MAGAZINE : LivePoker n°78 - Mai 2014

Edito

La vraie cote des pros

Dans moins de 60 jours, le Big One for One Drop reprendra ses droits sur Las Vegas et sur les World Series. Et deux ans après la victoire éclatante d’Antonio Esfandiari, on se demande qui pourra bien lui succéder cet été. Ce que l’on sait avec certitude, c’est qu’il aura dû réunir un million de dollars ne serait-ce que pour s’assoir autour des tables de ce tournoi le plus cher du monde et qu’après sa victoire, il intégrera directement le top 10 mondial des plus gros gagnants en tournoi.

Pour le reste, on ne peut que spéculer. S’agira-t-il d’une star de la trempe de Phil Ivey ? D’un grinder plus discret, façon Vivek Rajkumar ou Philipp Gruissem ? Ou bien d’un milliardaire à la bankroll sans fond, comme le patron de edge fund, David Einhorn ? Ce sera soit un milliardaire, pour ne pas dire un “balla”, soit un pro, forcément un peu fou. Les “sans peur” d’un côté, les “zéro défaut” de l’autre.

Les premiers ont pour eux un détachement hors du commun vis-à-vis de l’argent et une absence totale de pression. Les seconds compteront sur leur grosse expérience et une technique qu’on espère à toute épreuve. Compte tenu des sommes en jeu, personne ne peut dire de quel côté penchera la balance.

Pour les pros la pression sera folle. Aucun d’entre eux ne peut raisonnablement aligner seul le million requis pour participer au plus grand donkament de l’histoire. Ils devront tous, sans exception, recourir au “staking”, au “swapping” et vendre des parts de leur tournoi. En coulisse c’est d’ailleurs une véritable salle de marché qui s’organise.

Tous veulent en être et tous n’y seront pas. Il faudra être attentif au moment de la publication de la liste finale des participants : baleines mises à part, elle nous donnera une bonne idée de la véritable valeur de nos idoles et comme à Wall Street, seuls les mieux côtés auront la chance d’en être. Au poker comme en affaires, le prix du cœur n’est pas toujours celui du marché.

Benoist Fechner