MAGAZINE : LivePoker n°131 - Février 2019

Edito

MON SCOTT CE HEROS

 Qui est l’homme du mois de janvier ? Chino Rheem pour sa victoire dans le PCA 2019 ? Sony Franco et son bracelet du WSOP de Marrakech ? Ben Pollak, vainqueur de notre classement annuel ? Ou cet Armando13700 qui a gagné 800k en trois minutes sur un tournoi online ? Non, l’homme du mois est un joueur de poker amateur, Scott Wellenbach qui a réussi à décrocher une magnifique 3^e place au PCA juste derrière deux joueurs pros. C’est un peu court pour en faire l’homme de janvier ? Peut-être, sauf que le Canadien qui a gagné plus de 600.000 dollars de gains a décidé de reverser l’intégralité de cette somme à des œuvres caritatives. Et ce n’était même pas la première fois puisqu’il avait déjà donné la totalité des 90.000 $ glanés à Barcelone en 2017 à des associations.  Scott Wellenbach est un ovni dans le monde du poker. Sa générosité, son détachement, son amour du jeu et juste du jeu en fait un personnage à part dans cet univers ultra-compétitif. Digne héritier de Barry Greenstein, surnommé « le Robin des bois du Poker » et qui lui aussi versait ses gains à des associations, Wellenbach à la différence de son ainé n’a pas de contrat avec une pokeroom, n’est pas joueur professionnel et gagne de l’argent uniquement pour ses activités de traduction.  Un vrai héros des cartes ou son talent n’a d’égal que sa générosité.

Mais le Canadien pose aussi la question de la philanthropie dans le poker. Car si lui, Greenstein et quelques d’autres ont montré que le monde du poker pouvait se montrer généreux comme peut l’être celui des affaires avec les nombreux investissements de Bill Gates ou Mark Zuckerberg dans l’humanitaire, ces initiatives restent rarissimes. Les tournois pour de nobles causes comme le Big One for One Drop de Guy Laliberté sont rares et pas forcement suivis.  Le poker est en retard dans ce domaine et le dévouement de Scott Wellenbach doit ranimer les consciences et réveiller cette belle endormie qui ne peut pas rester les bras croisés dans ce monde ou l’argent manque partout. Dans le football, le joueur espagnol Juan Mata a lancé une fondation qui demande à ses généreux donateurs de reverser 1% de leur salaire pour une bonne cause. Peu relayée à ses débuts, la fondation a récolté 700.00€ grâce à cinquante joueurs après sa première année d’existence. Cinquante joueurs de football ont donné autant qu’un simple traducteur canadien, joueur de poker amateur mais grand philanthrope. 

Voilà, le chemin a adopté, voici la route qu’a emprunté Scott Wellenbach, l’homme qu’on aimerait tous être.

Georges Djen