SANTE : Le journaliste Lee Jones avertit sur les risques de suicide dans l'industrie


SANTE : Le journaliste Lee Jones avertit sur les risques de suicide dans l'industrie

Il est parfois des sujets qu'il faut aborder avec recul et intelligence, humanité et réflexion. C'est ce que vient de faire le journaliste Lee Jones en évoquant le sujet du suicide dans le poker.

Dans son dernier article paru il y a quelques heures sur la plateforme poker.org, le journaliste Lee Jones évoque le sujet trop souvent évité du mal de vivre dans l'industrie du poker et des conséquences désastreuses que cela peut avoir. Retour sur un phénomène trop souvent évité, qui conduit parfois certains grinders à mettre fin à leurs jours pour une question de mal être dans un univers où la solitude peut conduire au pire...

 

Une stigmatisation autour de ce phénomène et les familles n'en parlent pas
 

 

Trop peu de gens l'imagine, mais il existe des études internationales sur les conséquences que peut avoir l'addiction au jeu et l'impact sur le quotidien est alors mutiple :

- avoir des problèmes financiers ou se faire saisir des biens.

- avoir des difficultés au travail ou perdre son emploi.

- vivre des conflits avec ses proches ou constater qu’ils se tiennent à distance.

- perdre l’estime de soi, faire une dépression ou avoir des idées suicidaires.

"Différents modèles tentent d’expliquer pourquoi certaines personnes basculent dans le jeu excessif. Parmi ceux-ci, certains mettent en avant le rôle joué par l’apprentissage. Lorsqu’une personne joue et gagne, elle va apprendre que tel comportement (jouer) est suivi de telle conséquence positive (gagner de l’argent). Ce phénomène est appelé renforcement positif. Dans les jeux de hasard et d’argent, on parle de renforcement intermittent, cela signifie que les gains sont occasionnels et non prédictibles.

Les recherches en neurosciences ont confirmé que, confronté à ce type de renforcement, on a tendance à poursuivre le comportement, même si les conséquences positives ne sont qu’occasionnelles. Dans le jeu, cela se traduit par le fait que le joueur va continuer à jouer dans l’espoir de gagner, malgré le fait que les pertes soient plus importantes que les gains ! Il est bien connu que beaucoup de personnes ayant développé un problème de jeu rapportent avoir gagné un gain important au début de leur "carrière" de joueur : tout se passe alors comme si cette expérience restait ancrée dans leur mémoire, nourrissant la croyance qu’ils pourraient reproduire un tel gain.

D’autres modèles expliquent le jeu excessif par des croyances inadaptées de la part des joueurs concernant le jeu et en particulier concernant la possibilité d’influencer positivement l’issue du jeu. Ces croyances renforceraient l’espoir de gagner, et donc intensifieraient le comportement de jeu. Or dans les jeux de hasard et d’argent, il est important de se rappeler de deux principes fondamentaux.

Premièrement, l’espérance de gain négative : cela signifie que statistiquement, le joueur est immanquablement perdant à long terme dès lors qu’il va rejouer les sommes gagnées ; à l’inverse, l’industrie du jeu, qui organise la structure statistique des gains de manière à toucher une commission, sera toujours gagnante à long terme.

Deuxièmement, le principe d’indépendance des tours : cela signifie que dans les jeux de hasard et d’argent, il n’y a pas de lien entre les différentes parties, chaque partie jouée est indépendante et il est impossible de prévoir l’issue des mises en fonction de la connaissance des mises précédentes. Les croyances inadaptées des joueurs vont à l’encontre de ces deux principes fondamentaux. Par exemple, le joueur va penser que plus il joue, plus il a de chance de gagner, ou encore que si un gain a déjà eu lieu, il y a plus ou moins de probabilité d’obtenir un second gain.

D’autres modèles tendent à montrer que le jeu excessif a également une base biologique. Il semblerait notamment qu’il existe une base biologique commune aux problèmes de dépendance, y inclus le jeu excessif, liée à ce que l’on appelle le circuit de la récompense. Cela correspond au circuit de la dopamine, qui est un neurotransmetteur en jeu dans les mécanismes de récompense et de renforcement. Selon ces modèles, les personnes présentant un problème de jeu présenteraient une dérégulation de ce circuit dopaminergique, provoquant une sensation de tension. Le jeu serait alors utilisé comme un moyen de réguler le niveau de dopamine, diminuant ainsi momentanément la tension. La tendance actuelle est de considérer que les causes du jeu excessif sont multiples et renvoient à des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux."

Comme l'explique très bien Lee Jones dans son article sur poker.org :

"Notre jeu, aussi formidable soit-il, peut conduire à avoir une existence isolée et stressante, en particulier si vous le pratiquez à titre professionnel. Si vous jouez en ligne, vous pouvez rester assis dans votre chambre pendant des jours, voire des semaines, sans sortir. Les services de livraison amènent le monde à vous, et l'internet amène votre « travail » à vous. C'est une formule pour de vrais problèmes si vous êtes sujet à la dépression ou à d'autres problèmes de santé mentale."

Une addiction aux jeux d’argent doit être prise en charge au même titre qu’une dépendance à un produit psychoactive et doit conduire à se faire accompagner par des professionels ou par des associations d'anciens joueurs. Vous pouvez de nos jours être accompagné par des associations comme Joueurs Info Service ou encore Addict'Aide qui pourront vous soutenir dans ces moments difficiles pour faire que demain ne soit pas le dernier instant de votre vie pour un simple jeu, Lee Jones a raison, parfois il est trop tard...

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