LEGISLATION : Le poker associatif réclame justice face à une menace grandissante
Une pétition citoyenne secoue le monde du poker en France, appelant les députés à sauver un modèle associatif en péril.
Face à un flou juridique persistant et à une pression réglementaire croissante, le poker associatif se mobilise. Une pétition officielle vient d’être déposée sur le site de l’Assemblée nationale pour demander la pérennisation et la reconnaissance légale de cette pratique ancrée dans le tissu social français.
Un modèle social, culturel et sportif menacé
Le poker associatif, souvent joué dans des clubs déclarés, à des fins non lucratives et sans enjeu financier direct, est aujourd’hui en danger. Depuis plusieurs mois, des dizaines de clubs font face à des fermetures administratives, à des procédures judiciaires ou à des intimidations réglementaires, sous prétexte de lutte contre les jeux d'argent illégaux. Pourtant, ces clubs ne sont ni des casinos, ni des sites de paris clandestins : ce sont des lieux de vie, de compétition encadrée et de passion.
La pétition, portée par plusieurs figures du poker français, dont des présidents de clubs, des joueurs professionnels, mais aussi des élus locaux sensibilisés au sujet, demande une clarification législative urgente. L’objectif ? Créer un cadre juridique stable et sécurisé, permettant aux associations de proposer des parties de poker dans un esprit sportif, sans être assimilées à des opérateurs de jeux d’argent.
Derrière cette mobilisation, c’est tout un pan du poker amateur qui tente de sauver sa peau. On parle ici de plus de 100 000 joueurs à travers la France, réunis dans plusieurs centaines de clubs, souvent partenaires d’événements caritatifs, d’initiatives locales ou de championnats structurés. Le poker associatif a largement participé à démocratiser le jeu en France, loin de l’image du casino enfumé ou du jeu d’argent incontrôlé.
Les initiateurs de la pétition dénoncent une législation floue, voire inadaptée. Aujourd’hui, aucune loi ne définit clairement ce qu’est un tournoi de poker associatif. Résultat : les clubs sont à la merci d’interprétations variables selon les préfectures, les juridictions ou même les forces de l’ordre locales. Une situation ubuesque pour un secteur qui a pourtant toujours cherché à respecter la loi.
La pétition, accessible depuis le site officiel de l’Assemblée nationale, a déjà récolté plusieurs milliers de signatures en quelques jours. Elle nécessite au moins 100 000 soutiens pour être examinée par la Conférence des Présidents de l’Assemblée, et potentiellement débattue dans l’hémicycle. Un vrai combat démocratique.
Cette initiative marque un tournant. Le poker associatif ne demande pas de privilèges, mais une reconnaissance et une protection, au même titre que n’importe quelle activité sportive ou culturelle pratiquée dans un cadre bénévole et réglementé.
Alors que la France se targue de soutenir l’engagement associatif, de favoriser le vivre-ensemble et la culture populaire, il serait temps d’aligner les actes sur les discours. Car au-delà des cartes, c’est un modèle de société, de partage et de passion qui risque de disparaître dans l’indifférence.
Texte de la pétition officielle (https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-2784)
"Les clubs de poker associatifs jouent un rôle essentiel dans la promotion du poker en tant que sport de l’esprit, porteur de valeurs sociales fortes, d’inclusion et d’égalité entre les femmes et les hommes. Contrairement aux jeux d’argent et de hasard, ces clubs offrent un cadre encadré, responsable et non lucratif, permettant de lutter contre l’addiction et le jeu clandestin, tout en favorisant le lien social, la convivialité et l’accessibilité pour tous.
Pourtant, ces structures sont aujourd’hui fragilisées par un cadre législatif inadapté. L’article L.320-1 du Code de la sécurité intérieure assimile encore le poker associatif aux jeux d’argent et de hasard, limitant sévèrement leurs modes de financement et compromettant leur pérennité. Cela alors même que ces clubs fonctionnent sur un modèle similaire à celui des associations sportives ou de loisirs, avec un encadrement strict, une gestion bénévole, et aucune finalité lucrative.
Une évolution récente vient d’ailleurs conforter leur légitimité : l’International Mind Sports Association (IMSA) a officiellement reconnu le poker comme un sport de l’esprit, au même titre que les échecs ou le jeu de dames. Cette reconnaissance souligne l’engagement des clubs à structurer cette pratique de manière éthique, responsable et transparente.
En lien avec le Service Central des Courses et Jeux (SCCJ), des structures représentatives telles que la Fédération Française de Poker Associatif (FFPA) ou la Ligue Française de Poker ont mis en place une charte de bonnes pratiques, garantissant un fonctionnement conforme à la loi, rigoureux, et protecteur pour les joueurs.
Malgré cela, une récente décision judiciaire a mis en lumière l’incertitude juridique persistante entourant le statut du poker associatif, menaçant directement l’existence de nombreux clubs à travers le territoire.
C’est pourquoi nous demandons une évolution législative claire, adaptée et protectrice, permettant aux clubs de poker associatifs de poursuivre sereinement leurs activités, dans un cadre réglementé, responsable et reconnu.
En signant cette pétition, vous soutenez un poker associatif éthique, inclusif et structuré, et contribuez à garantir l’avenir d’une pratique respectueuse des valeurs du sport, du bénévolat et du vivre-ensemble."