k avec K-4 de pique en milieu de parole, et le Russe paye au bouton. Le flop arrive J-10-6 avec 2 piques, je c-bet 13K et mon adversaire call, turn 3 de pique... Je décide alors de check-raise. Il mise 30K, je raise 60k en me laissant 50k derrière. C’est alors qu’il tank un moment puis décide de call, river une Dame de pique, je shove mes 50K et il finit par call avec 9-6 off avec le 9 de pique. Double-up pour moi ! C’est alors reparti, ce coup m’a permis de remettre en place mon jeu et de finir ce troisième jour avec 700k, le double de la moyenne. Le quatrième jour, je grinde tranquillement et je monte jusqu’à 1,4 million.

Arrive alors un nouveau coup déterminant…

Une demi-heure avant la fin du Day 4, il y a un coup que je regrette aux blindes 12k/24k : le joueur assez serré ouvre UTG à 50K. Je suis de grosse blinde, tout le monde folde et je découvre A-9 de trèfle. Je décide de call pour voir le flop K-10-X avec deux trèfles qui me donnent un flush draw. Je checke, il c-bet 60k et je call. La Turn est un As et lorsque je checke, il mise 120k, et je call encore. La river est un As je checke il shove 400k dans un pot qui fait 500k. Je snap alors sans réfléchir, découvrant un full aux Dix par les As. Après réflexion, j’ai pensé que sur ce genre de joueur, je dois folder river. Finalement, je regrette ne pas avoir pris mon temps avant de prendre ma décision, qui aurait été différente.

Que penses-tu des fields des EPT par rapport aux fields des tournois à 500-2000 € que tu avais l’habitude de jouer ?

Je pense que le field des EPT est bien sûr d’un niveau beaucoup plus relevé que les 500-2000 € que j’avais l’habitude de jouer. C’est mon 4eme EPT, j’ai fait deux fois ITM, 32ème à l’EPT de Vienne et 11ème à l’EPT Monte-Carlo. Je pense donc avoir le niveau pour ce genre de tournois.

Quand on examine ton palmarès, il n’y a pratiquement que des tables finales. Comment l’expliques-tu ?

J’ai un jeu assez agressif, je me fie beaucoup à ma lecture pour monter un gros stack et pouvoir me donner la chance d’aller en table finale. J’ai notamment pas mal de réussite à des moments clés des tournois, ce qui me permet d’atteindre les tables finales avec un tapis confortable.



Quelle est ton activité de joueur sur Internet ? 

Je joue principalement en live. C’est grâce à mes résultats en live que j’ai rejoint la Team PokerStars TV Stars. J’ai commencé à jouer online depuis mars 2013, je fais surtout des tournois.

Tu as terminé 1er du classement FPS l’an passé. Les classements sont-ils quelque chose qui te motives ? Et notamment le classement LivePoker, où tu es actuellement 8e ?

Oui, c’est toujours motivant d’être dans le classement. Ça donne encore plus envie de faire des perfs, j’ai d’ailleurs plutôt un esprit compétitif.

Aujourd’hui, aspires-tu à jouer des tournois plus relevés et plus chers ?

Oui, si ma bankroll me le permet, car c’est important d’avoir une bonne gestion de bankroll pour un bon joueur de poker.

Vas-tu te rendre à Vegas pour les WSOP ? Si oui, quel sera ton programme ?

Oui je vais sûrement à Vegas, je fais les démarches nécessaires pour obtenir le passeport biométrique. Si tout se passe dans les temps, c’est parti pour Vegas et les WSOP. Pour ce qui est du programme, je verrai sur place.

Quels sont tes objectifs poker dans le futur ?

Mon objectif serait de devenir un vrai joueur professionnel, c’est-à-dire avoir un plus gros contrat pour pouvoir faire un maximum de tournois à fort buy-in et un jour remporter un EPT et un WSOP. C’est le rêve de chaque joueur je pense.

Propos recueillis par Maxime Arnou


* Les règles de la variante par Miro : « Le Kid se joue avec un jeu de 32 cartes et 5 joueurs maximum. On donne une carte cachée et une carte découverte à chaque joueur et celui qui reçoit la carte la plus haute a la parole. Il peut relancer ou checker. A chaque carte découverte, il y a un tour d'enchères jusqu'à la 5ème carte. La meilleure combinaison remporte le pot. »

Photos : Antoine Lafond et PokerStars