ITW Fabrice Soulier : « J’ai retrouvé une très forte confiance ! »


ITW Fabrice Soulier : « J’ai retrouvé une très forte confiance ! »

Interview exclusive de l'une des figures de proue du poker tricolore après un nouveau titre sur le circuit.

Une nouvelle fois, [Fabrice Soulier] a confirmé qu’il faisait partie des tout meilleurs joueurs français en remportant il y a quelques jours le High-Roller de l’EPT Vienne. Très heureux de retrouver le doux parfum de la victoire et nouveau leader du classement LivePoker, "Fabsoul" revient sur les moments marquants de son tournoi et son futur rôle de joueur/père de famille, sans oublier de pousser un coup de gueule…

Bonjour Fabrice, bravo pour cette victoire ! Quel est ton sentiment après ce nouveau titre ?

Je me sens à la fois heureux et rempli d'un sentiment très agréable de « devoir accompli », ce que seule une belle victoire peut offrir dans le poker. En effet, même si j'avais remporté plus d’argent aux WSOP-Europe en octobre, je m'étais réveillé avec un goût un peu amer en bouche, puisque j'avais vu le deuxième bracelet m'échapper. Cette fois, ce n'est que du bonheur ! Je suis content du travail aussi bien mental que technique que j’ai accompli depuis ma défaite en HU à Enghien. J’ai beaucoup réfléchi et bossé sur mon jeu de NLH et de HU en me confrontant aux spécialistes aussi bien en live que sur Internet. Et j’ai retrouvé une très forte confiance !

Que retiens-tu dans le déroulement de ce tournoi ? Quels en ont été les moments importants ?

J'ai été shortstack pendant une très grande partie du Day 2, ce qui est toujours assez frustrant et difficile à jouer. Les options de jeu sont restreintes, évidemment, et le craquage n'est jamais loin. Je me souviens m'être tapé sur les doigts plusieurs fois pour ne pas envoyer balader les quelques blinds qui me restaient dans des spots trop tendus. Je suis donc assez fier d'avoir fait preuve de beaucoup de résistance pendant de longues heures. Bien sûr, j'ai aussi eu la chance d'avoir un tournoi dans lequel j'ai connu le cocktail run good/play good, qui m'a propulsé en table finale avec un tapis moyen. Et je me suis senti vraiment très à l'aise tout du long. J'avais la confiance pour tenter certains moves calibrés pour piéger certains de mes adversaires, et je n'ai pas ressenti la pression de l'échec. J'ai joué libéré et n'ai pas hésité à mettre la pression quand il le fallait, surtout en heads-up. En effet, mon adversaire (le Russe Anatoly Filatov) était un bon joueur mais il préférait jouer small ball. Je n'ai donc pas hésité à le pousser hors de sa zone de confort en le 3-bettant, le 4-bettant et le forçant à jouer de plus gros pots. Au final, sur mon dernier 3-bet, il décide de payer pour ses 20 dernières blinds avec K-T, une main moyenne, et le vrai miracle, c'est que mon A-5 reste devant !

Où placerais-tu cette victoire dans la hiérarchie de tes meilleurs résultats et pourquoi ?

Aucune victoire, à part celle du Main Event des WSOP, ne pourrait je crois dépasser un jour ce que j'ai ressenti quand j'ai remporté mon bracelet dans le 10.000$ HORSE des WSOP en 2011. De façon générale, dans un tournoi, toute autre place que la victoire provoque une frustration, et ce, qu'importe la performance réalisée. A l'automne dernier lors des WSOP-Europe par exemple, j'avais beau être très heureux de ma performance et du gain réalisé - le plus gros que je n'ai jamais remporté (610.000 €) -, il m'a fallu quelques jours pour digérer que le bracelet m'était passé sous le nez... Donc je dirais qu'au vu de la beauté du field, du prizepool et surtout de cette magnifique sensation qu'est celle de la victoire, il s'agit probablement du deuxième plus beau souvenir de ma carrière.

