Prop player : payé pour jouer
Ceux qui sont payés par les casinos pour s’asseoir à une table et jouer au poker racontent leur quotidien pas toujours évident.
Savez-vous ce qu’est un « prop player » ? Pour les non-initiés, c’est un joueur payé par un établissement de jeux pour jouer sur les tables de ce dernier. Un métier comme un autre dans certains états américains et qui peut faire rêver les joueurs, mais qui est en réalité considéré comme le travail le plus dur de l’industrie du jeu.
48 heures de jeu par semaine
Exemple avec Daniel Rhodes, qui travaille 48 heures par semaine à la Gold Creek Poker Room (Colorado) et au Casino Wildwood (New Jersey) : il est payé pour maintenir en activité les tables des deux casinos, que ce soit en Texas Hold’em, en Stud, en Omaha ou en Crazy Pineapple. Un type d’employé indispensable pour de nombreux petits établissements, notamment dans les heures creuses. Jusqu'au début des années 2000 et le boom du poker, des joueurs se rapprochant des props players sévissaient d'ailleurs dans les casinos français et les cercles parisiens, leur job étant de monter eux-mêmes des parties.
C'est un peu moins compliqué pour Rhodes, qui explique à The Gazette que le casino lui donne chaque jour une somme d’argent à jouer par heure (jusqu’à 15 $ de l’heure au Colorado), qui constitue son salaire. Mais le prop player doit utiliser son propre argent pour les paris annexes avec les autres joueurs, les pourboires et les frais horaire de rake, les pertes dans le jeu étant à sa charge. Le job ne garantit donc pas de salaire fixe.
Un métier à ne pas confondre avec les « shills », qui jouent l’argent du casino mais doivent donner leurs gains à l’établissement. Peu d’Etats autorisent toujours les shills, les casinos préférant ne pas avoir d’intérêts directs dans les parties, comme l'explique l’ex-prop player Shirley Rosario.
Un métier strictement encadré
La pratique de prop player est très réglementée dans le Colorado. Si les joueurs de la table le demandent, les casinos doivent identifier les prop players et les établissements sont contraints de signaler la présence de prop players aux tables. Ces derniers ne peuvent pas jouer les tournois du casino, leur but étant surtout de générer un maximum de rake en attirant les autres joueurs sur les tables de cash-game. « Sans prop players, les gens entrent, jettent un coup d'oeil aux tables et sortent par la porte s'il n'y a personne. Grâce à nous, il ne faut qu’un ou deux joueurs pour démarrer une partie, au lieu de cinq ou six », détaille une autre prop player.
Un aspect social
Les prop players ne sont généralement pas meilleurs que leurs adversaires, même s’ils jouent tout le temps. Ils doivent être patients et disciplinés (« Vous devez être en mesure de gagner de façon constante », selon Rhodes), mais aussi sociabiliser avec les autres joueurs. Les props doivent quitter la table lorsque le casino estime qu’il y a assez de clients réguliers : « Quand les joueurs les plus faibles perdent leur argent et s'en vont, nous allons nous rasseoir, » déplore Rhodes.
De plus, rester assis à une table de poker toute la journée n’est pas donné à tout le monde, et de nombreux prop players ne tiennent pas plus de trois semaines à cause de la pression : « Vous en arrivez à un point où vous ne voulez pas jouer à moins d’obtenir un salaire, parce que vous n'avez rien pour amortir les pertes, » conclut le prop player Richard Warren.
Et vous, seriez-vous prêt à embrasser une carrière de prop player ?
Vous pouvez aussi consulter cet article où Shirley Rosario décrit son métier de prop player.
Photo : pokersite.org