Christophe, artiste entier et demi-fish

Derrière les lunettes aux verres teintés de l'auteur "d'Aline" et des "Mots bleus" se cache un passionné de poker, sûr de ses forces. Christophe, l'une des voix les plus reconnaissables de la chanson française, qui a déjà mis ses parties de cartes au service de son art, nous décrit sa relation au poker et nous apprend qu'il gamblait déjà quand Doyle Brunson gagnait ses premiers titres de champion du monde.
 
Comment avez-vous découvert le poker ?
J’ai découvert le poker quand j’avais 13 ans (Christophe a fêté ses 61 ans en octobre dernier, ndlr.). Avec un voisin, on jouait au poker d'as, avec cinq dés. Ensuite, je dirais que notre envie de jouer au poker "classique", à cinq cartes, est arrivée dans les années 1960 à 1965. Je me souviens aussi de ma première partie de Stud Poker : je me trouvais à Nice sur le tournage d'un film avec James Corburn, Robert Burton et Charlotte Rampling (Jackpot, 1975, ndlr.). Entre chaque prise du film, on se faisait une petite partie de Stud avec James, c'était vraiment super !
 
Quels sont aujourd'hui vos standards de jeu ?
Je joue uniquement au Texas Hold'em, je ne connais pas du tout les autres variantes. Entre potes, on organise des parties de cash game, avec des caves de 10€, qui durent de 23 heures à 7 heures du matin. J'ai beaucoup joué avec Alain Bouzigues, Yves Boujenah, Lulu Gainsbourg et pas mal de gens de chez Winamax. Je ne suis pas un touriste du poker alors qu’il y en a beaucoup dans le showbiz !
 
Quelles sont vos qualités au poker ?
J'ai un style plutôt agressif, à la fois réfléchi et instinctif. Ma plus grande force, c'est l'attaque! Je ne suis pas un super joueur mais je connais mes bases. J'ai passé des nuits à regarder des parties de poker à la télé, le jeu m'intéresse beaucoup. Après, les livres de théorie, ce n'est pas trop ma came... Dans la vie, je suis plutôt autodidacte donc je préfère l'être aussi au poker. Ce que j'aime, c'est progresser en jouant.
 
Avez-vous des habitudes particulières à une table de poker ?
Je porte des lunettes dans la vie alors quand je ne change pas mes habitudes quand je joue au poker. Par contre, je n’écoute pas de musique. Ma musique, lorsque je joue au poker, se résume aux bruits autour de moi comme le claquement des jetons par exemple… Cela m’est arrivé de mettre un casque mais c'est comme sur scène : il y a les artistes qui chantent avec des oreillettes et ceux qui utilisent des enceintes de retour. Moi, je fais partie du deuxième groupe, je suis rock'n'roll ! Au poker aussi, j'ai envie d'entendre ce qui se passe en direct.
 
Vous estimez être un "demi-fish". Quelle définition donnez-vous de ce terme ?
Un fish est vraiment un mec qui est là pour se faire "bouffer". Moi, personne ne connaît vraiment mon pedigree... Vous savez, je ne gagne pas d'argent au poker mais j'adore jouer des heads up à 10 ou 20€. Si je commence avec 200€ et que j'arrive à monter à 800€, eh bien, je vais m'arrêter de jouer, pas tellement pour économiser mais surtout pour me dire que je finis sur une victoire et pas comme un fish qui va "exploser" ce qu'il a gagné. Je termine comme un "demi-fish", quelqu'un qui connaît ses limites et qui ne va pas aller jouer avec plus fort que lui.
 
Vous avez participé à des tournois d'envergure comme l'EPT Deauville ou encore le WPT Marrakech. Avez-vous été impressionné par l'ambiance dans ce genre de compétitions ?
Pas du tout. J'ai l'habitude de rencontrer des publics de milliers de personnes et cela constitue un bon bouclier. Je me sentais bien, dans ma bulle, libre, et pas spécialement regardé. C'était pour moi une école de faire Deauville ou Marrakech et j'ai beaucoup appris lors de ces tournois. Et à Deauville, j'ai rencontré Scotty Nguyen, qui est venu me serrer la main. Il était fan de moi ! En fait, je suis hyper connu en Asie alors il était content de me voir, et c'était réciproque car c'est un grand !


Propos recueillis par Maxime Joly