« La qualité de certains circuits descend au fil des années »

Toi qui connais toutes les pokerrooms du monde, que penses-tu du cadre dans lequel s’est déroulé l’EPT Vienne, au Hofburg Palace ?

Le cadre était véritablement exceptionnel et n'a laissé aucun habitué du circuit indifférent. Quel bonheur de jouer dans ce palais somptueux en ayant de la place entre les tables pour circuler, le tout dans une organisation parfaite ! Chapeau bas à l’EPT qui, sur de plus en plus d’étapes, offre des conditions de jeu quasi optimum. Je voudrais me permettre une petite parenthèse à ce sujet : en tant que joueurs et donc clients, surtout dans des tournois à gros buy-ins où nous payons cher en rake, nous devrions être plus exigeant sur les conditions de jeu qui nous sont parfois offertes et ne pas accepter n’importe quoi ! Je ne me gêne pas pour manifester mon mécontentement quand je trouve qu’on se moque de nous et chacun devrait faire pareil. La qualité de certains circuits descend au fil des années, alors que ce devrait être l’inverse, et nous devons sanctionner cela en tant que clients et passionnés de poker !  Voilà pour mon petit coup de gueule. En tout cas à Vienne, outre la très belle affluence et la victoire, j'ai pris beaucoup de plaisir à jouer et il ne fait aucun doute que je reviendrai l'an prochain!

Dans quel état d’esprit as-tu débarqué dans la capitale autrichienne ?

Je venais de rentrer de près d'un mois de grind en cash game et tournois entre Las Vegas, Los Angeles et San José où j'avais fait de très belles sessions en cash mais peu de résultats en tournoi. J'avais donc très envie de perfer à Vienne, surtout qu'il s'agissait de ma dernière session de tournois avant les WSOP en juin puisque je ne pourrais probablement ni aller à San Remo ni à Monaco jouer les Main Events, puisque ma petite fille devrait bientôt se décider à pointer le bout de son nez ! J'étais donc particulièrement motivé, déterminé et concentré.

Ce résultat t’enlève-t-il de la pression pour le reste de l’année, notamment au niveau financier ? Cela te donne-t-il encore de la motivation supplémentaire ?

Il est évident que commencer l’année avec un résultat comme celui-là enlève un peu de pression du côté des finances, je vais essayer de gérer la deuxième partie de l’année plus sereinement, en continuant de rester fort mentalement et avec des objectifs assez hauts. Je rêve que 2014 devienne ma meilleure année.

« Ne vous étonnez pas si je m'assois un jour avec un bébé en écharpe à la table pour cause de panne de nounou ! »

Ta future paternité va-t-elle bouleverser ta vie de joueur ? Pourrais-tu mettre le poker entre parenthèses comme Nicolas Levi et te concentrer sur d’autres projets ?

J'ai toujours eu d'autres projets à côté du poker, d'autres envies et d'autres intérêts, même s'il faut avouer que jouer est probablement ce que je fais de mieux (sourire). Je n'ai donc pas du tout envie de mettre ma carrière entre parenthèses, surtout que j'ai l'impression d'être plus fort que jamais à une table. En revanche, il va falloir faire quelques adaptations dans notre quotidien, ça, c'est sûr ! Ne vous étonnez donc pas si je m'assois un jour avec un bébé en écharpe à la table pour cause de panne de nounou ! (rires)

Maintenant que tu as fait tes preuves sur le circuit, progresser dans ton jeu reste-il une de tes préoccupations majeures ?

Aucun pro sérieux ne peut un jour se permettre de dire qu'il « est au top de son jeu et n'a plus rien à apprendre ». Ce serait stupide et absurde : le poker nécessite de se remettre beaucoup en question et de travailler en permanence sur ses points faibles. Et il ne s'agit pas forcément que de technique pure, ça peut être du travail sur la personnalité, la résistance mentale, le read sur les adversaires etc... J'ai par exemple beaucoup joué online en heads-up suite aux WSOP-Europe cet automne, et en cash game live aux USA face à de très bons adversaires, afin de retravailler mon jeu et mettre toutes les chances de mon côté la prochaine fois. Et ça a plutôt bien marché !

