MAGAZINE : LIVEPOKER n°132 - Mars 2019

Edito

Tricher n’est pas jouer

Le mois dernier, l’édito signé par Georges Djen s’enthousiasmait à juste titre pour la générosité absolue de Scott Wellenbach, généreux donateur de 600.000 $ gagnés en tournoi ; quel grand écart avec le sujet qui nous préoccupe ce mois-ci, en l’occurrence la tentative de triche éhontée lors de la finale du Red Cactus ! La tricherie et l’absence de morale sont vieilles comme le poker et de manière plus vaste comme toutes les activités où argent, pouvoir et gloire sont en jeu. Ces tristes agissements, déjà condamnables en temps normal, le sont encore plus lorsqu’ils se déroulent comme ici dans un freeroll, une compétition totalement gratuite. Certes, l’enjeu n’était pas négligeable puisque les rescapés en table finale se disputaient des packages de différentes prix, notamment le premier d’une valeur de 14.000 € pour disputer le plus beau tournoi de la planète en juillet à Vegas. Une perspective ayant fait dérailler quelques instants Antonio Santo qui a cru pouvoir subtiliser une poignée de jetons dans le pot pour préserver son tapis. Heureusement une caméra a immortalisé l’instant et sauvé l’équité, vouant le tricheur indélicat à l’opprobre et le privant du package qu’il avait déjà remporté à cet instant, quel qu’il fut.

Car c’est un fait avéré, les tricheurs ne profitent jamais très longtemps de leurs jetons bien mal acquis, un constat qui n’a rien à voir avec la morale mais avec la réalité ! Dans le poker, ceux qui prennent ce risque finissent systématiquement par être découverts, s’exposant ainsi à des conséquences jamais anodines, nombreux furent ainsi les joueurs prometteurs contraints d’interrompre leur carrière, de s’exiler ou même de disparaître dans de lointaines  contrées pour se faire oublier… Heureusement la triche est beaucoup plus rare dans les faits que ce peuvent laisser croire les films de série B, en premier lieu car prendre ce risque devant huit ou neuf autres joueurs généralement vigilants, plus d’éventuels observateurs, croupiers, journalistes, floors, policiers, etc. (rayer les mentions inutiles) est suicidaire, mais surtout car la grande majorité des joueurs de poker adorent trop ce jeu pour le dénaturer de manière aussi abjecte. Quand on aime le poker et plus généralement le jeu, l’idée même de tricher est insupportable, car tricher n’est en aucun cas jouer.

David Poulenard