Quels seront tes ambitions pour le reste de l’année 2014 ? Tu as déclaré que tu ne comptais plus rejouer jusqu’aux WSOP…

Pour avril et mai, tout dépendra beaucoup de la date d'arrivée de Mademoiselle Soulier (sourire). Mais je serais pour sûr à Gruissan fin mai pour le tournoi Everest Poker Live, avant de m'envoler pour Las Vegas en juin/juillet.

« Quand je regarde la France, j'éprouve un mélange de tristesse et de nostalgie »

Sam Trickett a rejoint Everest Poker en tant qu’ambassadeur il y a deux semaines.  Allez-vous réaliser des opérations de promotion ensemble ?

Sam est sans aucun doute un des meilleurs joueurs du monde et je suis ravi qu'il rejoigne l'équipe d'Everest Poker ! C'est un joueur apprécié de beaucoup de monde sur le circuit, tant par sa personnalité que par son style de jeu. Nous allons donc évidemment réaliser de belles opérations ensemble au sein d'Everest.
 

Aujourd’hui, es-tu satisfait de ton rôle au sein de la Team Everest ?
 

Cela fait maintenant quatre ans que je porte les couleurs d’Everest Poker sur le circuit international et je suis ravi de la place qui m’a été attribuée au sein du staff, qui me consulte régulièrement sur différents sujets tels que les promotions en ligne ou les événements live qui sont organisés par notre marque.

J’en profite pour donner RDV à la communauté Everest Poker, mardi 8 avril à 21h, pour un tournoi freeroll avec 1.400€ de dotations qui a pour but de célébrer avec la communauté ma victoire au High Roller de l’EPT de Vienne : en plus des Polos Fabsoul JAQK et des tickets pour participer au High Roller hebdomadaire sur Everest Poker, le gagnant remportera un package qui lui permettra de m’accompagner à Gruissan le 23 mai pour participer à l’Everest Poker Live Gruissan.

Alors que tu viens d’être élu à Brive J, quel regard portes-tu sur la situation de la France, bien que tu vives depuis plusieurs années à l’étranger ?


Je ne suis pas sûr de faire un bon maire, le poker et les voyages me prennent trop de temps… Je souhaite bonne chance à Monsieur (FREDERIC) F.Soulier qui, j’en suis sûr fera un meilleur travail que moi.

Il m'est assez difficile de répondre à cette question étant donné que je ne vis plus en France depuis près de onze ans maintenant... Toutefois, quand je regarde la France, j'éprouve un mélange de tristesse et de nostalgie. Comme tout français, j'aime mon pays et sa culture, et parfois, la France me manque et j’y reviens en vacances de temps en temps. Mais la mentalité française a aussi ses revers : on n'aime pas la réussite des autres, on râle beaucoup trop et il y a un côté très « ne changeons pas trop les choses ». Quant à la politique menée, je connais trop d'amis ou de cas de patrons ayant eu des bonnes idées mais qui se sont fait étouffer par le régime fiscal, qui est très lourd... Et ça aussi, ça me rend très triste : la France a besoin d'un noyau entrepreneurial fort et en pleine santé. Mais bon, il faut dire que le contexte global n'est pas évident non plus...

Est-ce pour toi envisageable de revenir vivre en France un jour ?

J’aime énormément vivre à Londres ; c'est une ville où l'on ne s'ennuie jamais, il y a toujours quelque chose de nouveau à faire ou à voir et je crois qu'il n'y a nulle part ailleurs où je voudrais vivre les prochaines années !

Propos recueillis par Maxime Arnou

Photo : Neil Stoddart 



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